UNESCO – Les trois journalistes iraniennes, Niloofar Hamedi, Elaheh Mohammadi et Narges Mohammadi, sont désignées lauréates du Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano 2023, sur recommandation d’un jury international de professionnels des médias. La cérémonie de remise du prix aura lieu mardi 2 mai au soir à New York, en présence d’Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO.

Il est plus que jamais essentiel de rendre hommage à toutes les femmes journalistes à travers le monde qui sont empêchées d’exercer leur profession et font l’objet de menaces et d’attaques. Aujourd’hui, par ce Prix, nous mettons à l’honneur leur engagement en faveur de la vérité et de la transparence.
Audrey Azoulay Directrice générale de l’UNESCO.
Nous tenons à honorer le travail des courageuses journalistes iraniennes dont les reportages ont conduit à une révolution historique, menée par les femmes. Elles ont payé un lourd tribut pour leur engagement à révéler la vérité et à la diffuser. C’est pourquoi nous tenons à leur rendre hommage et à faire en sorte que leurs voix continuent de résonner dans le monde entier jusqu’à ce qu’elles soient en sécurité et libres.
Zainab Salbi Présidente du jury international composé de professionnels des médias
Trois lauréates
Niloofar Hamedi écrit pour le grand quotidien réformateur Shargh. Elle a annoncé le décès de Masha Amini, survenu le 16 septembre 2022 à la suite de sa garde à vue. Niloofar Hamedi est en isolement dans la prison iranienne d’Evin depuis septembre 2022.
Elaheh Mohammadi écrit pour le journal réformateur Ham-Mihan et couvre les questions sociales et l’égalité des genres. Elle a fait un reportage sur les funérailles de Masha Amini et est également détenue à la prison d’Evin depuis septembre 2022. En 2020, elle avait déjà été interdite de reportage pendant un an en raison de son travail.
Niloofar Hamedi et Elaheh Mohammadi sont toutes deux lauréates du Prix international de la liberté de la presse 2023 décerné par les Journalistes canadiens pour la liberté d’expression (CJFE) et du Prix Louis M. Lyons 2023 pour la conscience et l’intégrité dans le journalisme décerné par Harvard. Elles figurent sur la liste des 100 personnes les plus influentes de 2023 du Time Magazine.
Narges Mohammadi a travaillé pendant de nombreuses années comme journaliste pour différents journaux. Elle est également autrice et vice-directrice de Defenders of Human Rights Center (DHRC), une organisation de la société civile basée à Téhéran. Elle purge actuellement une peine de 16 ans d’emprisonnement à la prison d’Evin. Elle a continué à écrire des articles depuis sa cellule et interviewé d’autres femmes en détention. Ces entretiens ont été publiés dans son livre White Torture (Torture blanche). En 2022, elle a reçu le Prix du courage de Reporters sans frontières (RSF).
Des femmes journalistes en danger
À l’échelle mondiale, les femmes journalistes et l’ensemble des femmes professionnelles des médias sont confrontées à une hausse des attaques en ligne et hors ligne et font l’objet de menaces disproportionnées et spécifiques. Les violences sexistes auxquelles elles sont exposées comprennent la stigmatisation, les discours de haine sexiste, le trolling, l’agression physique, le viol, et peuvent aller jusqu’au meurtre. L’UNESCO défend la sécurité des femmes journalistes en travaillant avec ses partenaires pour identifier et mettre en œuvre des bonnes pratiques et pour partager des recommandations avec toutes les parties impliquées, conformément aux nombreuses résolutions de l’ONU sur ce sujet.
En 2021, l’UNESCO a par exemple publié The Chilling, une étude sur les tendances mondiales de la violence en ligne contre les femmes journalistes, qui a démontré l’ampleur des attaques dont elles font l’objet et l’impact sur leur bien-être, leur travail et la liberté de la presse en général. L’UNESCO travaille avec ses partenaires pour développer des outils à l’usage des journalistes, des dirigeants de médias et les salles de presse afin de répondre aux abus en ligne et hors ligne. L’Organisation s’associe par ailleurs à des organisations spécialisées pour proposer aux femmes travaillant dans les médias des formations sur le terrain et en ligne, et sensibilise les forces de sécurité à la liberté d’expression en mettant l’accent sur l’égalité des genres.
À propos du Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano
Créé en 1997, le Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano récompense chaque année une personne, une organisation ou une institution ayant apporté une contribution exceptionnelle à la défense ou à la promotion de la liberté de la presse, où que ce soit dans le monde, en particulier lorsque cette contribution a été obtenue au mépris du danger avec bravoure. Il s’agit du seul prix des Nations Unies qui récompense des journalistes
Il tient son nom de Guillermo Cano Isaza, journaliste colombien assassiné le 17 décembre 1986 à Bogota (Colombie), devant les bureaux de son journal El Espectador. Il est financé par la Fondation Guillermo Cano Isaza (Colombie), la Fondation Helsingin Sanomat (Finlande), le Namibia Media Trust, la Democracy & Media Foundation Stichting Democratie & Media (Pays-Bas) et la Thomson Reuters Foundation.
L’action de l’UNESCO en faveur de la protection des journalistes
L’UNESCO est l’agence des Nations Unies en charge de la liberté d’expression et de la sécurité des journalistes dans le monde entier. Elle coordonne le Plan d’action des Nations Unies pour la sécurité des journalistes et la lutte contre l’impunité, dont le 10e anniversaire a été célébré lors d’une conférence mondiale organisée à Vienne (Autriche) cette année.
L’Organisation condamne chaque assassinat de journaliste et surveille les suites judiciaires données à chacun d’entre eux. Elle forme également les journalistes et les acteurs judiciaires, travaille avec les gouvernements pour élaborer des politiques et des lois favorables à la liberté de la presse, et sensibilise l’opinion publique mondiale par le biais d’événements tels que la Journée mondiale de la liberté de la presse (3 mai) et la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes (2 novembre), qui ont lieu chaque année.