CSDHI – La chaine Al-Arabiyeh a présenté la première semaine de juin trois volets de souvenirs de membres des Moudjahidines du peuple d’Iran sur les crimes commis par le régime des mollahs. Elle présente ici le récit de Behzad Naziri qui raconte comment sa sœur Guiti a été exécutée et sa propre évasion de prison.
Behzad a conservé quelques rares photos de sa sœur Guiti fusillée à 24 ans, quarante jours avant sa propre arrestation. Malgré les trente années qui ont passé depuis sa fuite de l’Iran, il n’a pas oublié la dureté de la prison et la tristesse le submerge quand il regarde les images de sa sœur. Une cellule, une prison, des souvenirs et l’histoire de la révolution en Iran qui est avant tout l’histoire de Behzad et de Guiti.
Khomeiny a commencé à s’emparer des libertés acquises pendant la révolution, explique Behzad. Les femmes avaient massivement participé à l’insurrection. Ma sœur et moi étions à l’époque sympathisants des Moudjahidine du peuple, l’OMPI. Quand la guerre Iran-Irak a éclaté, ma sœur qui était une journaliste très active est allée jusqu’en première ligne pour tourner des reportages. Elle montait à Téhéran des expositions de photos de la population touchée par la guerre. Elle menait diverses activités culturelles. Elle aimait la musique. Elle écrivait des poèmes. En février 1982, elle a été incarcérée dans la sinistre prison d’Evine. A l’époque j’étais encore journaliste. Pendant que ma sœur était en prison, moi j’accompagnais les journalistes de l’AFP dans tous leurs déplacements. Ma sœur a été exécutée en mai 1982. Elle avait à peine 24 ans. Quarante jours plus tard, j’ai moi aussi été arrêté, le 25 juin 1982. Ma mère était sous le choc de sa mort.
Et moi j’étais recherché. Les pasdarans m’ont attrapé et mon emmené à la prison d’Evine là où cinq mois plus tôt j’avais accompagné en tant que journaliste une équipe de télévision. Je savais à l’époque que ma sœur y était avec des milliers de prisonniers.
J’y ai découvert une des tortures que je n’avais vu que dans les livres. Il y avait un supplicié qui s’appelait Chamsodine Moghadassi. On m’avait bandé les yeux. je n’ai pu que demander comment il s’appelait. Il m’a dit qu’on lui avait rempli l’estomac d’eau jusqu’à ce qu’il enfle et qu’ensuite les tortionnaires lui étaient monté sur le ventre avec leur bottes pour lui faire rejeter l’eau tout en l’étouffant.
Moi je me suis échappé de prison au bout de trois ans. J’ai sais l’occasion d’un transfert pour un problème grave de santé où ils étaient obligé de me conduire hors de la prison. C’est là que je me suis évadé. Après quoi ils ont pris mon père en otage. Grâce au réseau de la résistance et l’aide de l’OMPI j’ai pu sortir du pays rapidement, par la frontière avec le Pakistan.