Presse Canadienne
Téhéran
L'Iran a rejeté mardi la demande canadienne d'enquête d'experts légistes internationaux sur le décès de la photo-journaliste montréalaise d'origine iranienne, Zahra Kazemi.
Un porte-parole de la justice iranienne a fait savoir que la demande canadienne n'était «pas conforme aux lois iraniennes et aux règles internationales». La justice de ce pays a la compétence voulue pour mener une éventuelle investigation, puisque Zahra Kazemi était citoyenne iranienne, a ajouté Jamal Karimirad. «En vertu des lois iraniennes, le fait qu'elle détenait aussi la citoyenneté canadienne ne niait pas sa citoyenneté iranienne.»
Un porte-parole du ministre canadien des Affaires étrangères, Pierre Pettigrew, a critiqué la décision iranienne, mais a ajouté qu'elle n'était pas surprenante.
«Elle est conforme à leurs tentatives d'étouffer l'affaire et leurs mensonges», a déclaré Sébastien Théberge.
Stephan Hachemi, le fils de Mme Kazemi, n'était pas surpris lui non plus.
«Ils (les autorités iraniennes) ne sont pas prêts à dire la vérité et à assumer leurs responsabilités pour ce meurtre», a-t-il déclaré depuis Montréal.
Mme Kazemi est morte pendant sa détention en Iran, en juillet 2003, après avoir été arrêtée alors qu'elle prenait des photographies près d'une prison de Téhéran où se déroulait une manifestation.
Les autorités iraniennes ont affirmé que la photojournaliste est décédée d'un accident vasculaire cérébral après avoir fait une chute, mais une commission mandatée par le président iranien a conclu que Mme Kazemi est morte d'une fracture du crâne et d'une hémorragie au cerveau, causées par l'impact d'un objet dur. Des réformistes iraniens ont affirmé qu'elle avait été battue et torturée à mort.
La semaine dernière, le gouvernement du Canada s'est retiré d'une conférence sur les relations commerciales avec l'Iran, alors que se font croissantes les demandes afin que justice soit faite dans le cadre de l'affaire Kazemi.
Un médecin affirmant avoir examiné la femme de 54 ans, à son arrivée à l'hôpital, à Téhéran, en 2003, a tout récemment indiqué avoir constaté les marques laissées par de terribles blessures et de la torture. Ce médecin, Shahram Azam, vient d'obtenir le statut de réfugié au Canada.
Ce sont les révélations du médecin qui ont incité le ministre Pettigrew à réclamer une enquête internationale.
Mardi, M. Karimirad a nié que le Dr Azam ait examiné Mme Kazemi, qualifiant les propos du médecin d'inutiles et de faux et laissant entendre que le médecin les avait tenus afin d'obtenir l'asile politique au Canada.
M. Karimirad a déclaré que l'affaire Kazemi n'avait pas été classée, et que les avocats de la famille — dirigés par le prix Nobel de la paix Shirin Ebadi — avaient été invités à entendre des explications sur le sujet en mai. Il n'a pas fourni davantage de détails.