CSDHI – « Ce matin en quittant la maison je dis adieu à toute la famille et je prie le ciel qu’il en prenne soin. Je me dirige alors vers le Majlis (parlement) à Téhéran », explique un militant contre la peine de mort en Iran.
La veille un appel avait été lancé pour manifester le 24 octobre contre les exécutions devant le parlement des mollahs dans la capitale iranienne.
« J’avais l’expérience de la dernière manifestation où j’avais été arrêté et jeté en prison. J’écarte ces souvenirs de mon esprit et je me prépare au pire. J’arrive avant 11h près du Majlis, j’en fais le tour et je vois des agents de sécurité et du renseignement un peu partout, dont quelques uns que je connais pour avoir eu affaire avec eux.
« Un ami appelle. Il me dit qu’ils sont arrivés en avance et qu’on ne leur a pas permis de se former un rassemblement. Je passe un coup de fil au Dr Maleki, ancien doyen de l’université de Téhéran. Très âgé, il ne va pas bien aujourd’hui, il aurait tant voulu venir mais ses jammbes ne le portent plus.
« Il est un peu plus de 11h et je me tiens avec quelques amis devant l’entrée du Majlis.
« Le colonel de la sécurité et ses officiers avancent vers nous pour nous interdire de brandir nos pancartes et bannières. « On m’a donné l’ordre d’empêcher tout rassemblement », dit-il fermement. Un agent du renseignement arrive et se met à aboyer l’ordre de partir. Il est escorté de ses éternels photographees et caméramens. Ils nous prennent sous tous les angles mais ne nous permettent pas de prendre des photos.
« On nous encadre pour nous accompagner jusqu’à la bouche de métro. En voyant des amis arriver, je leur téléhone de ne pas avancer davantage. Mais des nouveaux sont là. Quel courage ils déploient, et comme je sens revigorer de les voir. Sur le chemin du retour obligé, ces amis racontent l’arrestation de Mme Golrokh Iraï, l’épouse de d’Arach Sadeghi, ce jeune qui a été emprisonné pour avoir voulu pleurer la mort de son père, un commerçant membre de la résistance iranienne.
« Il explique comment les agents ont brisé portes et fenêtres de la maison et l’ont emmenée sans le moindre mandat. Aujourd’hui c’est Golrokh, demain ce sera moi et puis toi. Silence, peur, passivité, méfiance tout cela encourage les forces répressives… On se sépare.
« Au fond de moi j’espère que nous allons tous pouvoir nous unir pour affronter avec plus de force la tyrannie, pour pouvoir arrêter les exécutions. Une union des défenseurs de la liberté capable de fendre le carcan de la dictature. »