CSDHI – Nouvelle vague d’arrestations dans la nuit entre lundi soir et mardi matin, qui a abouti à l’arrestation d’au moins 10 autres employés du Groupe national de Sidérurgie (National Steel Group) et portant le nombre total de détenus à 41.
L’Union syndicale indépendante (FLU) iranienne a indiqué que les forces de sécurité avaient pris d’assaut les maisons des travailleurs vers minuit, traînant des travailleurs hors de chez eux. De nombreux autres travailleurs ont passé la nuit dans les rues pour échapper à leur arrestation.
Selon FLU, les 41 travailleurs arrêtés ont été transférés à la prison de Sheiban à Ahwaz.
Le syndicat a également déclaré que les travailleurs du National Steel Group d’Ahwaz avaient organisé une réunion hier pour discuter de leurs prochaines démarches et avaient décidé de ne pas négocier avec les autorités tant que tous les prisonniers n’auraient pas été libérés.
Un membre du parlement iranien a dénoncé l’arrestation de plusieurs travailleurs en grève après plusieurs semaines de manifestations dans une aciérie du sud-ouest de l’Iran, a rapporté mercredi l’agence de presse semi-officielle ISNA.
« Un certain nombre d’employés du National Steel Group, objets de plaintes portées contre eux, liées au travail ont été arrêtés il y a deux jours », a déclaré Alireza Mahjoub, chef de la faction syndicale au Parlement, dans un discours devant les législateurs.
« C’est une violation de la constitution », a-t-il ajouté, appelant le Parlement à intervenir pour libérer les travailleurs arrêtés.
Le personnel du National Steel Industrial Group à Ahwaz, dans la province du Khouzistan, est en grève depuis le 9 novembre pour des salaires et des avantages non versés, a déclaré l’agence de presse, ILNA.
L’usine sidérurgique en question, située à Ahwaz, capitale de la province du Khouzistan, riche en pétrole, a été témoin de grèves et de manifestations syndicales au cours des deux derniers mois. Les employés exigent leurs salaires impayés.
Partout en Iran, des personnes ont exprimé leur soutien à l’égard des travailleurs détenus exigeant leur libération.
Des centaines de retraités qui manifestaient devant le parlement du régime à Téhéran ont exprimé leur soutien aux métallurgistes en grève à Ahwaz, mardi matin. Les manifestants ont crié : « D’Ahwaz à Téhéran, les travailleurs sont en prison » ; « Libérez les métallos » ; « Les travailleurs emprisonnés doivent être libérés » ; « Les enseignants emprisonnés doivent être libérés »; « Le gouvernement commet des crimes, le parlement le soutient » ; « L’assurance gratuite est notre droit » ; « L’ennemi est là, ils nous mentent en nous disant que ce sont les Etats Unis ».
Le syndicat des bus Vahed de Téhéran, membre de la Fédération internationale des transports (ITF), a également condamné les arrestations dans un communiqué.
La page Twitter du département d’État américain en farsi a également traduit le tweet en farsi de leur porte-parole en faveur des travailleurs.
« Hier, le régime iranien a arrêté des métallurgistes qui avaient simplement demandé à être payés pour leur travail. Malheureusement, c’est ainsi que le régime a toujours maltraité le peuple iranien. Les États-Unis soutiennent leurs revendications légitimes. Les Iraniens méritent de vivre dans la paix et la dignité », a tweeté Robert J. Palladino, l’adjoint du porte-parole du département d’État.
Lundi, le département d’État américain a condamné les premières arrestations à Ahwaz. Le porte-parole adjoint de Robert Palladino a tweeté à propos des arrestations et a ajouté : « Malheureusement, le régime a toujours maltraité le peuple iranien. Les États-Unis soutiennent leurs revendications légitimes. Les Iraniens méritent de vivre dans la paix et la dignité ».
Les mouvements sociaux dans la province ont éclaté par intermittence depuis décembre dernier. Un autre complexe industriel important, la raffinerie de Shush est en grève et organise de grandes manifestations depuis des semaines. Dernièrement, certaines de leurs demandes ont été satisfaites et la situation est maintenant relativement calme.
Selon des informations émanant du Khouzistan, Esmaeel Bakhshi, représentant des travailleurs de l’usine de raffinerie de Haft Tapeh, récemment libéré, est actuellement placé en résidence surveillée. Les autorités du renseignement des pasdarans ont placé sa maison sous une surveillance et un contrôle, intensifs.
L’ancien responsable de l’Union Haft Tappeh est également toujours en détention malgré des problèmes cardiaques. Ali Nejati a été arrêté chez lui le 29 novembre, et ce, de manière brutale.
L’Iran a été frappé par des grèves sur les conditions de travail dans plusieurs secteurs clés, cette année, notamment l’éducation, les mines, les transports et l’industrie sidérurgique, principalement en dehors de Téhéran.
Le Code du travail iranien n’accorde pas aux citoyens le droit de former des syndicats indépendants, malgré la ratification par l’Iran de la Convention internationale sur les droits civils et politiques et l’adhésion à l’Organisation internationale du Travail.
Les travailleurs sont régulièrement menacés, arrêtés, torturés et même condamnés à la flagellation, en dépit de leurs demandes légitimes et de leurs protestations contre les restrictions actuelles, qui leur ont volé plus de 80 % de leur pouvoir d’achat.
En novembre, le chef du pouvoir judiciaire iranien a mis en garde les travailleurs rétifs contre la création d’un « désordre ».
« Les travailleurs ne doivent pas permettre que leurs demandes deviennent une excuse et un instrument pour l’ennemi », a déclaré l’ayatollah Sadegh Larijani, cité par l’agence de presse judiciaire Mizan Online.
Source : Les Droits de l’homme en Iran