CSDHI – La Journée mondiale des enseignants a lieu chaque année, le 5 octobre, depuis 1994. Elle vise à sensibiliser les gens sur l’importance du rôle joué par les enseignants du monde entier.
Dans les pays démocratiques, les enseignants sont un secteur culturel qui jouent un rôle important dans l’éducation des générations futures et dans l’avancement de la société.
En Iran, cependant, on ne donne pas aux enseignants la possibilité de jouer un rôle constructif dans l’éducation. Sous la pression de la pauvreté, ils ne remplissent même pas les devoirs éducatifs minimaux.
Les enseignants sont mal payés et parfois ils ne reçoivent pas leurs maigres salaires pendant plusieurs mois consécutifs. Les enseignants iraniens sont également privés d’assurance, de primes et d’autres avantages.
Les statistiques du ministère de l’éducation montrent qu’un million d’enseignants iraniens sont payés entre 170 et 1200 euros par mois, environ.
Le seuil de pauvreté de 2014 à Téhéran pour une famille de cinq ans était établi à environ 765 euros. Par conséquent, de nombreux enseignants finissent par vivre sous le seuil de pauvreté. Ils doivent donc travailler en deux ou trois équipes ou avoir plusieurs emplois.
Cette situation a un impact direct sur la qualité de leur travail et l’éducation des étudiants.
Les enseignants iraniens ont exigé la promulgation du projet de loi sur la parité salariale, qui pourrait promouvoir leurs moyens de subsistance, leurs avantages minimaux et leur salaire égal à celui des autres employés du gouvernement.
Les éducateurs iraniens sont privés du droit d’organisation. Néanmoins, ils ont organisé des manifestations nationales au cours des dernières années pour exiger le respect de leurs droits fondamentaux. Le régime iranien n’a pas répondu à leurs revendications et les forces de sécurité ont harcelé, réprimé et emprisonné des enseignants iraniens. Ceci malgré le fait que selon les articles 26 et 27 de la constitution iranienne, l’organisation de manifestations et de rassemblements est libre.
Dans l’un de leurs rassemblements les plus récents, des milliers d’enseignants en exercice et à la retraite sont descendus dans la rue, le jeudi 10 mars 2017, organisant des manifestations nationales, demandant la libération de leurs collègues emprisonnés et condamnant les décisions judiciaires contre la communauté des enseignants.
Ils ont également exigé le paiement de leurs salaires antérieurs et des avantages minimaux et ont demandé un salaire égal à celui des autres employés du gouvernement.
À Téhéran, les enseignants ont été rejoints par des collègues de Karaj, Shahriar et Qom à l’extérieur du parlement. Sur leurs affiches il était écrit : « Libérez les enseignants emprisonnés », Une assurance décente est notre droit », « Assez ave la pauvreté et la discrimination » et « Libérez Ismail Abdi » (le chef de l’union des enseignants qui se trouve en prison).
Les enseignants sont privés d’avoir leurs propres associations et organisations indépendantes. Beaucoup de leurs représentants ont été arrêtés et emprisonnés pour avoir osé défendre la dignité et les moyens d’existence des enseignants. Parmi les éminents syndicalistes et les enseignants qui sont illégalement emprisonnés pour leurs activités légitimes, se trouvent Arzhang Davoudi, Ismail Abdi et Ebrahim Baghani.
Ismail Abdi Ismail Abdi, secrétaire général de l’Association des enseignants de l’Iran (ITTA), avait été arrêté le 27 juin 2015 sur des accusations liées à ses activités syndicales pacifiques. Il a été condamné à passer six ans derrière les barreaux en février 2016, accusé de « diffusion de propagande contre les institutions » et « rassemblement et collusion en vue de commettre des crimes contre la sécurité nationale ».
Les accusations résultent de ses activités syndicales, y compris les manifestations pacifiques organisées par les enseignants et les membres de l’ITTA en dehors du parlement iranien en mai 2015 pour protester contre les salaires médiocres, le faible budget de l’éducation et l’emprisonnement des syndicalistes enseignants.
En mai 2015, les autorités ont convoqué Ali Akbar Baghani pour purger une peine d’emprisonnement avec sursis publiée en 2006. Il a été condamné à un an de prison et 10 ans d’exil à Zabol, dans le sud-est de la province du Sistan-Balouchistan.
Baghani a été envoyé à l’exil à Zabol le 1er mai 2016 mais plus tard il a été ramené à la prison d’Evine de Téhéran sans aucune raison.
Un autre professeur iranien, Arzhang Davoudi, âgé de 64 ans, a été arrêté en 2003 pour avoir critiqué le dossier iranien en matière de droits de l’homme dans un documentaire intitulé « Forbidden Iran ». Il a été condamné à mort et à 20 ans de prison sur des accusations d’« inimitié contre Dieu », « diffusion de propagande contre le gouvernement » et « insulte envers le régime ». Sa peine de mort a ensuite été réduite à cinq ans d’exil en mars 2016. Arzhang Davoudi est actuellement détenu dans la prison de Zabol.
Au cours de son séjour en prison, Davdoodi a subi des tortures, des coups et des période en cellule d’isolement et il s’est vu refuser l’accès aux produits d’hygiène de base et a été maintenu dans des conditions insalubres.
De plus, les politiques de recrutement de l’Iran envers les enseignants sont inhumaines et discriminatoires.
Le ministère de l’Éducation en Iran a publié une directive humiliante sur les conditions d’emploi des enseignants. La directive contient une longue liste de maladies chroniques et persistantes, y compris les problèmes dentaires, rénaux et gynécologiques des femmes, qui disqualifient les enseignants qui postulent à un emploi.
Apparemment, la plupart des éléments contenus dans cette liste se rapportent aux apparences d’un enseignant. Par exemple, toute personne qui louche, qui a de vilains grains de beauté sur le visage ou de l’acné ou de l’eczéma, est licenciée. Avoir une cicatrice ou une infection fongique fait également partie de la liste.
D’autres règles qui seraient normalement imperceptibles, comme la stérilité féminine, le cancer, les des calculs urinaires ou un daltonisme sont également incluses.
La liste est devenue virale après sa publication par l’agence de presse FARS. Le ministère de l’éducation a reculé et a retiré la circulaire après sa publication, mais le porte-parole du ministère a reconnu que pendant des années, les enseignants étaient recrutés sur la base de cette directive [1].
Lors de la Journée mondiale des enseignants, rendons hommage aux honorables professeurs de l’Iran qui continuent d’éduquer les jeunes iraniens malgré leurs difficultés.
[1] L’agence de presse officielle Fars, le 23 août 2017
Source : Les droits de l’homme en Iran