Agence France Presse – La France a lancé mercredi un appel aux autorités iraniennes pour qu'elles permettent à un chercheur français spécialiste de l'islam, retenu contre son gré depuis plus de deux mois en Iran, de quitter "rapidement" le territoire de ce pays.
Cette affaire intervient alors que l'Iran détient depuis le 23 mars 15 marins britanniques accusés d'être entrés dans les eaux territoriales iraniennes, ce que Londres dément.
Stéphane Dudoignon, chargé de recherches en sociologie des religions au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), a été interpellé par la police le 30 janvier dans la province sensible du Sistan-Balouchistan (sud-est), proche du Pakistan et de l'Afghanistan.
"Nous demandons aux autorités iraniennes de trouver rapidement une solution permettant à M. Dudoignon de quitter le territoire iranien", a déclaré le porte-parole adjoint du ministère Denis Simonneau.
M. Dudoignon a été arrêté "alors qu'il photographiait une procession religieuse sur la voie publique", a-t-il précisé. Il se trouvait "en voyage d'études" en Iran.
"M. Dudoignon a été aussitôt remis en liberté mais s'est vu confisquer ses effets personnels ainsi que son passeport", a ajouté M. Simonneau. "Depuis lors, les autorités iraniennes n'ont pas restitué le passeport de l'intéressé, bien qu'aucune charge à son encontre ne lui ait été, à notre connaissance, signifiée".
Le quotidien Le Monde, qui a révélé cette affaire, a précisé que M. Dudoignon, marié à une Iranienne et spécialiste de l'islam, faisait "l'objet de facto" d'une assignation à résidence à Téhéran, où il est hébergé par la famille de sa femme.
M. Dudoignon a été interpellé dans la bourgade de Chah Bahar, sur les rives du Golfe, alors qu'il photographiait une procession religieuse le jour de la fête chiite de l'Achoura dans le cadre de recherches sur la minorité sunnite et les écoles religieuses de la région, a précisé le journal.
"Dès qu'elle a été informée de cette situation, notre ambassade à Téhéran a attiré l'attention des autorités iraniennes sur le cas de M. Dudoignon", a précisé M. Simonneau. Il a précisé que le cas de M. Dudoignon avait été évoqué lors de la convocation au ministère des Affaires étrangères de l'ambassadeur d'Iran à Paris, M. Ali Ahani, le 29 mars. M. Ali Ahani avait été convoqué dans le cadre de l'affaire des marins britanniques.
Les autorités françaises avaient été mobilisées de long mois sur le cas d'un autre Français en Iran, Stéphane Lherbier, qui a passé quinze mois de détention en Iran avant d'être relché le 25 février.
Il avait été condamné pour être entré illégalement, selon Téhéran, dans les eaux territoriales iraniennes avec un Allemand, Donald Klein, qui a aussi été relché. Cette affaire s'était produite dans le contexte de la crise entre l'Iran et la communauté internationale sur le dossier nucléaire.
La région où a été interpellé le chercheur français a été le thétre d'une série d'attentats et de rapts attribués au groupe sunnite Joundallah. Le 14 février, un attentat à la voiture piégée avait tué onze membres du corps d'élite des Gardiens de la révolution à Zahédan.
Téhéran accuse les extrémistes de ce groupe d'être liés aux services secrets américains et britanniques.