CSDHI – Le Rapporteur spécial de l’ONU sur les droits humains en Iran a déclaré mardi qu’il avait demandé à l’Iran de libérer temporairement tous les prisonniers politiques de ses prisons surpeuplées et pleines de maladies afin d’aider à endiguer la propagation du coronavirus.
Il y a eu plus de 6 500 cas confirmés de coronavirus en Iran, ce qui en fait le quatrième pays le plus touché après la Chine, la Corée du Sud et l’Italie, selon les données de l’Organisation mondiale de la santé. Il y avait eu 194 décès en Iran au 9 mars. (Reuters)
Javaid Rehman a déclaré à des journalistes à Genève qu’il était « malheureux et inquiétant » de voir des prisonniers politiques emprisonnés au milieu de l’épidémie du coronavirus.
Le chef de la justice iranienne a déclaré lundi que les autorités avaient temporairement libéré environ 70 000 prisonniers pour aider à limiter la propagation du coronavirus, les autorités ayant signalé des centaines de nouvelles infections et des dizaines de décès à travers le pays.
Mais le rapporteur de l’ONU, Javaid Rehman, a déclaré que seuls ceux qui purgeaient des peines de moins de cinq ans avaient été libérés tandis que les prisonniers politiques et d’autres accusés de peines plus lourdes liées à leur participation à des marches de protestation restaient en prison.
« C’est aussi ma préoccupation et c’est pourquoi j’ai recommandé à l’État de la République islamique d’Iran de libérer tous les prisonniers de manière provisoire… », a-t-il déclaré.
Un certain nombre de ressortissants étrangers et doubles sont en danger réel s’ils n’ont pas… contracté le coronavirus, ils sont vraiment affrayés », a déclaré Rehman lors d’une conférence de presse à Genève, interrogée sur le sort des militants des droits humains, tels que Narges Mohammadi. (Reuters)
Un porte-parole a ensuite précisé que Rehman ne faisait référence qu’aux prisonniers politiques et aux prisonniers d’opinion.
Rehman a également décrit le rythme de propagation du virus en Iran comme étant « très inquiétant » et a critiqué les mesures de confinement mises en œuvre par les autorités.
L’IRAN A FAIT « TROP PEU, TROP TARD » (Reuters)
Avant l’annonce de la libération de cette semaine, l’Iran a déclaré qu’il y avait 189 500 prisonniers dans le pays, selon le rapport que Rehman a soumis au Conseil des droits humains en janvier. On pense que parmi ce nombre, des centaines de personnes arrêtées pendant ou après les manifestations anti-gouvernementales en novembre en font partie.
« Je suis très préoccupé par le fait que des centaines, voire des milliers de manifestants détenus en novembre éprouvent actuellement des difficultés dans des établissements surpeuplés », a-t-il déclaré, ajoutant que les prisonniers devraient également être soumis à des tests complets de dépistage du coronavirus.
Dans un rapport de février, Rehman a décrit comment les conditions de surpopulation et d’hygiène provoquaient la propagation de maladies infectieuses telles que la tuberculose et l’hépatite C. Citant les détenus, il a déclaré que les prisonniers devaient même fournir leur propre savon.
« À mon avis, l’État a fait trop peu et trop tard », a-t-il dit, en réponse à une question sur le traitement par l’Iran de l’épidémie.
Invité à donner des précisions, il a cité la décision prise le mois dernier d’organiser des élections parlementaires impliquant des rassemblements de masse dans la ville sainte de Qom malgré l’émergence de cas.
« Dans tout le pays, nous avons entendu, et nous avons des informations, que peu de mesures ont été prises au départ et qu’elles sont encore insuffisantes », a-t-il déclaré.
Source : Iran HRM et Reuters