The Guardian – Ali Azimi est assis à l’envers sur un âne, sur la couverture du son dernier album, « Till Glory Finds us » (Avant que la gloire ne nous trouve). La photographie du musicien iranien indépendant évoque Molla Nasreddin, un personnage folklorique soufi dont les relations avec son âne font l’objet d’innombrables plaisanteries iraniennes.
L’image reflète « l’histoire de notre vie en tant qu’immigrants », dit Azimi, assis dans son studio privé sur Pitshanger Lane à l’ouest de Londres. « Il nous emmène dans un lieu inconnu, mais avec notre visage qui regarde toujours en arrière l’endroit d’où nous venons ».
La base des fans de cet homme de 38 ans est en Iran, où des milliers de personnes écoutent sa musique en ligne. Sur une seule plate-forme, RadioJavan, une de ses chansons les plus célèbres, Pishdaramad – ce qui se traduit comme Prélude – a été joué fois près de 2 millions de fois.
Les autorités iraniennes, cependant, voit son genre de musique avec une profonde suspicion, l’associant à une « invasion culturelle » occidentale, dans leur perception. Lorsque Azimi a fondé le groupe Radio Téhéran, il a été forcé à entrer dans la clandestinité avant de décider de poursuivre sa carrière librement à l’étranger.
« Il est navrant que je ne puisse pas travailler en Iran », dit-il. « Mais j’espère que l’attitude des autorités changera un jour et qu’elles montreront plus de flexibilité ».
Les musiciens se retrouvent dans une bataille constante avec les intransigeants qui ont forcé l’annulation brutale de concerts, intimidant les artistes.
Avant d’accorder une autorisation à un album ou à un concert, les censeurs scrutent chaque ligne à un tel niveau que les chansons perdent leur sens, dit Azimi. La censure qui est faite rend tout travail en Iran, irréalisable.
Les iraniens ont maîtrisé le logiciel d’anti-filtrage pour écouter de la musique qui est officiellement interdite, mais la censure de contournement n’a pas commencé avec Internet. Azimi a écouté la musique interdite des Beatles, Pink Floyd, Sting et The Police sur des cassettes distribuées secrètement entre amis. La musique de ses idoles a encapsulé les dilemmes d’une époque. « Leur musique a créé la conscience », dit-il.
Puis vint l’émergence d’antennes paraboliques illégales. « Ils ont changé la vie de chacun, alors que nous avons regardé le monde extérieur, les relations, les libertés », dit Azimi. Les chaînes satellite sont toujours interdites – la semaine dernière, la milice Basij informelle et bénévole a confisqué et détruit 100.000 antennes paraboliques – mais en dépit de la crainte de représailles, les installations illégales se sont multipliées.