CSDHI – Le 23 septembre, le Tribunal pénal fédéral suisse a rendu un arrêt qui a interrompu la clôture de l’enquête sur l’assassinat du Dr Kazem Radjavi. Un assassinat qui a eu lieu en Suisse en 1990. En vertu de la loi sur la prescription des meurtres, l’affaire devait être close l’année dernière après 30 années, à la suite d’une annonce du procureur général du canton suisse de Vaud.
Interruption de la clôture de l’enquête sur l’assassinat du Dr Radjavi
Ce réexamen est intervenu après que des avocats de l’opposition iranienne ont fait valoir devant les tribunaux que la mort de M. Radjavi pouvait être attribuée à un cas de génocide. En effet, son assassinat est survenu deux ans seulement après le massacre de 1988, qui a entraîné les meurtres en masse de 30 000 prisonniers politiques, par le régime iranien.
Le Dr Radjavi se trouvait près de son domicile à Genève en 1990 lorsqu’un commando de 13 personnes organisé par des responsables du régime l’a abattu. À l’époque, il travaillait en tant que représentant du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) en Suisse. Bien que les hommes impliqués dans son assassinat ont été identifiés peu après, ils ont fui en Iran et aucune autorité n’a été en mesure d’exécuter des mandats d’arrêt depuis lors.
L’assassinat du Dr Radjavi commis conformément à une fatwa de Khomenei
L’assassinat de M. Radjavi a été perpétré conformément à la fatwa qui a servi de base au massacre de 1988, dans laquelle le Guide suprême de l’époque, Ruhollah Khomeini, déclarait que tous les membres et sympathisants des Moudjahidin-e Khalq (MEK) étaient coupables d' »inimitié envers Dieu ». Ils devaient donc être exécutés sans délai.
La fatwa émise par Khomeini désignant spécifiquement les membres du MEK et ceux qui s’opposaient à l’interprétation fondamentaliste de l’islam par le régime, les avocats de l’opposition iranienne ont fait valoir que la mort de M. Radjavi pouvait être liée à d’autres assassinats commis à la même époque, ce qui signifie que le régime tentait de détruire le mouvement de résistance iranien.
Lors d’une conférence en août, les participants ont souligné que les poursuites contre les responsables du régime pourraient avoir lieu à la Cour pénale internationale sur le principe de la compétence universelle. Deux experts présents à la conférence, le professeur Eric David de l’Université de Bruxelles et l’avocat britannique des droits de l’homme Geoffrey Robertson, ont tous deux déclaré que les atrocités commises lors du massacre de 1988 répondaient aux critères permettant de les qualifier d’actes de génocide.
Le sentiment d’impunité de Raïssi
La présence d’une délégation européenne lors de l’investiture de Raïssi a renforcé, au niveau international, cette expression d’impunité, à la suite des nombreux appels lancés pour qu’il soit isolé, délégitimé et finalement poursuivi pour génocide.
Les méthodes des gouvernements occidentaux consistant à apaiser le régime au lieu de le tenir pour responsable de ses crimes contre l’humanité n’ont fait que renforcer le sentiment d’impunité dont jouit le régime. Cependant, la décision du tribunal suisse d’arrêter la clôture de l’enquête sur le meurtre du Dr. Radjavi semble être un pas dans la bonne direction pour enfin dévoiler l’impunité du régime.
Maryam Radjavi, présidente élue du CNRI, a décrit les décisions de la Cour comme un « tournant historique » et une « étape nécessaire pour contrer le terrorisme débridé du régime clérical ».
Elle a averti la communauté internationale que les récents événements impliquant le régime montrent qu’il n’a pas changé sa façon d’agir au cours des 30 dernières années, depuis les atrocités qu’il a causées à la fin des années 80 et au début des années 90. En référence au complot à la bombe de 2018 contre un rassemblement du CNRI à Paris, et à la répression brutale du soulèvement de 2019 en Iran, elle a déclaré : « Le terrorisme et la répression sont inhérents et indispensables à la tyrannie religieuse au pouvoir. »
Ces incidents définissent clairement l’administration présidentielle actuelle du régime et l’héritage du massacre de 1988, mais ils représentent des menaces persistantes tant pour le peuple iranien que pour la sécurité mondiale.
Source : Iran Focus (site anglais)