Agence France Presse – Une commission de l'ONU a adopté mardi une résolution exprimant la "profonde préoccupation" des membres devant les "violations systématiques" des droits de l'Homme et des libertés fondamentales en Iran.
La résolution, non contraignante, a été votée par 72 voix contre 50, avec 55 abstentions, par la commission des droits de l'Homme de l'Assemblée générale de l'ONU.
Le vote est intervenu après qu'une motion iranienne visant à bloquer toute discussion du texte eut été repoussée de justesse.
Dans la résolution, les Etats membres se déclarent "gravement préoccupés" par la persistance des violations systématiques des droits de l'Homme et des libertés fondamentales" de la population en Iran.
Ils constatent avec "une très vive inquiétude" la confirmation de cas de "recours à la torture et aux peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, y compris la flagellation et l'amputation."
La résolution, proposée par le Canada et co-parrainée par les pays européens, les Etats-Unis, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et Israël, mentionne également la lapidation, ainsi que "les discriminations croissantes" contre "les personnes appartenant à des minorités religieuses, ethniques, linguistiques et autres."
Le texte mentionne particulièrement les attaques contre la communauté baha'i dans les médias d'Etat, ainsi que "des preuves multiples d'efforts de l'Etat pour identifier et surveiller les Baha'is et les empêcher d'aller à l'université".
Il appelle Téhéran à respecter les droits de l'Homme, à éliminer de ses textes de loi et de ses pratiques les amputations, flagellations et autres formes de torture et de traitement cruel, inhumain ou dégradant.
Avant le vote, l'ambassadeur d'Iran à l'ONU, Mohammad Khazaee, a estimé "regrettable que la manipulation et l'abus des mécanismes de l'ONU concernant les droits de l'Homme soient devenus une tradition dominante et un moyen pour certains Etats de faire avancer leurs objectifs politiques."
Il s'en est pris particulièrement au Canada, l'accusant de "s'arroger un rôle de premier plan dans la défense des droits de l'Homme, alors que certains segments de sa propre population, notamment les minorités, immigrants, étrangers et peuples autochtones, souffrent eux-mêmes de violations de leurs droits de l'Homme."
Mais Bani Dugal, un porte-parole de la communauté baha'i internationale, s'est félicité du vote: "Nous sommes heureux que l'Assemblée générale n'ait pas renoncé à sa responsabilité de protéger les droits de l'Homme et les libertés fondamentales, définies par la Charte de l'ONU", a-t-il dit dans un communiqué.
La résolution devrait être adoptée à une date ultérieure par l'Assemblée générale, où siègent les 192 Etats membres de l'ONU.