CSDHI – Le système de santé iranien est confronté à une multitude de défis, menaçant le bien-être de ses citoyens. Cette situation se caractérise par un exode massif des professionnels de la santé, une marée montante de suicides parmi les jeunes médecins, et un gouvernement apparemment indifférent à la crise.
Un exode massif et une infrastructure qui se dégrade
L’émigration croissante de médecins et d’infirmières d’Iran est une cause majeure d’inquiétude. Cet exode est dû à une combinaison de facteurs, notamment :
- Des hôpitaux vétustes : L’infrastructure de nombreux hôpitaux publics est délabrée, ce qui crée un environnement de travail déplorable pour les professionnels de la santé.
- Refus d’importer des médicaments et des équipements : La réticence du gouvernement à importer des médicaments et des équipements médicaux essentiels limite encore davantage la capacité des médecins à fournir des soins adéquats.
- Inadéquation des tarifs : Le coût des soins de santé a explosé en raison de l’inflation, alors que les tarifs fixés par le gouvernement pour les hôpitaux publics restent stagnants, ce qui met les professionnels de la santé dans une situation financière difficile.
Une augmentation choquante des suicides
La situation au sein du système de santé est encore aggravée par l’augmentation alarmante des suicides chez les jeunes médecins. Les statistiques dressent un tableau sombre de la situation :
- Suicides fréquents : Selon des rapports publiés, un médecin s’est suicidé tous les 10 jours depuis le début de l’année 1402 (calendrier persan).
- Cas non signalés : L’ampleur réelle du problème est probablement encore pire, car les médias ne rapportent qu’une fraction des incidents.
- Service forcé dans des zones reculées : De nombreux jeunes médecins sont contraints de travailler dans des zones reculées avec des salaires minimes et des ressources limitées, ce qui contribue à leur détresse mentale et émotionnelle.
- Bas salaires et forte pression : la combinaison de bas salaires et de l’immense pression du travail dans des hôpitaux en sous-effectif, avec un manque de médecins seniors, exacerbe encore le problème.
Un gouvernement dans le déni
Malgré les preuves qui s’accumulent, le gouvernement iranien semble se contenter de rester silencieux.
- Indifférence ministérielle : Alors que les suicides de médecins font la une des journaux, le ministère de la santé reste manifestement silencieux sur la question.
- Renvoi de la responsabilité : Les militants syndicaux tiennent le gouvernement pour responsable de la crise, tandis que le ministère de la santé semble plus enclin à rejeter la faute sur des problèmes de santé mentale individuels.
Les facteurs à l’origine des suicides dans le système de santé : Un tableau complexe
Les experts pointent du doigt un ensemble de facteurs contribuant aux suicides de médecins :
- Un environnement de travail irrespectueux : Les jeunes médecins sont souvent victimes d’un manque de respect de la part des administrateurs de l’hôpital et même des familles des patients, ce qui alourdit leur fardeau psychologique.
- Pression de travail excessive : le nombre de patients et le manque de personnel créent une charge de travail insoutenable.
- Exploitation par le ministère de la santé : Les exigences du ministère à l’égard des médecins résidents, notamment la confiscation des garanties financières à la fin du programme, même en cas de décès, contribuent à un sentiment d’impuissance.
- Difficultés financières : Les bas salaires et l’absence de sécurité de base obligent de nombreux jeunes médecins à choisir une voie désespérée.
Un système au bord du gouffre
Les conséquences de cette crise vont bien au-delà du bien-être des professionnels de la santé.
- Les soins aux patients sont mis à rude épreuve : Les hôpitaux publics peinent à fournir des soins adéquats en raison de la pénurie de médecins expérimentés.
- Transfert du fardeau aux assistants : Les patients dépendent souvent d’assistants surchargés de travail et manquant de ressources, ce qui crée un risque de conflit et d’insatisfaction.
- Migration des médecins vers le secteur privé : Les médecins expérimentés migrent de plus en plus vers les hôpitaux privés, ce qui restreint encore l’accès aux soins spécialisés pour ceux qui dépendent des soins de santé publics.
- Si rien n’est fait, l’exode des professionnels de la santé et l’impact dévastateur sur les jeunes médecins auront des conséquences profondes sur la santé de l’ensemble de la population iranienne.
Source : INU