L’avocate iranienne emprisonnée Nasrine Sotoudeh et le cinéaste et réalisateur Jafar Panahi, sont les deux Iraniens désignés parmi les nominés du prix Sakharov cette année.
Stop Fundamentalism.com, 14 octobre – Le Parlement européen pourrait attribuer à deux Iraniens, une avocate et un cinéaste, le Prix 2012 Andrei Sakharov pour la liberté de pensée, a annoncé le site du Parlement européen.
Nasrin Sotoudeh est une éminente avocate iranienne spécialiste des droits humains. Elle a représenté un grand nombre de militants iraniens de l’opposition emprisonnés et des politiciens suite à la contestation des élections présidentielles iraniennes de juin 2009. Elle a également représenté de nombreux prisonniers condamnés à mort pour des délits imputés alors qu’ils étaient mineurs. Elle compte parmi les meilleurs avocats en Iran, emprisonnés pour avoir fait leur travail en défendant leurs clients.
Sotoudeh a été arrêtée en septembre 2010 sur des accusations de propagande et de conspiration en vue de nuire à la sécurité de l’État. Emprisonnée, elle a été placée en isolement à la prison d’Evine. En janvier 2011, les autorités iraniennes ont condamné Sotoudeh à 11 ans de prison, tout en lui interdisant de pratiquer le droit et de quitter le pays pendant 20 ans. Son mari, Reza Khandan, dit qu’elle s’est rétractée de toutes ses demandes d’appel.
Jafar Panahi est un réalisateur et scénariste de film. Il a gagné sa première reconnaissance internationale avec son film « Le Ballon blanc » en 1995 remportant la Caméra d’Or au Festival de Cannes de 1995, qui était en fait la première récompense majeure remportée par un film iranien à Cannes. Bien que les films de Panahi aient été la plupart du temps interdits en Iran, il a été rapidement reconnu comme un cinéaste influent dans le pays remportant d’autres prix comme le Léopard d’or en 1997, le Lion d’Or en 2000 ou encore le Cercle et l’Ours d’argent au festival du film de Berlin en 2006.
Panahi a été arrêté en 2010 avec sa femme, sa fille et des amis et a été plus tard inculpé pour « propagande contre le gouvernement iranien». Il a ensuite été condamné à une peine d’emprisonnement de six ans et à une interdiction de travailler dans le milieu du cinéma pendant 20 ans. On lui a également interdit d’être présent dans les médias et aussi de quitter le pays.
La courte liste des nominés comprend également un groupe féministe russe de musique punk-rock, un militant civil de Bielorussie, trois personnalités de l’opposition rwandaise et un assistant juridique pakistanais des victimes de la loi sur le blasphème.
Le prix Sakharov pour la liberté de pensée est décerné chaque année en l’honneur des personnes exceptionnelles qui luttent contre l’intolérance, le fanatisme, l’oppression, la défense des droits de l’homme et de la liberté d’expression, précise le site du Parlement européen.
Le vainqueur sera désigné le 26 octobre par les dirigeants de groupes politiques et sera décerné le 12 décembre au cours d’une cérémonie lors de la session plénière du Parlement européen à Strasbourg.
Cinq militants arabes ont reçu le prix en 2011 en reconnaissance du soutien européen à la liberté et au Printemps Arabe. Certains anciens gagnants incluent les lauréats du Prix Nobel comme Nelson Mandela (1988), Aung Sang Suu Kyi (1990) et l’ONU, représenté par le Secrétaire général Kofi Annan (2003). Le prix est décerné depuis 1988 par le Parlement européen.