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Un journaliste en Iran : « Ils veulent que nous arrêtions d’écrire »

Last Updated: 15 février 2020By Tags: ,

censure journaliste iranCSDHI – Un journaliste basé à Téhéran déclare : « Ils veulent que nous arrêtions d’écrire. » La branche du renseignement des gardiens de la révolution (les pasdarans) convoque des journalistes, fait des descentes chez eux et confisque leurs appareils électroniques dans le cadre d’une nouvelle campagne pour faire taire les critiques du régime avant la farce des élections législatives qui aura lieu le 21 février en Iran.  

 

La récente vague de répression vise les journalistes et les militants qui possèdent des comptes actifs sur les réseaux sociaux.

Au moins 10 journalistes ont également été pris pour cible par l’Organisation du renseignement des pasdarans au cours des deux dernières semaines, notamment Yasaman Khaleghian, journaliste indépendant chargé des affaires sociales ; Maziar Khosravi, ancien journaliste politique et rédacteur en chef du journal Shargh ; Moloud Hajizadeh, journaliste pour les affaires féminines pour le journal Taadol; Yaghma Fashkhami, ancienne journaliste du site d’information Didban Iran ; Ehsan Bodaghi, journaliste parlementaire pour le journal Iran et sa femme la journaliste Shabnam Nezami, ainsi que la journaliste Mona Mafi.

« Les pasdarans délivrent des assignations et obtiennent des mandats pour perquisitionner les domiciles des journalistes », a déclaré un journaliste à Téhéran qui a demandé l’anonymat à des fins de sécurité.

Voici un extrait du compte rendu détaillé du journaliste sur les événements récents :

« Ils viennent et confisquent des objets tels que des ordinateurs, des téléphones, des livres, des écrits et des cartes de presse appartenant à des journalistes et à leurs proches et ne les rendent pas avant qu’ils ne se présentent pour un interrogatoire afin d’expliquer ce qu’ils ont posté sur les médias sociaux. Cela empêche les journalistes de faire leur travail et permet aux agents de trouver des documents pour porter plainte contre eux. »

Seuls quelques journalistes ont dénoncé publiquement des descentes effectuées à leur domicile par des pasdarans. Les habitants des villes autres que Téhéran ont fait particulièrement attention à ne pas en parler en raison de la pression des agents. D’autres journalistes ont été contraints de réduire à zéro leur présence sur les réseaux sociaux.

Il y a une grave contradiction dans la dernière action de la dictature religieuse. D’une part, tous les responsables iraniens, du guide suprême aux ministres du gouvernement et aux membres du Parlement, s’expriment sur Twitter, même si ce réseau social est interdit et bloqué.

D’autre part, les journalistes qui critiquent les politiques officielles subissent des pressions pour avoir utilisé le même réseau et d’autres médias sociaux. Leurs comptes sont surveillés et tout ce qui déplaît aux autorités est considéré comme une activité délictueuse et utilisé pour porter plainte.

Dans certains cas, des agents ont contacté des rédacteurs en chefs pour faire pression sur leurs journalistes afin qu’ils cessent d’utiliser les médias sociaux pour critiquer le pouvoir, que ce soit à propos des tués et des arrestations lors des manifestations de novembre 2019, de l’avion ukrainien abattu par les pasdarans ou des prochaines élections parlementaires…

Ils veulent que nous arrêtions d’écrire et de critiquer quoi que ce soit sur les médias sociaux, en particulier sur Twitter – tout ce qui contredit le récit officiel. Nous pouvons écrire sur ces choses dans le journal, mais seulement dans un cadre fortement censuré. Mais désormais, les dernières pressions des responsables de la sécurité étendent la censure à nos publications sur les médias sociaux.

Ils ne veulent pas nous mettre en prison, mais ils transforment essentiellement nos maisons, nos journaux et nos vies en prisons. »

Prisons et amendes

Un autre journaliste, convoqué la semaine dernière, a déclaré avoir été averti que critiquer les représentants de l’État pouvait entraîner la prison : « Ils nous ont dit que pendant cette période électorale, toute activité sur les médias sociaux qui s’oppose aux vues du Guide suprême serait considérée comme un jeu de l’ennemi contre la sécurité nationale. »

Des dizaines de militants, dissidents et autres citoyens accusés de critiquer publiquement les politiques ou les autorités ont été condamnés à de longues peines de prison en Iran au titre ces dernières années.

La liberté d’expression et de la presse sont sévèrement restreintes en Iran, des journalistes étant arrêtés et poursuivis chaque année pour avoir fait leur travail.

Le 3 février, le journaliste indépendant spécialisé dans les affaires du travail, Khosrow Sadeghi Boroujeni, a tweeté qu’il avait été condamné à huit ans de prison pour « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale », « propagande contre l’État » et « outrage à l’imam Khomeiny », le fondateur de la dictature religieuse.

Amir Babaï, l’ancien rédacteur en chef de l’hebdomadaire Gharb, a été condamné à une amende de 100 millions de tomans (20 000 €) pour avoir prétendument « offensé » le gouverneur adjoint de la province de Kermanchah, a rapporté le 5 février l’Association des journalistes iraniens de la province de Téhéran.

En outre, Marzieh Amiri, journaliste au quotidien Shargh, devrait se présenter en prison pour purger une peine de cinq ans pour « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale », « propagande contre l’État » et « trouble à l’ordre public », a déclaré à la presse son avocat Amir Raïssian, à Téhéran, le 28 janvier.

La participation au scrutin du 21 février devrait être affectée par les appels au boycott lancés par la Résistance iranienne et les militants de la société civile à la suite de la répression meurtrière des récentes manifestations de grande ampleur dans le pays.

Source : CDHI

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