CSDHI – Dans les prisons de la grande prison qu’est l’Iran des mollahs, le sort des contestataires et opposants au régime en place et leur état de santé inquiètent de plus en plus les défenseurs des droits humains.
Amnesty International vient de publier un rapport intitulé « La santé prise en otage : refus cruel de soins dans les prisons en Iran »* attirant l’attention sur la situation critique des prisonniers politiques et d’opinion en Iran qui subissent une privation délibérée de soins médicaux dans le but de les briser.
« Les autorités iraniennes et en particulier le ministère public font preuve de cruauté face à des prisonniers malades. Ils jouent avec la vie de ces personnes, ce qui a des conséquences dévastatrices et durables sur leur santé », a déclaré Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
« Les autorités iraniennes doivent immédiatement cesser d’utiliser les privations de soins médicaux comme une forme de châtiment ou un moyen de coercition, et garantir que l’ensemble des personnes en détention puissent avoir accès à des soins de santé adaptés sans discrimination. »
Les recherches d’Amnesty International tracent un sombre paysage du système de santé dans le milieu carcéral en Iran. L’ONG évoque les cas jugés « choquants » de dix-huit détenus, entre autres, souffrant des pathologies souvent très graves, à qui le transfert à l’hôpital et l’accès aux urgences et soins appropriés sont refusés. Ces détenus sont ainsi exposés au danger de perdre leur santé de manière définitive :
– Zeinab Jalalian, opposante kurde en réclusion à perpétuité, a de sérieux troubles de la vue suite aux coups reçus pendant l’interrogatoire. Elle est en danger de devenir définitivement aveugle.
. Omid Kokabee, un physicien de 33 ans, purge actuellement une peine de 10 ans et souffre d’un cancer rénal à un stade avancé. Il n’a pas été opéré à temps.
. Condamné à 25 ans de prison, Afchine Sohrabzadeh, prisonnier politique kurde, est atteint d’un cancer intestinal.
. Le dirigeant bahaï Afif Naïmi, souffrant d’une affection grave de la coagulation du sang, purge également une peine de 10 ans de prison…
Face au refus quasi systématique des permissions pour recevoir des soins externes à la prison, de nombreux détenus politiques malades ne voient pas d’autre moyen que d’entamer une grève de la faim, en dépit de leur santé déjà fragile. La permission de sortie quand elle est accordée dans de rares cas, est de courte durée. Le prisonnier est très souvent contraint de retourner en prison avant la fin de son traitement.
Souffrant d’une maladie osseuse douloureuse, Alireza Rassouli, prisonnier d’opinion, condamné à trois ans et demi d’emprisonnement pour « atteinte à la sécurité nationale » et « propagande contre le régime », doit écoper trois années supplémentaires de détention pour avoir entamé une grève de la faim.
Amnesty International exhorte les autorités iraniennes de cesser immédiatement de priver les prisonniers des soins médicaux nécessaires, conformément à leurs obligations en vertu du droit international. L’ONG demande une enquête sur le ministère public et sur tous les autres représentants du régime, ¬ y compris le personnel médical, ¬ susceptibles d’avoir délibérément refusé des soins à des détenus.
* Health taken hostage: Cruel denial of medical care in Iran’s prisons