Deux journalistes iraniennes, Niloufar Hamedi et Elaheh Mohammadi, qui avaient rendu compte de la mort et de l’enterrement de Mahsa Amini, ont été condamnées à de lourdes peines d’emprisonnement d’une durée de 25 ans, ce qui porte un coup très dur à la liberté de la presse.
CSDHI – Les deux journalistes ont déjà passé plus d’un an derrière les barreaux pour avoir simplement fait éclater la vérité. Mmes Hamedi et Mohammadi ont été initialement détenues dans la prison de Qarchak, tristement célèbre pour la dureté de ses conditions de détention. Le 1er mai 2023, elles ont été transférées à la prison d’Evine. Le jugement a été rendu par la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran, présidée par le juge controversé Salavati.
Niloufar Hamedi, photojournaliste dévouée du journal Shargh, risquait une peine de 13 ans : sept ans pour « collaboration avec le gouvernement hostile des États-Unis », cinq ans pour « rassemblement et collusion en vue de commettre des crimes contre la sécurité nationale » et un an pour « propagande contre la République islamique d’Iran ». Le travail révolutionnaire de Mme Hamedi a notamment consisté à capturer la première photo poignante de Mahsa Amini dans le coma, qu’elle a ensuite publiée.
Elaheh Mohammadi, journaliste au journal Ham-Mihan, a été condamnée à une peine de 12 ans : six ans pour le même chef d’accusation de « collaboration avec le gouvernement hostile des États-Unis », cinq ans pour « rassemblement et collusion en vue de commettre des crimes contre la sécurité nationale » et une année supplémentaire pour « propagande contre la République islamique d’Iran ». M. Mohammadi avait courageusement rédigé un article détaillé sur les funérailles de Mahsa Amini et avait également réussi à obtenir une interview exclusive de son père endeuillé.
Les deux journalistes ont été condamnées à des peines supplémentaires, qui resserrent encore l’étau sur leurs libertés individuelles. Elles comprennent une interdiction de deux ans de participer à un parti politique, un groupe ou une association, ainsi qu’une interdiction de participer à des activités dans le cyberespace, dans les médias et dans la presse.
Les deux journalistes ont été jugées pour la première et la deuxième fois respectivement le 30 mai et le 25 juillet 2023. Si les jugements ne sont pas annulés en appel, Mmes Hamedi et Mohammadi seront emprisonnées respectivement pour sept et six ans, compte tenu des conventions du système juridique iranien.
Ces verdicts troublants ont fait froncer les sourcils et suscité des inquiétudes quant à l’état de la liberté de la presse en Iran. Les deux journalistes ont été arrêtées à un jour d’intervalle, Hamedi le 22 septembre 2022 et Mohammadi le 23 septembre.
Avec ces condamnations, un message glaçant a été envoyé aux journalistes iranien(ne)s : le prix à payer pour dire la vérité est élevé. La communauté internationale observe la situation en espérant que la justice prévaudra pour Mmes Hamedi et Mohammadi.
Source : Stop au Fondamentalisme