CSDHI – La lutte pacifique des militants des droits des femmes visant à mettre fin à l’interdiction des de la présence de spectatrices dans les stades en Iran progresse lentement malgré l’opposition constante des conservateurs religieux.
« Les militants des droits de la femme s’attaquent à ce problème sur tous les fronts, mais les responsables sportifs nous demandent de laisser ces changements se produire progressivement sans grabuge », a déclaré la journaliste et défenseuse des droits civiques, Saba Sherdoust, au Centre pour les droits de l’homme en Iran (CHRI).
« Le fait est que les femmes ont montré leur résistance et que rien ne les arrêtera pour atteindre leurs droits », a-t-elle déclaré. « Nous sommes sérieuses dans notre demande au gouvernement de supprimer les restrictions sur les femmes dans les stades ».
Bien qu’aucune loi ou règlement n’interdit aux fans féminins de regarder des sports dans les stades iraniens, depuis la Révolution de 1979, des gouvernements successifs se sont soumis aux conservateurs religieux chiites qui se sont opposés aux foules mixtes dans les stades.
L’interdiction officieuse était initialement limitée aux matchs masculins de football, mais en 2012, elle a été étendue aux matches masculins de volleyball.
Le 9 juin 2017, moins d’un mois après la réélection du président Hassan Rohani, l’interdiction de la présence des femmes dans les stades sportifs a été un peu détendue pour permettre aux parentes des membres de l’équipe masculine de volleyball iranienne de regarder un match contre la Belgique dans le stade Azadi à Téhéran.
« L’année dernière, la fédération de volley-ball iranienne a alloué 10 places pour des supportrices», a déclaré Sherdoust . « Cette année, ils en ont données 300. Bien sûr, ce n’était qu’un groupe sélectionné de femmes, mais les autorités ont déclaré qu’elles augmenteraient le nombre par petites étapes jusqu’à ce que la restriction soit finalement supprimée ».
Le site de la Fédération iranienne de volleyball a initialement offert des billets dans la section féminine pour le match de la Ligue mondiale de Volleyball, la FIVB, entre l’Iran et la Belgique, le 9 juin à Téhéran, mais celles qui se sont présentées avec leurs billets ont été renvoyées parce que leurs sièges avaient été assignés aux parentes des joueurs iraniens.
Certains ont fait remarquer que le bref sursis de l’interdiction visait seulement à apaiser la FIVB et à éviter que l’Iran soit l’objet d’une interdiction d’organiser de futurs matchs internationaux.
« La tentative de la fédération mondiale d’échapper à l’exclusion des jeux a été une insulte pour nos femmes et un affront à nos valeurs culturelles et sportives», a commenté le site de Jahan-e Sanat dans un éditorial du 11 juin.
Les conservateurs religieux ont en revanche réagi avec colère à la présence de femmes dans les tribunes du match du 9 juin.
« Nous nous opposons au ministère des Sports et de la Jeunesse qui a violé les lois civiles et religieuses en permettant à des centaines de filles et de femmes de participer récemment à un match de volleyball masculin », selon une déclaration du Conseil de coordination du Hezbollah, le 17 juin.
Hossein Allahkaram, le dirigeant du groupe, a posté un slogan sur sa page Instagram le 16 juin pour avertir les autorités sportives que ses partisans « tireront à volonté » pour empêcher les femmes d’entrer dans les stades pour ces matches de volley-ball.
Allahkaram a suivi la directive du Guide suprême, Ali Khamenei, adressée à ses partisans le 7 juin de « tirer à volonté » quand ils considèrent que le gouvernement d’Hassan Rohani n’agit pas selon les principes dit « révolutionnaires ».
« Nous sommes conscients que les groupes extrémistes (conservateurs) et certains dirigeants religieux ont une vision étroite des choses concernant la présence des femmes dans la société », a déclaré l’avocate des droits de femmes, Sherdoust. « Ils essaient de fermer chaque ouverture créée par les femmes.»
Source : Centre pour les droits de l’homme en Iran