The Washington Times, éditorial, 11 mai – Il y a un an, le Washington Times a permis d'attirer l'attention du monde sur le sort de Farzad Kamangar, un instituteur kurde, accusé à tort d'être un terroriste par le régime islamique de Téhéran. Il a passé près de quatre années sous la torture physique et mentale dans le système pénitentiaire de l'Iran. Les souffrances de M. Kamangar ont cessé dimanche au bout d’une corde et d’un nœud coulant. Il avait 34 ans.
M. Kamangar a été tué avec quatre autres « mohareb» ou «ennemis de Dieu », que le régime dit avoir «reconnu coupables d’actes terroristes ». Trois de ces cas étaient encore en cours de révision obligatoire lorsque les exécutions ont été faites à la hâte. Les liaisons téléphoniques à la tristement célèbre prison d'Evine à Téhéran ont été coupées au cours du week-end pendant que les exécutions se préparaient et se faisaient. Le régime n'a pas avisé à l'avance les familles ou les avocats de la défense des condamnés, comme requis par la loi – ils ont appris l'exécution par un communiqué de presse. Pour un régime qui se prétend être l'instrument de Dieu, il se comporte plutôt comme une cabale criminelle avec quelque chose à cacher.
Le crime de M. Kamangar était d'être Kurde. Il enseignait dans une école primaire de la ville de Kamyaran, dans le nord-ouest de l'Iran, où il était membre de l'Union des enseignants du Kurdistan et écrivait pour diverses publications clandestines des droits de l'homme. Il enseignait secrètement à ses élèves la langue kurde interdite et leur racontait leur culture et leur histoire. Il a été arrêté en juillet 2006 et soumis à des passages à tabac, des coups de fouet, des chocs électriques, la malnutrition, la privation de sommeil, l'isolement dans le froid et des cellules sordides. Ses cris de tourments étaient noyés par des bandes sonores diffusant des passages du Coran.
M. Kamangar a eu un procès de cinq minutes en février 2008. Son avocat, Khalil Bahramian, a déclaré au téléphone au Washington Times depuis l'Iran l'an dernier qu'il n'y avait « absolument aucune preuve contre Farzad le reliant à un groupe ou une activité terroriste ». Farzad, dit-il, « est un enseignant, un poète, un journaliste, un militant des droits humains et une personne spéciale ». Et aucune de ces preuves n’a été présentée au tribunal, ou lui a été nécessaire pour rendre son jugement sommaire et prédéterminé.
Dans sa dernière lettre de la prison, M. Kamangar racontait l'histoire iranienne du « petit poisson noir », écrit en 1967 par l’enseignant opposant Samad Behrangui, retraçant l'histoire d'un petit poisson qui défie les règles de sa communauté pour s’engager dans un voyage à la découverte de la mer. Grâce à de nombreuses aventures, le petit poisson noir trouve la liberté, mais aussi une mort prématurée. « Est-il possible d'être enseignant et ne pas montrer le chemin vers la mer aux petits poissons du pays ? » écrit-il. « Est-il possible de porter le lourd fardeau d'être enseignant et responsable de semer les graines de la connaissance et cependant de se taire ? Est-il possible de voir la gorge serrée des élèves et leurs visages malingres et malnutris et de se taire ? … Je ne peux pas imaginer voir la douleur et la pauvreté du peuple de cette terre et ne pas donner notre cœur à la rivière et la mer, et au flot grondant. »
M. Kamangar a écrit : « Le petit poisson nageait tranquillement dans la mer et pensait : affronter la mort ne m’est pas difficile et je ne le regrette pas. »