Post Gazette – Marjan, chanteuse et actrice populaire de l’Iran pré-révolutionnaire qui, après avoir été emprisonnée par les autorités islamiques du pays dans les années 80, a prêté sa voix à la cause de la liberté politique dans son pays natal, est décédée le 6 juin dans un hôpital de Los Angeles. Elle avait 71 ans.
La raison de son décès est due à des complications à la suite d’une opération, a indiqué le Conseil national de la résistance iranienne dans un communiqué.
Marjan, le nom de scène de Shahla Safi Zamir, a joué dans plus de 30 films en farsi dans les années 1960 et 1970 et elle était l’une des actrices et chanteuses les plus connues d’Iran avant le renversement du dirigeant ou shah, soutenu par l’Occident du pays, en 1979. Elle a également réalisé des films à succès, souvent empreints d’un sentiment de nostalgie, qui ont été populaires auprès de la jeunesse iranienne.
Lorsque les nouveaux dirigeants islamiques du pays, ou mollahs, ont pris le pouvoir, la réalisation de films a été temporairement interrompue et les femmes n’ont plus eu le droit de chanter en public. Marjan a rejoint un mouvement d’opposition pour lutter contre les nouvelles restrictions imposées et elle a été arrêtée pour la première fois en 1980 pour avoir chanté une chanson qui s’appelait « Homeland » : « Ma patrie, ma maison, je n’ai pas de place mais ici, je n’ai pas d’avenir sans toi. »
Arrêtée à nouveau en 1982 pour son association avec des dissidents politiques, Marjan a passé deux ans en prison, dont près de neuf mois en isolement. Elle était détenue avec d’autres femmes et elle a ensuite mis en lumière la situation critique des femmes prisonnières et des artistes en Iran.
Maryam Radjavi, présidente élue du CNRI, a déclaré dans un communiqué que Marjan figurait parmi les femmes « qui se sont levées et ont combattu le régime » et « sont de véritables représentantes de la souffrance des femmes iraniennes et de leur désir passionné de libération. »
Marjan a fui l’Iran en 2001 pour Dubaï, aux Émirats arabes unis.
« Là-bas, je suis allée à l’ambassade des États-Unis et je me suis présentée », a-t-elle déclaré dans une interview accordée à Al Arabiya TV en 2015. « Ils ont découvert que j’étais une actrice et chanteuse célèbre, et ils ont accepté de me donner asile. »
Elle et son mari se sont ensuite installés à Los Angeles.
La voix de Marjan n’a plus été entendue en public jusqu’en 2005, lorsqu’elle a chanté au DAR Constitution Hall de Washington avant un rassemblement d’Iraniens en exil. L’une des chansons farsi qu’elle a interprétées cette nuit-là a servi de cri de ralliement à la résistance contre le régime clérical iranien :
« Mes jeunes branches ont été blessées par des haches / Mais que ferez-vous des racines ? / Que ferez-vous ? »
Dans un autre couplet, elle a chanté que les oiseaux ont peut-être été interdits de vol, « mais que ferez-vous des jeunes oiseaux assis dans le nid ? »
Au cours des années suivantes, Marjan a enregistré et apporté son aide à l’écriture de dizaines d’hymnes enthousiastes avec des messages politiques manifestes, dont « Time to Overthrow » (il est temps de renverser le régime), « We Will Build a Nation » (Nous devons bâtir une nation) et « We Must and We Can » (Nous devons et nous en sommes capables).
Elle a rarement présenté des concerts commerciaux, préférant participer aux rassemblements du CNRI et d’autres groupes dissidents. En juin 2018, Marjan s’est produite devant au moins 25 000 personnes à Paris. Une tentative iranienne de poser des bombes lors du rassemblement a été contrecarrée par les autorités françaises, allemandes et belges, selon des responsables français.
Bien qu’officiellement interdite en Iran, la musique de Marjan a fait son chemin entre les mains d’une nouvelle génération qui s’est élevée contre le régime répressif des mollahs.
« Les chansons de Marjan », a déclaré Mme Radjavi, la présidente élue du CNRI, « et son engagement pour la liberté et le peuple iranien, sont une source d’inspiration pour les jeunes iraniens et en particulier pour les jeunes femmes qui ont défié le régime. »
Shahla Safi Zamir est née le 14 juillet 1948 dans une famille aisée de Chiraz, en Iran. Elle a été animatrice radio avant d’apparaître dans son premier film en 1969, « Un monde plein d’espoir », en face de Mohammad Ali Fardin, l’un des acteurs les plus connus d’Iran.
« Marjan est apparue dans de nombreux films dans les années 1970, souvent dans des rôles, quelque peu racés. Elle a donné une performance dramatique plus substantielle dans « Resting Against the Wind » (1978), réalisé par son mari Fereydoun Jourak. C’était son dernier film avant la révolution iranienne.
Son premier mariage, avec l’acteur de radio Mehdi Ali-Mohammadi, s’est soldé par un divorce. Ceux qui lui survivent sont M. Jourak, qui habite Los Angeles ; une fille de son premier mariage ; et plusieurs petits-enfants.
Quand elle réapparut en public lors de son concert de 2005 à Washington, Marjan a semblé faire le lien entre son retour sur scène et le sort de la dissidence iranienne, en chantant :
« Ne pensez pas que j’ai été oubliée / J’ai été gravée dans l’histoire et les souvenirs / Je suis devenue si unie à mon peuple / Que vous penseriez que je suis leur voix / Leur voix / Leur voix. »