CSDHI – Les autorités de la prison de Khoy ont saisi les effets personnels, de la prisonnière politique kurde Zeynab Jalalian. Elles lui ont pris notamment des couvertures, des vêtements personnels, des livres. Les agents carcéraux n’ont fourni aucune raison particulière.
Zeinab Jalalian dans le collimateur des autorités carcérales
« Plusieurs inspecteurs de la prison de Khoy ont visité le pavillon des femmes le matin du 28 novembre 2018. Ils ont inspecté le lit de Zeynab Jalalian. Puis, ils ont saisi tous ses effets personnels. Ils lui ont dit qu’elle n’avait pas le droit de garder autre chose que les vêtements qu’elle portait jusqu’à nouvel ordreé, a déclaré une source fiable au Kurdistan Human Rights Network (KHRN).
Selon une source, Zeynab Jalalian et ses codétenues ont vivement protesté. Elles n’avaient jamais vu un tel comportement auparavant. En réponse à ces protestations, le département d’inspection de la prison de Khoy a révélé que des autorités supérieures avaient donné l’ordre d’inspecter.
La source a ajouté que la famille de Mme Jalalian, est allée à la prison centrale de Khoy le lundi 26 novembre 2018 pour lui rendre visite. Mais des agents l’ont interrogée avant de lui donner l’autorisation de lui rendre visite.
Au cours des derniers mois, le ministère du renseignement a donné instruction d’augmenter la pression sur la prisonnière politique.
Protestations, grève de la faim
Le 30 juillet, nous avons appris que Zeynab Jalalian et neuf prisonnières de droit commun avaient commencé une grève de la faim. Elles protestaient car elles étaient privées des visites hebdomadaires de leur famille et des installations carcérales de base. Un site affilié au ministère du renseignement a nié la nouvelle de la grève. Pour ce faire, il a publié l’interview d’une personne appelée « Mostafa Moloodi » qui s’est présentée comme l’avocat de Zeynab Jalalian.
Lors d’une conversation avec KHRN plus tard, la prisonnière politique a nié que cette personne était son avocat. Des enquêtes complémentaires menées par le KHRN ont également révélé que cet avocat n’existait pas.
Le ministère du renseignement avait précédemment montré plusieurs faux documents du Centre de santé de la prison dans un documentaire diffusé par la télévision. Il affirmait notamment que les autorités carcérales avaient transféré Zeynab Jalalian à l’hôpital pour y recevoir un traitement médical. Zeynab Jalalian a réfuté cette affirmation.
Zeynab Jalalian est née en 1982. C’est une militante kurde, originaire d’un petit village connu sous le nom de Deim Qeshlaq. Il se trouve près de Maku, dans la province de l’Azerbaïdjan oriental, en Iran. Les forces du bureau du renseignement de Kermanshah l’ont arrêtée en février 2007. Les responsables iraniens l’ont accusée d’appartenir au PJAK. Pendant un mois, ils l’ont interrogée au centre de détention des services de renseignement de Kermanshah. Ils lui ont fait endurer de graves tortures mentales et physiques. Ensuite, ils l’ont transférée au Centre de réhabilitation des jeunes de Kermanshah. Cependant, ils l’ont ramenée à plusieurs reprises au Centre de détention de sécurité pour de nouveaux interrogatoires.
Condamnée à mort puis à la prison à vie
Le 3 décembre 2008, Mme Jalalian a été condamnée à mort pour « actions armées contre la République islamique d’Iran et appartenance au PJAK, ainsi que pour possession et port d’armes illégales lors d’actes de guerre de propagande contre la République islamique d’Iran ». C’est le juge Moradi du tribunal révolutionnaire de Kermanshah (branche 1) qui a prononcé cette sentence. Le juge Ali Mohammad Roshani de la Cour d’appel de Kermanshah (branche 4) a confirmé la peine, le 2 avril 2009 malgré les déclarations de contestation préparées par son avocat.
La Cour suprême a confirmé sa condamnation à mort le 26 novembre 2009. Elle a été transférée de la prison de Kermanshah vers un lieu inconnu avant d’être emmenée à la prison d’Evine à Téhéran début mars 2010. Les autorités l’ont enfermée dans le pavillon 209 de la prison d’Evine pendant cinq mois avant de la transférer à nouveau à la prison de Dizelabad à Kermanshah. En effet, elle a refusé d’accepter la condition d’émancipation de la peine de mort imposée par les autorités. On lui a proposé de s’émanciper de la peine de mort si elle acceptait de faire une interview télévisée. Elle courait le risque imminent d’être exécutée après la confirmation de la sentence. Cependant, sa peine de mort a été réduite à la prison à vie en novembre 2011.
En novembre 2014, les agents du régime l’ont transférée à la prison de Khoy. Celle-ci se trouve à trois heures du domicile de sa famille. Une telle distance rend les visites de ses proches, en particulier de ses parents âgés, très difficiles. Au cours des dix dernières années de son incarcération, elle s’est vue refuser le droit à un congé temporaire pour raisons humanitaires ainsi qu’à un traitement médical en dehors de la prison pour ses maladies causées par la torture et les mauvaises conditions carcérales.
Zeynab Jalalian est en grève des services médicaux. Elle ne prend plus les médicaments qui lui ont été prescrits depuis février 2017.
Source : Kurdistan Human Rights Network