PARIS, (AFP) – Un chercheur français retenu contre son gré en Iran, Stéphane Dudoignon, s'estime "condamné à attendre" après avoir été convoqué par les services du renseignement iraniens qui lui ont indiqué, selon lui, ne pas vouloir que le sujet sur lequel il enquêtait "sorte".
"Je suis condamné à attendre. Mais ça commence à faire long", affirme Stéphane Dudoignon dans une interview au quotidien français Le Figaro à paraître vendredi.
Spécialiste de l'islam contemporain en Asie centrale, parfaitement russophone et persanophone, ce chercheur en sociologie des religions au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) suit de près la question sensible de la minorité sunnite dans le sud-est de l'Iran, qui incarnent une forme d'opposition au pouvoir chiite en place.
Il explique qu'après son arrestation le 30 janvier dans la province du Sistan-Balouchistan (sud-est), proche du Pakistan et de l'Afghanistan, alors qu'il photographiait une procession religieuse, il est interrogé par les services du renseignement iraniens.
Selon lui, un agent lui lance: "C'est très intéressant, le sujet sur lequel tu travailles, mais on ne veut pas que ça sorte". Il lui est aussi reproché d'avoir rendu visite aux membres d'une madrassa (école coranique) locale "pas nette", dit-il, et d'être allé à Konarak, "considérée comme une zone militaire interdite".
"Mais le problème c'est qu'il n'y avait aucun signe précisant la sensibilité de cette zone", se défend-il, affirmant que les autorités étaient toujours "au courant" de ses activités.
Le chercheur, marié à une Iranienne, affirme avoir été convoqué dix jours plus tard à Téhéran au bureau des ressortissants étrangers, où on lui dit: "la prochaine fois que tu souhaites revenir en Iran, c'est pour voir ta belle-famille, c'est tout".
La région où a été interpellé M. Dudoignon a été le thétre d'une série d'attentats et de rapts attribués au groupe sunnite Joundallah. Le 14 février, un attentat à la voiture piégée a tué onze membres du corps d'élite des Gardiens de la révolution à Zahédan.
Téhéran accuse les extrémistes de ce groupe d'être liés aux services secrets américains et britanniques.
La France a lancé mercredi officiellement un appel aux autorités iraniennes pour que le chercheur, assigné à résidence, puisse quitter le pays.