CSDHI – Yavar Veisi, un porteur kurde de 27 ans, ou Koulbar, a entrepris un voyage périlleux depuis la ville iranienne de Paveh, dans la province occidentale de Kermanshah, jusqu’au poste frontière de Nosud, en Irak, dans la soirée du 26 novembre.
Son retour a été marqué par une tragédie. Le jeune homme a été retrouvé mort et ramené par des compagnons Koulbars qui avaient assisté à sa rencontre fatale avec les gardes-frontières iraniens.
Quelques heures auparavant, un autre Koulbar, Farooq Alizadeh, âgé de 17 ans, avait connu le même sort à des centaines de kilomètres de là.
Ces incidents ont mis en lumière la situation critique des Koulbars, des porteurs qui, pour gagner leur vie, transportent des marchandises sur leur dos à travers les frontières de l’Iran et sur de longues distances, principalement dans les régions kurdes pauvres et montagneuses adjacentes à l’Irak.
Les autorités iraniennes qualifient les Koulbars de « contrebandiers », mais les organisations de défense des droits de l’homme soutiennent que leur activité est une forme de survie pour de nombreux hommes vivant dans des régions frontalières pauvres où les opportunités économiques sont rares.
Yavar, un passionné de football qui avait abandonné l’école après avoir obtenu son diplôme en raison de contraintes financières, a été frappé par une balle.
Il était le père dévoué de deux enfants âgés de deux ans et cinq mois.
Selon ses compagnons, Yavar n’était pas armé et ne portait même pas de charge lorsqu’il a été abattu.
Les défenseurs des droits de l’homme ont condamné son assassinat et le mépris flagrant des forces de sécurité pour la vie humaine.
« Yavar a été abattu par les forces du régiment frontalier [Nosud] alors qu’il n’avait pas franchi la frontière irakienne et qu’il ne transportait aucune marchandise », a déclaré une source à IranWire. « Il a succombé à ses graves blessures une heure après avoir été transféré au centre médical de Nosud.
« Son frère et plusieurs autres personnes étaient présents et ont vu qu’il n’avait même pas de chargement sur lui. Ils ont pris pour cible un simple passant », ajoute la source.
Le 26 septembre au matin, la vie de Farooq a été interrompue par des gardes-frontières iraniens près du poste frontière de Baneh, laissant derrière lui une famille en proie au chagrin.
La balle a atteint la poitrine de Yavar, tandis que Farooq a été touché à la tête.
Une vidéo montrant un Farooq souriant s’efforçant de porter le fardeau que ses compagnons lui ont mis sur le dos met en évidence les dures réalités auxquelles sont confrontés les Koulbars.
Des photos de Yavar et de ses enfants illustrent le lien tendre qui unit le jeune père à sa famille.
Selon les organisations de défense des droits de l’homme, au moins 594 Koulbars ont été tués par les gardes-frontières iraniens au cours des 12 dernières années. Les victimes ont été abattues ou sont tombées de haut en évitant les tirs.
En outre, 1 364 Koulbars ont été blessés et cinq autres sont portés disparus.
Pas moins de 36 des personnes tuées ou blessées avaient moins de 18 ans.
Source : IranWire