Reporters sans frontières : 23 novembre - (extraits) Six ans après les assassinats en série d'intellectuels et de journalistes, les familles toujours dans l'attente.
Six longues années d'une impunité quasi totale et qui ne semble pas près de s'arrêter tant la justice iranienne a apporté maintes fois la preuve de sa complicité et de son hypocrisie dans ces affaires.
« L'interdiction faite aux familles des victimes de manifester pour marquer le sixième anniversaire des assassinats d'intellectuels et de journalistes reflète l'obstruction et la mauvaise foi de la justice iranienne, entre les mains des conservateurs au pouvoir », a déclaré Reporters sans frontières. L'une des plus intolérables illustrations de cette impunité est sans conteste la nomination, en juin 2004, de l'ancien ministre des Renseignements, Ghorbanali Dorri-Najafabadi, au poste de procureur de la République par le chef suprême de l'autorité judiciaire, l'ayatollah Shahroudi. L'ancien ministre avait été directement mis en cause dans le dossier des assassinats en série, mais sans être jamais poursuivi.
Dans l'affaire Zahra Kazemi, photographe irano-canadienne décédée lors de sa détention en juillet 2003, la justice iranienne a encore une fois fait preuve d'une duplicité et d'une hypocrisie sans bornes. Interpellée le 23 juin 2003, alors qu'elle photographiait des familles de détenus devant la prison d'Evine, Zahra Kazemi est vraisemblablement décédée le 10 juillet. Après avoir tenté de dissimuler les causes de sa mort pendant près d'une semaine, les autorités iraniennes ont finalement reconnu qu'elle avait été battue à mort.
Suite à une enquête parlementaire iranienne et sous la forte pression du Canada et de la communauté internationale, la justice a désigné un agent des services de renseignements, l'un des interrogateurs de Zahra Kazemi pendant sa détention, comme responsable de sa mort. Celui-ci a été inculpé avant d'être innocenté après un simulacre de procès, le 24 juillet 2004. Quelques jours après cette parodie de procès, la justice iranienne revenait sur toutes les conclusions de l'enquête et déclarait que Zahra Kazemi était décédée de manière « accidentelle ».