CSDHI – Nous sommes sans nouvelles du compagnon de cellule et témoin de Navid Afkari. Nous ignorons où il se trouve et comment il se porte. Celui-ci avait témoigné au tribunal au sujet des tortures subies par le prisonnier politique maintenant exécuté.
Un transfert secret qui laisse présager des tortures
Les autorités ont transféré Shahin Naseri de la prison Adel Abad de Chiraz, il y a dix jours. Nous craignons qu’il soit actuellement torturé pour abandonner son témoignage.
Selon Mehdi Mahmoudian, un politicien « réformateur » qui a suivi l’affaire de Navid, la famille de Shahin Naseri a déclaré qu’il ne l’avait pas contactée depuis 10 jours.
Selon certaines informations, il a été emmené au département d’enquêtes criminelles de la police de Chiraz. C’est là que les prisonniers sont généralement torturés et maltraités avant d’aller en prison. Et c’est là aussi qu’il a été témoin des tortures de Navid Afkari.
« Cela fait dix jours que sa famille n’a pas été informée de son sort. Il semblerait qu’il ait été remis à au service contre lequel il a témoigné », a tweeté Mahmoudi aujourd’hui alors qu’il publiait les témoignages écrits de Naseri.
Il témoigne en faveur de Navid pour dénoncer les tortures qu’a subies le défunt prisonnier
Shahin Naseri, qui était présent au moment où les agents du département d’enquêtes criminelles de la police de Chiraz ont battu Navid, a témoigné au tribunal. Il a fait un témoignage écrit de ses récits de torture le 31 octobre 2019. Un fichier audio de son témoignage a également été publié.
Selon Naseri, il a vu deux agents battre « brutalement » Navid Afkari, qui était à terre. Il avait placé ses mains menottées au-dessus de sa tête, pour se protéger des coups de matraques et de barres de fer. Il a également déclaré que les agents lui criaient des insultes dégradantes et des blasphèmes.
Shahin Naseri a déclaré que les agents criaient à Navid : « Tout ce que nous disons est la vérité » et « écrivez ce que nous disons. »
« Un des agents a frappé Navid à la main si fort que Navid a crié et s’est évanoui », a-t-il dit dans le fichier audio.
Selon Naseri, lorsque Navid est revenu dans leur cellule, il se soignait la main tout en « se tordant de douleur ». Il a supplié d’aller à l’infirmerie.
« Mais il n’a pas été emmené à l’infirmerie. Les agents l’ont emmené pour le torturer davantage », a déclaré Naseri.
Naseri a déclaré que lorsqu’il a témoigné au tribunal, le juge l’a menacé. Il a dit qu’il « s’interposait dans une affaire de sécurité et qu’il serait amené à regretter son témoignage. »
Des preuves de tortures
Avant cela, Navid et ses deux frères détenus, Habib et Vahid, avaient affirmé avoir été torturés pour faire de faux aveux. Les juges ont ignoré les arguments de Navid au tribunal concernant son innocence et les tortures qu’il a subies.
Dans un enregistrement récemment publié des auditions au tribunal de Navid, on l’entend se disputer avec le juge qui lui dit de se taire et de s’asseoir.
« J’ai passé trois mois dans l’agence du renseignement. Des agents avec des masques, des lunettes de soleil et des chapeaux m’ont interrogé et torturé. Ces gens sont-ils dans ce tribunal ou non ? » Navid est entendu par le juge.
Torturer pour faire avouer à n’importe quel prix
Le manifestant de 27 ans, qui a été arrêté à l’âge de 25 ans pour avoir participé à des manifestations dans sa ville natale de Chiraz, dans le sud-ouest de l’Iran, a été accusé d’avoir tué un agent de la sécurité. L’accusation était basée sur ses « aveux » et ceux d’autres « témoins. » Navid a déclaré que les agents l’avaient forcé à avouer sous la torture. Les deux autres « témoins » se sont rétractés avant l’exécution de Navid.
Le régime iranien utilise la torture comme une forme de punition. Elle sert aussi à extorquer des « aveux » aux prisonniers depuis 41 ans.
Dans un rapport publié le 2 septembre, Amnesty International a fait la lumière sur l’utilisation généralisée de la torture, notamment les passages à tabac, les flagellations, les chocs électriques, les positions de stress, les simulacres d’exécution, le waterboarding, les violences sexuelles, l’administration forcée de substances chimiques et la privation de soins médicaux à l’encontre des manifestants détenus lors des manifestations en novembre 2019.
Source : Iran News Wire