FORBES – Alors que la nouvelle administration américaine commence son travail, un défi majeur se profile à l’horizon : il s’agit de savoir comment traiter la théocratie qui gouverne l’Iran. Un facteur clé pour l’articulation d’une politique saine concernant l’Iran est de comprendre la nature fondamentalement violente et accusatoire du régime clérical.
Le général James Mattis, nouveau secrétaire d’Etat à la Défense, a décrit à juste titre l’Iran comme la principale source d’instabilité au Moyen-Orient. Le régime iranien a institutionnalisé la terreur à l’intérieur de son pays et à l’étranger. C’est l’une des tâches principales des Gardiens de la Révolution (les Pasdarans) et de son bras extraterritorial d’effectuer cette sinistre mission, c’est-à-dire la Force Qods.
Je suis un membre du Conseil National de la Résistance iranienne, la coalition des mouvements d’opposition iraniens, avec l’Organisation des Moudjahidines du Peuple d’Iran, le principal mouvement d’opposition iranien qui est son noyau. (L’Organisation des Moudjahidine du Peuple est aussi connue sous le nom de MEK, qui signifie Moudjahidine-e-Khalq.) Je suis une preuve vivante des activités néfastes du régime clérical au-delà de ses frontières, car j’ai été presque tué par l’un d’entre eux.
Au milieu de l’après-midi du 14 mars 1990, j’étais assis à côté du chauffeur qui me conduisait à l’aéroport d’Istanbul. Comme nous étions en train de discuter de l’état des choses en Iran, une voiture a soudainement bloqué notre chemin. Quelques secondes plus tard, une autre voiture nous a attaqué par l’arrière.
En un éclair, deux hommes étranges venant de la voiture de devant ont sauté hors du véhicule avec des armes automatiques. J’ai pris une décision en une fraction de seconde. J’ai ouvert la porte de la voiture et je me suis précipité vers eux en portant seulement une petite mallette. Un des hommes a tiré neuf balles ; le pistolet de l’autre homme s’est coincé. J’ai été grièvement blessé. Les assaillants ont fui. Mes quatre mois de lutte pour la survie venaient juste de commencer.
J’ai été transporté à l’hôpital international d’Istanbul à proximité. J’ai été dans un coma profond pendant plus de 40 jours et inconscient pendant trois mois.
Après l’attaque, j’ai subi 14 chirurgies majeures, j’ai reçu 154 demi-litres de sang, et j’ai perdu 80 % de mon foie. Au cours de l’une des opérations, les médecins ont demandé l’autorisation à mes collègues de m’opérer, les informant que mes chances de survie étaient de 1 sur 100.
Quelques jours plus tard, la télévision d’Etat de Téhéran a annoncé que Mohammad Mohaddessin, président du comité des affaires étrangères du Conseil national de la Résistance iranienne, avait été sérieusement blessé lors d’une attaque à Istanbul et qu’il était décédé. Il est devenu évident qu’il était la cible ultime de cette opération.
Néanmoins, Téhéran a, àplusieurs reprises, essayé de m’achever pendant que je me rétablissais à l’hôpital. Par exemple, la police a bouclé l’hôpital parce que le président turc rendait visite à sa mère malade. Ainsi, ils ont découvert des agents iraniens déguisés en policiers turcs et ils ont déjoué leur complot. Dans un autre exemple, les assassins potentiels ont prétendu être des amis venant me rendre visite, mais ils ont pris peur lorsque de véritables visiteurs sont arrivés.
Vers la même époque, il y en avait beaucoup d’autres qui n’étaient pas aussi chanceux. Le célèbre militant des droits de l’homme, Kazem Rajavi, a été abattu à Genève en 1990 et plusieurs militants kurdes ont été tués lors des deux années qui ont suivi. En outre, l’Iran a laissé ses empreintes digitales sur des attentats terroristes majeurs, y compris le bombardement des tours de Khobar en Arabie saoudite, qui a tué des militaires américains et l’attentat à la bombe de l’Association mutuelle argentino-israélienne à Buenos Aires.
Il y a beaucoup de diversité parmi les personnes qui ont été victimes de la terreur effrénée de Téhéran. Mais aucun n’a souffert plus que mes collègues activistes de l’OMPI. Deux ans avant la tentative d’assassinat sur ma vie, quelque 30 000 prisonniers politiques ont été mis à mort en un seul été, dans le cadre d’un effort mené par les dirigeants iraniens pour détruire complètement l’OMPI.
Mais dans un testament pour le dévouement du groupe et le grand appel, l’OMPI survit à ce jour et est en fait prospère car elle obtient non seulement le soutien de la population iranienne rétive mais aussi des décideurs internationaux.
Ne vous méprenez pas, l’actuel gouvernement iranien n’a en aucune façon modéré son comportement, contrairement aux promesses de l’administration d’Obama. Le terrorisme est un pilier de la survie des « tyrans en turban » en Iran. Hassan Rohani, l’actuel président, a été le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale pendant de nombreuses années et il en est maintenant le président. C’est l’organisation qui a ordonné les principales activités terroristes du régime, y compris la tentative d’assassinat dont j’ai été victime et sa fonction reste la même à ce jour.
Rohani a également augmenté de façon dramatique le financement de l’IRGC, qui est l’élément moteur principal derrière les contributions iraniennes pour les crimes contre l’humanité en Syrie et derrière la répression bien connue contre des activistes, des journalistes, des artistes et des personnes ayant la double nationalité en Iran. Et depuis qu’il a pris ses fonctions en 2013 au milieu des éloges occidentales pour ses positions « modérées », Rouhani a supervisé plus de 3 000 exécutions.
Si l’administration ne se rend pas pleinement compte de l’histoire ininterrompue de la violence et des violations des droits de l’homme en République islamique, elle ne peut que conclure que le moment est venu pour une politique étrangère ferme – qui commence par voir le régime iranien pour ce qu’il est et exerce des pressions sur lui et en particulier sur les Pasdarans. L’organisation devrait être inscrite comme groupe terroriste étranger et devrait donc faire l’objet de sanctions sérieuses et efficaces.
C’est le moment de paralyser la machine terroriste du régime iranien pour le mieux-être des Iraniens, de la région et du monde.
Rédigé par Hossein Abedini invité de Forbes
M. Abedini, parlementaire iranien en exil, est membre du Comité des Affaires étrangères du Conseil National de Résistance iranienne.