CSDHI -Style vestimentaire des femmes. Les escadrons anti-vice de l’Iran, aussi appelés la police de la moralité, sont particulièrement occupés au cours des mois chauds de l’été, lorsque les femmes iraniennes portent des vêtements plus légers et sont moins attentives au hijab obligatoire. Mais cette année, les équipes se concentrent sur une nouvelle « menace » : les femmes portent des vêtements sur lesquels sont écrits en grand des slogans en anglais.
Le jour national du hijab et de la chasteté, (le 11 juillet 2016) des événements parrainés par l’État, ont eu lieu dans dix endroits à Téhéran et dans 400 autres à travers le pays pour « défendre le caractère sacré de la famille » et « promouvoir la stricte observance du hijab ».
Les événements, principalement organisés par l’organisation paramilitaire Basij (la filiale des gardiens de la révolution) et des groupes affiliés ont promu des fonctionnaires ultra-conservateurs et des religieux qui ont vanté une affirmation commune : les ennemis étrangers de la République islamique mènent une « guerre douce » pour encourager les femmes à enlever leurs hijabs.
« Au cours des premières années de la révolution de 1979, les gens ont accepté que le hijab devienne obligatoire pour les femmes, sans beaucoup de force, mais cette tendance n’a pas continué et nous sommes maintenant face à une situation où nous passons de l’observance laxiste du hijab à plus de hijab du tout », a déclaré le chef adjoint de la magistrature chargé des affaires sociales Mohammad Bagher Olfat, pendant la semaine judiciaire (21-27 juin).
Contrôle du corps des femmes
L’accent mis sur le hijab la dernière semaine a attiré l’attention sur cette nouvelle mode chez les jeunes en Iran, en particulier à Téhéran, qui consiste à porter de longs manteaux dissimulant les formes que les femmes déclarent porter en public après la révolution avec des expressions en anglais imprimées en grand sur ceux-ci, généralement avec un message humoristique.
En réponse à la lumière négative portée sur la tendance de la mode, les iraniens ont allègrement partagées des photos des dernières phrases écrites sur les vêtements, sur les médias sociaux, la semaine dernière. Mais les conservateurs ne riaient pas.
« La diffusion de ces types de produits va à l’encontre de la moralité publique et indique un manque d’attention de la part des fonctionnaires chargés des questions culturelles », a déclaré Minoo Aslani, la secrétaire général de la ligne dure de l’Organisation féminine du Basij, le 11 juillet 2016.
« Il y a des phrases sales et dédaigneuses imprimées sur le dos de ces manteaux et donc ils devraient être interdits à la vente et retirés des magasins dès que possible », a-t-elle dit dans une interview séparée, le même jour.
Certaines des phrases comprennent des variations du slogan britannique de la Seconde Guerre mondiale : « Restez calme et continuez », comme « Restez calme, je suis une Reine » ou « Restez calme, je suis protégée par Abolfazl ».
« J’ai vu les filles et les garçons porter des vêtements avec le mot « Queen » écrit sur eux. Ceci est une manifestation laide d’une tendance occidentale qui est entrée dans notre pays avec de mauvaises intentions imaginées dans les coulisses », a déclaré l’ancienne députée conservatrice de Téhéran, Zohreh Tabibzadeh, le 11 juillet 2016 ». Ceci est évidemment un plan calculé qui se répand parce que les politiques culturelles du gouvernement laissent les portes de notre pays grandes ouvertes ».
Hijab obligatoire : une condamnation à perpétuité ?
Début juillet 2016, un célèbre théologien basé dans la ville sainte de Qom a émis une fatwa (décret religieux) permettant aux femmes musulmanes iraniennes vivant à l’étranger d’enlever leur hijab dans certaines circonstances.
La question est de savoir comment les femmes musulmanes devraient répondre si elles devaient retirer leur hijab pour poursuivre leurs études dans des pays comme la Turquie, a déclaré l’ayatollah Nasser Makkarem Shirazi : « Étant donné que des postes importants seraient occupés par des femmes libres, si les femmes musulmanes religieuses ne peuvent bénéficier d’un enseignement supérieur, ces dernières sont autorisées à retirer leur hijab si nécessaire. Mais dans tous les autres cas, elles doivent le conserver ».
Mohammad Oliaei-Fard, un expert juridique iranien, a décrit la fatwa de Makkarem Shirazi comme une étape «historique» qui pourrait éventuellement conduire à la fin du hijab obligatoire.
« La Constitution dit que les lois doivent être fondées sur l’islam, mais les préceptes islamiques peuvent être interprétés de manière à protéger les droits individuels et sociaux des citoyens, y compris le droit de ne pas porter le hijab. Par conséquent, cette fatwa pourrait être une étape importante dans cette direction », a déclaré Oliaei-Fard. « En tant que fondateur de la République islamique, feu l’ayatollah Rouhollah Khomeiny, a dit : « la préservation de l’état est le plus important »… donc le hijab pourrait devenir volontaire et non obligatoire, si la préservation de l’État l’exige ».
En dépit d’avoir été imposé à toutes les femmes iraniennes après la révolution, le hijab s’est progressivement transformé en de nombreuses formes et selon des modes différentes en Iran. Les femmes ont, avec créativité, contourné des sensibilités religieuses, indépendamment des fréquents avertissements du Guide suprême, Ali Khamenei, et de ses disciples conservateurs au sujet de complots étrangers pour saper les valeurs traditionnelles.
« Il ne fait aucun doute que cette nouvelle tendance immorale a été orchestrée. Nos fonctionnaires ne sont pas préparés pour répondre aux questions sur la grande disponibilité de ces produits immoraux dans notre société islamique », a déclaré Aslani, qui prêche régulièrement les politiques extrémistes dans les médias. « Il semble que ceux qui font des profits et complotent une invasion culturelle sont beaucoup plus intelligents que nos responsables des affaires culturelles. C’est comme si ils étaient plongés dans un sommeil profond ».
Source : Campagne Internationale pour les droits de l’homme en Iran