Par Ellaheh Arj
www.women.ncr-iran.org – Dans un rapport publié en mars 2014 par les Nations Unies sur l’Iran, le régime a été fustigé pour le traitement qu’il réserve aux femmes. Le rapport note que « les défenseurs des droits humains et les activistes des droits des femmes continuent de faire l’objet d’arrestation et de persécution. Les femmes sont victimes de discrimination, ancrée dans la loi et dans la pratique ». Il souligne également que toutes les femmes entrées dans la course présidentielle ont été disqualifiées et que le témoignage d’une femme vaut toujours la moitié de celui d’un homme en Iran. On est en droit de se demander à quelle sorte de sanction de l’ONU se heurte ce genre de politique. La réponse c’est qu’elle a permis l’élection de l’Iran à la commission de la Condition féminine !
La nomination de l’Iran à la commission ne signifie pas une volte-face de la politique des Nations Unies à l’égard des femmes parce que c’est une commission de 45 nations, mais son élection reste significative.
Le nouveau poste de l’Iran entache la réputation de la commission (comme le fait l’élection de la Guinée équatoriale) et diminue la coopération et le financement que des pays bien intentionnés apporteraient à un panel plus légitime. La nomination du régime iranien va certainement agir comme un catalyseur de désespoir parmi les femmes en Iran, un pouvoir qui châtie les groupes qui œuvrent à un Iran plus libre, égal, démocratique et juste – comme le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI).
Le CNRI est dirigé par une femme, Mme Maryam Radjavi, une musulmane modérée, opposée à l’intégrisme et qui défend avec force l’égalité des femmes. La direction du CNRI est en contraste frappant avec les dirigeants radicaux de l’Iran, et sa représentation, 51 % de femmes membres, traduit une ouverture que le régime ne permettra jamais. Le CNRI dénonce constamment les politiques misogynes et archaïques du régime, comme le font de nombreux autres groupes.
Une autre nomination de l’Iran s’est faite à la commission de 19 pays sur les ONG (organisations non gouvernementales).
De sa position à la commission des ONG, le régime iranien peut agir comme un barrage, bloquant les critiques formulées par les groupes de droits humains qui travaillent avec la commission ou à l’ONU. Parmi d’autres pays élus à la commission, il y a l’Azerbaïdjan, la Chine, Cuba, la Fédération de Russie, le Soudan et la Mauritanie. Tous ces pays sont classés «non libres» par Freedom House, et les deux derniers sont particulièrement préoccupants – la Mauritanie pratique l’esclavage et le président soudanais est recherché pour génocide. L’ONU peut-elle vraiment s’attendre à un semblant de crédibilité ou d’efficacité avec un groupe pareil ?
L’Iran continue à procéder à des pendaisons à un rythme effréné sous la présidence «modérée» d’Hassan Rohani. Ayant procédé à des centaines d’exécutions depuis le début de l’année, Rohani a continué avec des interdictions touchant les femmes et n’a pas contesté un système juridique qui les considère comme des sous-êtres. Le régime, qui a essayé de faire taire le peuple en interdisant Twitter et d’exécuter les opposants dans le camp d’Achraf en Irak, a donc reçu un nouvel outil de répression.
La différence avec les nouveaux postes qu’occupe l’Iran à l’ONU, c’est que ce nouvel outil est livré avec une légitimité internationale et un minimum de respectabilité. Il est également livré au détriment de ces mêmes nations qui cherchent à défendre les droits humains et la dignité, en aidant les masses qui à travers le monde aspirent à un souffle de liberté. Les États-Unis fournissent à l’ONU près d’un quart de son budget, de sorte que cette mascarade de voir les pires violateurs des droits humains dans le monde protéger le monde est surtout à la charge de l’Amérique.
L’Amérique et d’autres soutiens de l’Organisation des nations unies ont le devoir de dénoncer cette nomination et de trouver des moyens de lutter contre le régime iranien et ses acolytes violateurs des droits humains. Ne pas agir renforcera ce régime au dépends de son alternative modérée et démocratique, le CNRI. Peut-être la meilleure façon de répondre serait non seulement par la coopération dans le renforcement des sanctions contre ce régime, mais aussi en renforçant le soutien au CNRI – tant qu’il y aura une alternative viable et solide au régime actuel, l’Occident disposera d’un levier.
Cependant, indépendamment de la politique, il est important pour nous de défendre des millions de personnes qui continuent d’être réduites au silence par des régimes oppressifs et des despotes dangereux.