CSDHI – Molavi Abdolhamid Ismaeelzahi, le plus ancien clerc sunnite d’Iran, a écrit au guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei pour lui demander de « calmer les inquiétudes de la communauté sunnite » au sujet des rapports selon lesquels un ordre a été émis pour accélérer les exécutions des prisonniers sunnites condamnés à mort. Dans une lettre publiée le 20 février 2017, Molavi Abdolhamid a fait mention des « rumeurs publiées dans certains médias concernant un ordre secret du chef du pouvoir judiciaire (Sadegh Larijani) pour accélérer l’exécution des prisonniers sunnites condamnés pour des crimes liés à la drogue ».
Molavi Abdolhamid, le chef de la prière sunnite du vendredi de la ville de Zahedan, a également mentionné des exécutions récentes dans plusieurs villes à majorité sunnite, ce qui « renforce la possibilité que l’ordre secret du chef du pouvoir judiciaire existe réellement » et donc « exige l’intervention prudente et paternelle du sage leader (Khamenei) pour calmer les inquiétudes de la communauté sunnite ».
L’Iran détient l’un des taux d’exécution par habitant, les plus élevés au monde. L’une des provinces les plus pauvres de l’Iran, le Sistan et le Baloutchistan, possède le nombre d’exécutions par habitant est le plus élevé du pays.
Un taux de chômage élevé a conduit bon nombre d’habitants de cette région majoritairement sunnites vers le trafic illégal de drogues versées en Iran depuis les frontières de l’Afghanistan et du Pakistan.
L’Iran compte quelque 5 000 prisonniers dans le couloir de la mort et « 90% d’entre eux ont entre 20 et 30 ans, et sont des délinquants (de drogues) pour la première fois », a déclaré Hassan Norouzi, membre du Parlement, le 23 novembre 2016.
Le Parlement envisage actuellement d’adopter un amendement qui empêcherait le pouvoir judiciaire d’imposer la peine de mort aux personnes condamnées pour un délit mineur dans le domaine du trafic de drogue.
Les « rumeurs » dont parle Molavi Abdolhamid ont commencé lorsque Amad News, un site d’information de l’opposition dirigé par des réformistes, a rapporté le 18 février qu’un « haut fonctionnaire judiciaire » avait divulgué un ordre du chef de la justice consistant à accélérer l’exécution de près de 50 prisonniers condamnés à mort pour trafic de drogue avant que le Parlement ne ratifie l’amendement.
Le pouvoir judiciaire n’a fait aucune remarque le rapport.
Depuis les deux derniers mois de 2016, l’élan est en train de s’accroître parmi les législateurs pour obliger un système judiciaire dur et réticent à limiter la peine capitale.
Le 12 février, la commission parlementaire pour les affaires juridiques et judiciaires a voté en faveur de la peine de mort uniquement pour les personnes reconnues coupables de délits liés à la drogue, impliquant une accusation de « corruption sur terre », qui inclut l’utilisation d’armes.
L’amendement, qui exige l’approbation complète du Parlement et du Conseil des gardiens avant sa mise en œuvre, demande que l’article 46 de la loi contre le trafic de drogue limite la peine de mort aux « barons de la drogue organisés », au « trafic d’armes », aux « récidivistes »s et aux « dealers de drogue en vrac », et réduise la peine pour les délits mineurs à la prison à vie ou moins.
Source : Campagne Internationale pour les Droits de l’Homme en Iran