CSDHI- Un groupe de détenus politiques de la prison de Gohardacht dans la ville de Karadj (en banlieue de Téhéran) appelle dans une lettre le Premier ministre italien à renoncer à sa visite en Iran. Ils lui brossent un tableau de ce qu’il ne veut pas voir :
Monsieur le Premier Ministre italien,
A la veille de votre venue dans notre patrie occupée, nous les prisonniers politiques enchaînés depuis des années dans les cachots redoutables des mollahs, attirons votre attention sur les crimes colossaux de ce régime dans notre cher pays, ainsi qu’au Moyen-Orient et dans le monde. Nous doutons que vous ne puissiez être au courant de ces activités néfastes, mais nous aimerions vous informer une fois de plus sur une petite partie de ces innombrables crimes:
Dès le début de l’instauration de ce régime et de sa domination sur ce pays, outre les pressions économiques et l’usurpation de la richesse de la nation et la vente du pétrole, ce régime a eu recours à la flagellation, la torture, l’exécution de la manière la plus horrible, la lapidation, et les agressions à l’acide sur les femmes et les filles « mal-voilées », en réponse aux protestations de toutes les couches de la société, y compris même de ceux proches de la clique dirigeante qui lorgnent sur une plus grande part de pouvoir.
Il suffit d’un bref regard sur les résolutions adoptées par le Conseil des droits de l’homme, le Troisième Comité des Nations Unies ou des déclarations des organisations et institutions des droits humains. La répression des journalistes, des intellectuels et des minorités ethniques et religieuses est tout à fait ordinaire pour ce régime qui a dépensé des milliards de dollars de la richesse des nations dans sa guerre antipatriotique [Iran-Irak] et puis il s’est mis à vouloir dominer la région en construisant une bombe atomique et des missiles porteurs d’ogives nucléaires.
Il a également eu recours au soutien financier et militaire des groupes terroristes qu’il entretient afin d’intervenir et d’ouvrir la voie à sa domination sur la région et sur le monde. En interne, il a répandu l’usage de la drogue chez les jeunes et les adolescents pour maîtriser le mécontentement.
Les exemples que nous avons donnés fournissent une passerelle vers la mentalité et l’idéologie de ce régime inhumain. Nous n’attendons pas autre chose de ce régime puisque c’est sa nature. Cependant, ce qui est douloureux et impardonnable c’est la complaisance des pays occidentaux, y compris du gouvernement italien, avec ce régime ; des pays qui ne se préoccupent pas du malheur, sauf quand il touche leurs voisins. Dans leur propre pays, ils sont à cent pour cent pour les droits humains, mais en ce qui concerne les pays sous la domination fasciste, ils n’ont soudain plus aucun engagement à cause du pétrole et des dollars. Au contraire, ils encouragent les fascistes en signant des accords, en faisant des visites, et en serrant leurs mains pleines de sang.
Nous vous déclarons donc que serrer les mains des mollahs et passer des contrats avec eux terniront sûrement votre réputation.
Nous ne vous demandons pas de vous référer aux droits des prisonniers ou de la nation iranienne pour vous sauver la face puisque vous et le régime êtes tout à fait conscients que cette manière de faire répugnante n’est plus de mise.
Nous condamnons donc fortement votre décision de faire ce voyage et nous vous appelons à de ne pas aller en Iran sous la tyrannie qui va ternir l’histoire des relations entre nos deux nations par cet acte qui est votre décision personnelle.
Les prisonniers politiques de la prison de Gohardacht