Rama Yade, membre du comité consultatif du CSDHI, a eu la gentillesse de répondre aux question du CSDHI
Q: Lorsque vous étiez secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme, vous aviez dit lors de la visite de Kadhafi en France : “Le colonel Kadhafi doit comprendre que notre pays n’est pas un paillasson, sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits. La France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort. » Que vous inspire la visite en France de Rohani le président du régime iranien ?
Rama Yade : La même chose. Cette visite est un tournant historique. La France ne doit pas céder à cette duperie d’un régime à double visage, ouvert sur l’extérieur mais fermé à l’intérieur. Nos entreprises ne doivent pas conclure des contrats commerciaux à n’importe quel prix. Nous risquons un jour d’être sévèrement jugés par l’Histoire. La France n’a pas le droit en tant que pays des droits de l’Homme de décevoir le peuple iranien. Ce serait trahir sa vocation d’être aux côtés des peuples qui se réclament des valeurs de liberté.
Etes-vous d’accord avec ceux qui avancent que Rohani est un modéré et qu’il es donc justifié d’améliorer les relations avec l’Iran? Est-il vraiment un modéré ?
Rien de ce qu’il fait ne tend à la modération. L’application de la peine de mort, y compris par pendaison publique, en fait un régime barbare. La censure, le confinement des femmes, les discriminations à l’égard des minorités ne sont pas l’illustration d’une quelconque ouverture. A cet égard, la faiblesse des Etats signataires de l’accord nucléaire n’en est que plus criante.
Que faut-il dire au monde des affaires qui appelle à davantage de commerce avec l’Iran et avance que la population iranienne en tirera aussi des bénéfices? Vous êtes d’accord?
C’est faux. L’économie iranienne est majoritairement entre les mains de la police politique. Les Iraniens souffrent moins des sanctions que de ce rapt à grande échelle
Comment voyez-vous le rôle de l’Iran en Syrie? Des centaines de milliers de civils ont été tués par Assad qui est soutenu par le régime iranien. Peut-on ignorer une telle catastrophe ?
Là aussi, c’est par faiblesse que la coalition s’est tournée vers l’Iran. Ne parvenant pas à venir à bout de Daech, elle a fait appel à un Etat qui soutient Assad, le boucher de Damas, qui a 200.000 morts sur la conscience, s’il en a une. Je ne vois pas comment avec de tels alliés nous pouvons faire la leçon à Daech sur les droits de l’homme sans y perdre une partie de notre crédibilité.