CSDHI – Aucun sponsor ne soutient l’équipe féminine iranienne de football qui a remporté la coupe des championnats asiatiques. Les athlètes féminines iraniennes sont unanimes pour dire que c’est l’un des principaux problèmes auxquels elles sont confrontées.
Shahnaz Yari, l’entraîneure responsable de l’équipe féminine de football de Sepidrood à Téhéran, explique comment l’interdiction de diffuser les matches féminins les affecte. Elle a dit : « Les sponsors veulent être vus. Sinon, ils ne financeraient pas (aucune équipe), et c’est l’un des principaux problèmes qui a rendu les choses difficiles pour les équipes féminines de football ».
Le manque de fonds entraîne alors l’annulation des jeux et la participation des équipes. Yari poursuit : « Les irrégularités survenues au début de la ligue étaient principalement dues aux équipes. Les matches auraient débuté le 27 juillet, s’il y avait eu 14 équipes dans la ligue, mais le nombre d’équipes a été réduit à 12, et hier, il a même été réduit à 11. Ces incidents sont dus à l’existence ou à l’absence de sponsors qui financent les équipes ». (Agence de presse officielle, ISNA – le 8 août 2018)
Dans un autre exemple, l’entraîneur en chef du club de football Sherkat Melli Haffari, Zivar Babaii, a parlé des effets de l’économie en faillite du pays sur les équipes de la première Ligue et a déclaré : « Les problèmes économiques affectent toutes les équipes et cette année aussi, nous sommes aux prises avec ces problèmes. Le manque de sponsors et de soutien financier a empêché de nombreuses équipes à participer à la Ligue de cette année. En conséquence, le début de la ligue a dû être reporté. La situation économique de la société affecte également le sport de notre pays. Si nous continuons dans cette direction, les équipes seront également confrontées à des difficultés. Parce qu’on leur accorde un certain montant de crédit, mais quand que le taux de change augmente chaque jour, le crédit ne suffira plus pour les dépenses de l’équipe ? »
Babaii a également remis en question la notion de ligue professionnelle en Iran et a déclaré : « Ils l’appellent la ligue professionnelle, mais rien n’est professionnel. Vous pouvez voir ce manque de professionnalisme dans un large éventail de questions, y compris les stades où les jeux sont organisés et les contrats. Quand nous disons professionnel, cela signifie que c’est mon métier et c’est ainsi que je gagne mon salaire, mais ce n’est pas ce qui se passe en Iran ». (Agence de presse ISNA, 12 août 2018)
Neda Shahsavari, une joueuse iranienne de Ping Pong, a également soulevé le problème des moyens de subsistance des athlètes féminines. Elle a déclaré : « Dans les circonstances actuelles, aucune attention n’est accordée aux athlètes dans aucune des provinces. Étant donné que les athlètes passent le plus clair de leur temps dans les camps des équipes nationales, ils finissent par avoir des difficultés dans leur travail. Il est donc nécessaire que le ministère des sports et de la jeunesse trouve une solution. Malheureusement, nous constatons que les personnes chargées du sport, en particulier au ministère de l’éducation, ne sont spécialisées dans aucun domaine sportif ». (Agence de presse officielle, ISNA – 12 août 2018)
Les athlètes féminines iraniennes ne bénéficient d’aucune forme de soutien gouvernemental. Les restrictions qui leur sont imposées par le régime – par exemple, l’interdiction officielle de diffuser les matches de sport féminins sur la télévision publique – aggravent encore la situation car ils ne peuvent pas non plus solliciter de fonds auprès de sponsors privés. Cette situation a de graves conséquences pour eux. Parfois, les équipes sont dissoutes toutes ensemble, faute de sponsors. À d’autres moments, les équipes n’ont pas les moyens de voyager dans une autre ville pour participer aux tournois.
Les athlètes féminines professionnelles ne reçoivent pas de salaire et les médaillées d’or sont abandonnées et pour gagner leur vie, elles colportent dans la rue, en vendant des cornichons et en cultivant. Au lieu de cela, le régime dépense d’énormes sommes d’argent pour faire respecter le voile obligatoire et priver les femmes de leurs droits sociaux et économiques.
Source : Les droits de l’homme en Iran