CSDHI – De faux espoirs. Selon Amiri, son mari et elle ontobéi aux ordres des autorités après qu’elles leur aient dit à maintes reprises que leur fils serait finalement libéré. « En 2009, nous n’avons eu aucune information sur le sort de Shahram ou ce qui lui était arrivé. Pendant six mois, le ministère des renseignements nous a dit de garder le silence et de ne pas révéler le fait que notre fils avait disparu. Nous sommes restés patients ».
« Puis, au bout de six mois, ils nous ont appelé au téléphone et ils nous ont dit de prendre un minibus de Kermanshah pour Téhéran et de protester devant l’ambassade d’Arabie Saoudite pour l’enlèvement de notre fils. Nous avons pris la famille et les enfants et nous sommes allés à l’ambassade d’Arabie Saoudite. Les journalistes sont venus et nous avons crié des slogans contre les Saoudiens et nous avons exigé leur retour notre fils enlevé. Après que cela était terminé, ils nous ont dit d’aller au ministère des affaires étrangères et de déposer une plainte selon laquelle l’Arabie saoudite avait enlevé notre fils. Le chef du Hadj iranien et l’Organisation du pèlerinage sont venus et nous a dit que Shahram avait disparu au printemps 2009 durant le Hadj [pèlerinage musulman en Arabie Saoudite] ».
« Après cela, tout ce que nous avons entendu et tout ce que nous disions, nous était dicté. Mon fils ne m’a pas contacté pour dire où il était. Il n’a pas dit quand il reviendrait et … quand il était sur le point de revenir en Iran depuis les Etats Unis en juillet 2010, on nous a dit d’aller à l’aéroport pour l’accueillir. Nous sommes arrivés à l’aéroport et nous l’avons vu pendant quelques heures, puis nous sommes retournés à Kermanshah et nous ne l’avons plus vu pendant six mois. Shahram avait été arrêté une semaine après son retour et nous n’étions pas au courant. Son père est allé ici et là pour le trouver et on lui a dit que Shahram avait été arrêté ».
« Après de nombreuses visites au ministère des renseignements, nous avons finalement été autorisés à le voir. Nous avons demandé à la personne qui nous a emmené voir Shahram ce que notre fils avait fait de mal. Il a dit qu’il n’avait rien fait de mal. Il était seulement un invité et il serait libéré quelques jours plus tard. Ils ont continué à dire quelques jours, quelques jours, jusqu’à ce que cela devienne six ans ».
Amiri a décrit son fils comme un chercheur environnemental pour le ministère iranien de la défense et elle a rejeté l’affirmation du porte-parole du pouvoir judiciaire selon laquelle son fils a fourni des secrets d’Etat aux Etats Unis : « Quels secrets ? Les Américains devraient révéler ce que mon fils leur a révélé. Mon fils lui-même a dit que les États-Unis devraient dire la vérité sur ce qu’il a fait. Révélez tout. Quels secrets d’Etat mon fils pourrait-il avoir ? Il était un chercheur en environnement pour le ministère de la défense. Ils ont tué un homme innocent. Je veux que l’Organisation des Nations Unies arrête ces gens qui prennent nos jeunes comme ça … C’est le travail d’un groupe d’intransigeants impies. Ils ne reçoivent d’ordres de personne. Si vous parlez, ils monteront un coup contre vous et feront ce qu’ils veulent de vous ».
« Je ne suis pas fâchée avec mon pays. Je ne suis même pas fâchée avec mon Guide Suprême. Mais ces intransigeants, ils n’écoutent personne ».
Amiri a également dit à la campagne que son mari, Asgar Amiri, qui avait été arrêté en novembre 2015 pour avoir parlé à des journalistes étrangers au sujet de l’emprisonnement de Shahram et a plus tard été libéré sous caution, avait à un moment envisagé de prendre des mesures extrêmes pour le bien-être de leur fils .
« Mon mari est allé en face de la résidence du Guide Suprême pour se mettre le feu parce que nous n’avions pas été autorisés à rendre visite à notre fils pendant un an. Il avait donné des interviews à la BBC et à Voice of America. Ils l’ont arrêté. Sa vie est en danger. Mais il n’est pas plus important pour moi que mon fils. J’ai dit aux autorités que s’ils tuent mon fils ou lui font du mal, je ne continuerai pas à garder le silence. J’avais gardé le silence seulement pour le bien de mon fils ».
Shahram Amiri a été décrit par la presse iranienne comme un scientifique nucléaire et chercheur à l’université de Malek Ashtar, affilié au ministère de la défense de l’Iran. Après sa disparition, lors d’un pèlerinage, Amiri a dit qu’il avait été enlevé à Médine en Arabie Saoudite en juin 2009, les autorités iraniennes ont accusé les américains de l’avoir enlevé. En octobre 2009, Manouchehr Mottaki, le ministre des Affaires étrangères de l’Iran à l’époque, a affirmé qu’il y avait des preuves selon lesquelles les États-Unis étaient impliqués dans la disparition d’Amiri.
Le 31 mars 2010, les médias américains ont rapporté qu’Amiri avait déserté et coopéré avec l’Agence Centrale des Renseignements (la CIA). Deux mois plus tard, la télévision d’Etat iranienne a diffusé une vidéo d’Amiri affirmant qu’il avait été « enlevé à Médine dans une opération conjointe de la CIA et des unités anti-terroristes des renseignements saoudiens et qu’il avait été détenu aux États-Unis pendant huit mois dans les pires conditions de torture et de pressions psychologiques de la part de la CIA ». Dans la vidéo, il a affirmé que lors de sa procédure d’asile des États-Unis, il avait subi des pressions pour donner son ordinateur portable détenant des informations secrètes aux autorités américaines.
Au cours des mois suivants, d’autres vidéos sont apparues sur YouTube où Amiri semblait contredire ses déclarations, affirmant qu’il vivait librement aux États-Unis et étudiait à l’Université d’Arizona. Dans la dernière vidéo, il a affirmé qu’il avait échappé à ses ravisseurs.
En juillet 2010, alors secrétaire d’État, Hillary Clinton, a déclaré aux journalistes qu’Amiri se trouvait aux États-Unis « de son plein gré » et pouvait retourner en Iran à tout moment. Deux jours plus tard, le 14 juillet 2010, Amiri est reparti à Téhéran, où il a été accueilli comme un héros national. Mais peu après, des rapports ont émergé qu’il avait été arrêté et condamné à 10 ans de prison. Le pouvoir judiciaire n’a jusqu’à présent pas révélé de détails sur les accusations portées contre Amiri ou sur son procès.
La France a condamné l’exécution de Shahram Amiri.
Source : Campagne internationale pour les droits de l’homme en Iran