CSDHI, 8 décembre – Mehri Janatpour (affectueusement appelée Mère Daï) est décédée dans la soirée du 3 décembre à Téhéran. Cette résistante courageuse a mené un combat d’un demi-siècle contre les dictatures du chah et des mollahs en Iran. Ses multiples arrestations et ses trois emprisonnements à la sinistre prison d’Evine avec son calvaire de tortures, n’ont jamais entamé sa détermination ni son soutien indéfectible à l’OMPI, la principale opposition démocratique à la dictature religieuse en Iran.
En présence de nombreuses personnes à ses obsèques le 6 décembre au cimetière de Behecht-Zahra à Téhéran, le Dr Mohammad Maleki, premier recteur de l’université de Téhéran après la révolution, a rendu un hommage intrépide qui a dû faire trembler de rage plus d’un mollah et qui met en jeu sa propre vie et celle de l’assistance. En effet le sujet de la Résistance est tabou en Iran et vaut pour un arrêt de mort à ceux qui l’expriment. Toutefois, ce militant infatigable des droits humains, malgré son grand âge, a prononcé un éloge à la hauteur du combat mené par Mère Daï, dont les trois enfants, membres de l’OMPI, se trouvent au camp Liberty en Irak :
« Que puis-je dire sur la vie de cette femme ? Elle a vécu tout au long de sa vie comme Zeinab (petite-fille du Prophète et sœur du 3e Imam chiite Hossein, qui symbolisent tous deux la résistance à l’oppression). Elle a élevé des enfants exemplaires. Non seulement les siens, mais aussi d’autres, ceux qui résistent de l’autre côté de la frontière et sous les coups d’un bombardement de 80 roquettes, solides comme un roc, face à l’adversité …
« Avec ton départ beaucoup se sentent orphelins, sans toi, nous sommes orphelins…
Oui, tu as été, comme des milliers d’autres mères, la Zeinab de notre temps… Je répète ce que j’ai dit aux obsèques de Mère Dachti, une autre mère comme toi : malgré les problèmes, la corruption et ceux qui gouvernent en fermant les yeux, notre société n’arrête pas d’engendrer des Zeinab et des Hossein. Les cinquante années du règne du chah et des cheikhs (mollahs) n’ont pas réussi à dessécher cet arbre. Je me rappelle cette phrase que l’ayatollah Montazeri avait écrite à Khomeiny : ‘Soyez certain que tuer ne tuera pas les idées.’
« Vous avez tellement tué (…) vous avez cru tout détruire avec ces 80 roquettes, mais soyez sûr que dans deux mois le [camp] Liberty sera encore plus beau qu’avant… Tant qu’il y aura ces gens qui ont tout sacrifié, qui pensent à ce peuple, qui crient : ‘La liberté du berceau jusqu’au tombeau’, nous pouvons crier : ‘Nous préférons la mort à l’humiliation’. On voit très bien que tout au long de l’histoire, ce sont les Zeinab et les Hossein qui ont toujours gardé la tête haute. »