CSDHI – Maryam Akbari Monfared, prisonnière politique inarcérée à la sinistre prison d’Evine de la capitale iranienne, a écrit une lettre au Procureur général de Téhéran pour porter plainte contre l’exécution arbitraire de son frère et de sa sœur lors du massacre des prisonniers politiques en Iran en 1988.
Dans un acte d’un rare courage depuis la prison, Mme Akbari Monfared a écrit le 18 octobre 2016 : « Mon frère Abdolreza et ma soeur Roqieh ont été exécutés à une date inconnue pendant l’été 1988. Ils avaient tous les deux été jugés par un tribunal de la révolution et condamnés à des peines de prison. Ils ont été privés de leur droit d’avoir un avocat pour les représenter. Abdolreza avait été arrêté alors qu’il n’avait que 17 ans pour avoir vendu le journal Modjahed (affiliée à l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran – OMPI). Il avait été condamné à trois ans d’emprisonnement en 1980, mais les autorités avaient refusé de le libérer à la fin de sa peine jusqu’à son exécution en 1988.
« Lors d’une commemoration pour mon autre frère, Alireza, exécuté le 19 septembre 1981, les forces de sécurité ont attaqué et arrêté ma mère et sa sœur Roqieh. Ma sœur qui avait une petite fille a été condamnée à huit ans de prison. Au cours de l’été 1988, elle a été exécutée alors qu’elle devait encore purger encore un an de prison. »
Mme Akbari Monfared a ajouté : « La majorité des juristes estiment que si une personne innocente est exécutée à cause de l’ignorance ou d’une action fautive du juge, une enquête doit être menée pour déterminer si l’exécution de l’innocent était intentionnelle. »
Se référant à une déclaration de la deuxième branche de la Cour suprême de discipline des juges, le 10 août 1985, relative aux peines de mort contraires à la charia et à la loi, Mme Akbari Monfared a souligné le fait qu’un proche de la victime a le droit de demander une enquête et des poursuites en justice.
« Un principe qui est reconnu par le pouvoir judiciaire iranien détermine que personne ne peut être à nouveau poursuivi pour une accusation pour laquelle une peine a déjà été prononcée lors d’une procédure », a-t-elle dit.
Sa lettre mentionnait également que son frère et sa sœur et tous les autres partisans de l’OMPI auraient dû être considérés comme des prisonniers de guerre au moment où l’OMPI était en état de guerre contre la République islamique; par conséquent, le meurtre d’un prisonnier de guerre serait contraire à la charia et à la Convention de Genève sur les prisonniers de guerre reconnue par la Constitution de la République islamique.
Elle a conclu : « D’après le raisonnement ci-dessus et d’autres éléments de preuve disponibles, en particulier les échanges entre l’ayatollah Montazeri, successeur désigné de Khomeiny, et Mostafa Pour-Mohammadi, Hossein Ali Nayyeri, Morteza Eshraqi et Seyyed Ebrahim Raïssi, l’exécution de prisonniers politiques, dont ma sœur et mon frère, allaient en 1988 à l’encontre du droit applicable, des lois de la charia et des engagements internationaux de la République islamique. Comme la requête devant les tribunaux internationaux ne peut être possible qu’après la requête devant les tribunaux nationaux, je demande donc une enquête sur l’exécution illégale de ma sœur et de mon frère et la divulgation des faits, y compris les noms des personnes responsables de leur décès, de leurs accusations et des autres preuves figurant dans leurs dossiers et une enquête criminelle conformément aux lois pertinentes, en particulier l’article 34 de la Constitution qui reconnaît la recherche de la justice comme le droit absolu de chaque individu. Vu que l’emplacement de leur sépulture n’a jamais été indiqué à la famille, je cherche donc les faits concernant leur mort et l’emplacement de leur sépulture. »
Réagissant à sa plainte, un représentant du bureau de l’accusation générale et révolutionnaire de Téhéran a demandé : « Qu’est-ce qu’elle cherche ? Ceux qui ont exécuté sa sœur et son frère sont morts ou sont très âgés, et sa sœur et son frère sont probablement enterrés dans le cimetière de Khavaran « . Il a également averti que ce genre de pétition ne fera qu’exacerber sa situation en prison et empêchera sa libération.