Voice of America, 19 mai – La chaîne en persan, Voice of America a diffusé une interview du fils de Jafar Kazemi, prisonnier condamné à mort :
On trouve dans le couloir de la mort Jafar Kazemi, dont le fils réside au camp d'Achraf, en Irak. Les résidents du camp d'Achraf connaissent de nombreux problèmes et nous en avons parlé dans le passé. Mais aujourd'hui, ce n'est pas notre propos. Nous allons maintenant nous entretenir à M. Behrouz Kazemi (fils de Jafar Kazemi).
VOA : M. Kazemi, en tant qu’Iranien vivant hors d'Iran et dans un lieu comme le camp d'Achraf, quelles que soient vos convictions, ce qui n'est pas le sujet aujourd’hui, en tant que personne, en apprenant la condamnation de votre père, comment avez-vous réagi ?
Behrouz Kazemi : Il m’avait été extrêmement difficile d’apprendre son arrestation et sa condamnation à mort après m’avoir rendu visite à la Cité d'Achraf. Quand j'ai appris la peine de mort de mon père, pour moi, son fils, ça m’a été particulièrement pénible.
VOA : De quoi est-il accusé ? Nous avons entendu dire qu'un de ses «crimes», c’est la visite qu’il vous a rendu.
BK : Oui. Comme vous le savez, le régime a condamné six personnes à mort et l'un d'eux est Jafar Kazemi. Mon père a été arrêté lors des manifestations de la Journée de Qods. Pendant deux semaines, nous sommes restés sans nouvelles. Puis nous avons découvert que mon père était incarcéré à la prison d'Evine. Environ quatre mois après, dans un simulacre de procès, mon père a été condamné à mort. Nous avons appris la nouvelles par son avocat, mais la peine a été confirmée à l'insu de son avocat. Pendant ce temps, le régime a tout fait pour attribuer à mon père la peine de mort sur la base d’une fausse affaire. La seule raison de cette peine de mort, c’est parce qu'il m'a rendu visite à la Cité d'Achraf il y a deux ans. Cela signifie que le régime ne tolère pas le droit fondamental d'une personne de rendre visite à sa famille. C’est pour cette raison, qu’il a été arrêté, accusé d'être Mohareb (ennemi de Dieu), et qu’ils ont prononcé cet arrêt de mort. Il est ridicule que le régime ne tolère pas que nos familles nous rendent visite à la Cité d'Achraf. D’autant plus que cela fait 100 jours qu’avec l'aide du gouvernement irakien, le régime a amené (d’Iran) des parents de résidents d'Achraf devant le camp pour torturer mentalement et physiquement les résidents.
VOA : C'est un sujet différent. Qu’attendez-vous du monde vis-à-vis de la condamnation de votre père ? Je veux dire, de l'Organisation des Nations Unies ? Pensez-vous que le monde y est attentif et que c'est juste le régime qui ne s’en soucie pas ?
BK: Pour essayer de sauver mon père, j'ai écrit à l'ONU et d'autres organisations. Peut-être que le monde prendra conscience et ouvrira les yeux sur les crimes en Iran contre des innocents, dont fait partie mon père. Peut-être que le monde va ouvrir les yeux et voir qu'il y a autant de gens punis de mort. Comme vous le savez, cinq autres personnes, qui nous étaient si chères à tous, ont été récemment exécutées.
La raison principale de ces crimes [l'emprisonnement et l'exécution] vise à semer la peur dans la population jusqu’à l'anniversaire du soulèvement populaire, qui arrive en Khordad (le 12 juin 2010). Le régime redoute au plus haut point ces manifestations, alors il commet des crimes contre les prisonniers politiques.
VOA : Donc, votre père a été accusé d'avoir attenté à la sécurité nationale ? C'est ce que le gouvernement de la République islamique d'Iran dit. Cette accusation, n’est-elle à coup sûr injuste ? Ils considèrent donc la visite que vous a rendue votre père comme une menace à la sécurité nationale ?
BK: C'est exact. Comme je l'ai mentionné précédemment, avec cette peine de mort, le régime démontre que le droit fondamental de voir sa famille est considéré comme une action contre la sécurité nationale. Comment une visite à sa famille peut menacer la sécurité nationale ? Or en même temps, le régime amène des parents à la Cité d'Achraf et essaie de les faire parler contre nous. C’est la contradiction du régime.
VOA : Je vous remercie M. Behrouz Kazemi, résident de la Cité d'Achraf en Irak, qui abrite les partisans des Moudjahidine du peuple d'Iran. Merci beaucoup.
BK: Je vous remercie pour ce temps d’antenne. Merci à vous.