CSDHI – En raison de leur dette envers les sociétés pharmaceutiques, certaines universités de médecine ne délivrent pas de quotas de médicaments spéciaux pour les patients, dans un délai convenable, ce qui crée des difficultés pour les patients, déclare le directeur de la Société iranienne de l’hémophilie.
Dans un entretien accordé à l’agence de presse ILNA, le 23 mai 2018, Ahmad Ghavidel indique la situation des médicaments pour l’hémophilie, déclarant : « Nous ne sommes pas confrontés à une crise de médicaments pour le moment, car il y en a encore assez dans le pays. Le gouvernement n’a pas encore besoin d’importer de nouveaux médicaments donc il peut rester à l’écart des fluctuations monétaires récentes. Néanmoins, pour certaines raisons, les médicaments ne sont pas mis à la disposition de tous les patients ».
« L’année dernière, nous avons vu des compagnies de distribution de médicaments franchir les lignes rouges, car elles refusaient de livrer des médicaments aux hôpitaux endettés. Et nous vivons la même situation cette année », ajoute Ghavidel.
Selon le directeur de la Société iranienne de l’hémophilie, « actuellement, certaines universités de médecine ne sont pas en mesure de fournir rapidement des médicaments aux patients en raison de leur dette envers les sociétés pharmaceutiques, ce qui a entraîné des problèmes pour les patients. Une des sociétés de distribution de médicaments refuse même de livrer les médicaments aux centres de traitement de l’hémophilie.
« Malgré l’abondance, les médicaments ne sont pas à la disposition des patients. Certaines universités de médecine ne livrent pas de médicaments aux patients. À Lorestan, par exemple, ils n’ont pas de facteur VIII dérivé du plasma, car la société de distribution de médicaments refuse de livrer le médicament avant que les dettes antérieures ne soient réglées. Cela reflète le mécanisme qui est actuellement en vigueur dans le pays. Les subventions gouvernementales pour l’hémophilie et d’autres maladies difficiles à guérir sont maintenant allouées aux compagnies d’assurance. C’est le plus grand défi auquel les patients spéciaux sont confrontés en ce moment : les subventions sont accordées aux assureurs qui, fondamentalement, ne sont ni professionnels ni soucieux des soins de santé.
« Les compagnies d’assurance sont actuellement financées par le gouvernement. Elles reçoivent des paiements importants du gouvernement. Pendant ce temps, elles n’offrent leurs services que tant qu’elles sont payées et l’arrêteront aussitôt que les paiements du gouvernement ne seront pas effectuést. Elles n’ont aucune raison de travailler dans le secteur de l’assurance et ne se soucient pas non plus de prévenir les maladies, ce qui représente un grand défi pour les soins de santé du pays ».
Le saignement des patients hémophiles ne sera pas arrêté avec des promesses
« Les compagnies d’assurance supposent que les patients hémophiles n’auront plus besoin de médicaments une fois qu’ils auront reçu leur quota de 20 médicaments pour 126 euros environ. Alors que le saignement des patients ne dépend pas de telles suppositions », explique Ghavidel, qui ajoute : « L’hémophilie n’est pas une maladie pour laquelle vous pouvez fixer un quota de médicaments. Un simple accident comme se tordre la cheville ou être coincé dans la foule du métro peut entraîner des saignements chez les patients hémophiles. Ainsi, les plans d’assurance sont la plus grande préoccupation pour ces patients.
Pourquoi le gouvernement de Rohani a exclu les médicaments contre l’hémophilie de la liste des articles assujettis à la Loi sur la contrebande de marchandises et de devises ?
Dans une démarche étrange et sans fournir d’explication convaincante, le gouvernement de Rohani a exclu les médicaments contre l’hémophilie de la liste des articles soumis à la loi contre la contrebande de biens et de devises, indépendamment du fait qu’ils sont considérés comme des médicaments de spécialité.
« Ce serait considéré comme un cas de contrebande si quelqu’un essayait de prendre des médicaments subventionnés à l’étranger. Mais dans une législation abrupte, ils ont décidé que les médicaments contre l’hémophilie ne sont plus soumis à la loi sur la contrebande des biens et des devises, puisqu’ils ne sont plus subventionnés par le gouvernement. Cependant, le fait est que les subventions sont toujours payées pour ces médicaments, mais ce sont les compagnies d’assurance qui les perçoivent entièrement », dit Ghavidel.
« Les subventions étaient autrefois versées aux importateurs. Maintenant, cependant, les compagnies d’assurance les perçoivent. C’est vraiment surprenant, le fait que les organes de surveillance n’aient demandé aucune explication à cet égard et n’aient pas remis en question la législation du gouvernement.
Les médicaments contre l’hémophilie produits au pays manquent de licences internationales
« Certains disent qu’ils veulent exporter des médicaments nationaux, mais ils ne peuvent pas être exportés puisqu’ils sont subventionnés par le gouvernement. Ce n’est cependant pas une explication convaincante, car si la législation vise à faciliter l’exportation de médicaments nationaux, le premier pas vers cet objectif est d’obtenir des licences internationales pour de tels médicaments, car sans elles aucune exportation ne serait possible. Donc, la question est de savoir pourquoi ils ont adopté une telle loi alors qu’aucune licence internationale n’a été obtenue. C’est pourquoi nous ne comprenons pas quelle politique le gouvernement poursuit à cet égard », a déclaré le directeur de la Société iranienne de l’hémophilie, ajoutant : « sont-ils conscients à quel point la chaîne d’approvisionnement est devenue problématique après voir alloué une énorme quantité d’argent aux compagnies d’assurance qui croulent sous les dettes ? Quelle organisation d’audit contrôle les montants à utiliser dans les hôpitaux et les compagnies d’assurance ? C’est un véritable défi pour les patients iraniens atteints d’hémophilie ».
Source : Les droits de l’homme en Iran