AFP 06 mars 2007 - Les militantes féministes iraniennes menant campagne pour l'égalité des droits restent dans la ligne de mire des autorités, qui ont arrêté plusieurs dizaines d'entre elles juste avant la Journée internationale des femmes du 8 mars.
La police a interpellé dimanche un peu plus de 30 militantes féministes qui s'étaient rassemblées devant le tribunal révolutionnaire de Téhéran pour soutenir des camarades jugées pour une manifestation "illégale" le 12 juin 2006.
"Une trentaine de personnes ont été arrêtées, dont Shadi Sadr et Soussan Tahmassebi, devant le tribunal révolutionnaire. Ces arrestations sont illégales car la constitution autorise les manifestations", a déclaré à l'AFP l'avocat de défense des droits de l'homme, Mohammad Ali Dadkhah.
"Nous n'avons pas de nouvelles sur le lieu de leur détention", a-t-il ajouté. Mais lundi, selon l'agence Isna, les familles de plusieurs de ces femmes se sont rassemblées devant les portes de la prison d'Evine, dans le nord de la capitale.
Le directeur des prisons de la province de Téhéran, Sohab Soleymani, a parlé quant à lui de "15 à 16 personnes" arrêtées.
Les femmes restent à la pointe du combat pour les libertés individuelles en Iran, après l'essoufflement du mouvement étudiant, qui a été durement réprimé au début des années 2000.
En juin 2006, 70 personnes, dont 42 femmes, avaient été interpellées par la police iranienne alors qu'elles manifestaient pour l'égalité des droits entre les deux sexes en Iran.
La manifestation avait été brutalement dispersée par la police et certaines des manifestantes arrêtées. Parmi ces dernières Noushine Ahmadi Khorasani, Parvin Ardalan, Shahla Entessari, Sussan Tahmassebi et Fariba Davoudi Mohajer étaient convoquées dimanche matin devant le tribunal révolutionnaire de Téhéran pour avoir organisé cette manifestation.
Les militantes féministes ont multiplié les actions pour obtenir des modifications de la loi islamique, en vigueur en Iran, dans le sens d'une plus grande égalité entre les femmes et les hommes.
En novembre dernier, elles ont lancé une campagne pour réunir un million de signatures pour demander aux autorités d'abroger la loi sur la lapidation pour adultère.
La loi islamique appliquée en Iran prévoit la lapidation des femmes et des hommes pour adultère, mais ces dernières années le chef de l'autorité judiciaire a annulé plusieurs sentences.
Les militantes féministes protestent également contre la discrimination dont souffrent les femmes iraniennes au regard de la loi.
Ainsi, le témoignage d'une femme devant la justice vaut seulement la moitié de celui d'un homme.
De même, le "prix du sang" pour une femme vaut la moitié de celui d'un homme. Le prix du sang, qui est le montant que les proches d'une victime d'un accident ou d'un crime peuvent réclamer à son responsable, est fixé chaque année par la justice et vaut actuellement 260,25 millions de rials (environ 23.660 euros).
En matière de succession, les femmes reçoivent moitié moins que les hommes, et en matière criminelle elles sont jugées responsables dès l'âge de neuf ans, contre 15 ans pour un garçon.
Dans le même temps, les Iraniennes prennent une part de plus en plus active dans la société. Désormais, elles sont plus nombreuses que les hommes à entrer dans les universités. Et elles prennent aussi une part toujours plus importante dans le tissu économique.
En politique, elles ont réalisé une percée aux élections municipales de décembre, parvenant à remporter quelques fauteuils de conseillères au sein des conseils municipaux dans une dizaine de villes moyennes du pays.