Ouest-France – Le Haut-Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Zeid Raad al-Hussein, a dénoncé ce vendredi des « crimes de portée historique » en Syrie. Ses propos visent plus particulièrement la ville d’Alep, qui est aujourd’hui devenue selon lui « un abattoir ». Il accuse « toutes les parties » liées au conflit.
À l’ouverture d’une session spéciale du Conseil des droits de l’homme de l’ONU consacrée à la situation humanitaire à Alep, Zeid Raad al-Hussein a accusé « toutes les parties » liées au conflit. Alep est, selon lui, un véritable théâtre de « violations des lois humanitaires internationales », qui constituent selon lui « des crimes de guerre ».
« Le siège et le bombardement d’Alep-est ne sont pas simplement une tragédie, ils constituent des crimes d’une portée historique », a-t-il affirmé.
« S’ils ont été commis en toute connaissance dans le cadre d’une attaque d’envergure ou systématique dirigée contre les civils, ils constituent des crimes contre l’humanité », a-t-il martelé.
« Alep est aujourd’hui un abattoir »
La session spéciale a été réclamée par 16 pays dont les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France.Une résolution sera soumise au vote des membres du Conseil en fin de journée, mais la Russie, soutien du régime du président syrien Bachar al-Assad, va veiller à empêcher toute condamnation de Damas.
Le Haut-Commissaire a rappelé que plus de 300 000 Syriens avaient été tués depuis le début du conflit en mars 2011. « L’ancienne cité d’Alep est aujourd’hui un abattoir », a-t-il dit, en citant les « attaques délibérées et répétées » contre des hôpitaux, des écoles, des marchés, des boulangeries et des stations d’épuration d’eau.
« L’échec collectif de la communauté internationale à protéger les civils et à arrêter ce bain de sang devrait hanter chacun d’entre nous », a poursuivi M. Zeid, avant d’appeler le Conseil de Sécurité de l’ONU à « mettre de côté ses rivalités et à agir d’une même voix ».
« Personne n’est à l’abri »
Le président de la Commission d’enquête internationale sur la Syrie, mandatée par le Conseil des Droits de l’Homme, Paulo Sergio Pinheiro, a pour sa part dénoncé les bombardements de l’aviation syrienne, soutenue par l’aviation russe, contre la partie orientale d’Alep, tenue par les rebelles, et les tirs de mortier venant de groupes d’insurgés et visant la population d’Alep-ouest.
« Personne n’est à l’abri d’une attaque des parties au conflit », a-t-il dit, en rappelant qu’« un peu plus d’un quart de million de personnes sont prisonnières d’Alep-est, sans suffisamment de nourriture et souvent sans assez d’eau ».
Paulo Sergio Pinheiro a réclamé une nouvelle fois que le conflit en Syrie soit porté devant la Cour pénale internationale par le Conseil de sécurité. Cette hypothèse est cependant peu vraisemblable car le Conseil reste divisé, la Russie continuant de protéger son allié syrien.