CSDHI – Les autorités iraniennes ont pris de nouvelles mesures pour réprimer la dissidence dans une ville du sud-ouest. Il s’agit de contrer toute nouvelle manifestation.
Le premier anniversaire des manifestations de novembre 2019 approche
Celle-ci est en proie à l’agitation, quelques jours avant le premier anniversaire du début des manifestations nationales. Nous savons comment elles se sont terminées : par une répression gouvernementale meurtrière.
Le bureau du procureur de la ville de Behbahan, dans la province du Khouzistan, a convoqué des dizaines d’habitants au début du mois. Il les a interrogés sur de prétendues atteintes à la sécurité nationale.
Des Iraniens traqués par les mollahs pour dissuader les dissidents
La convocation donnait aux habitants cinq jours pour se présenter au bureau du procureur ou risquer l’arrestation. On ignore si l’un d’entre eux s’est présenté pour un interrogatoire avant mercredi.
Le document indique que les procureurs iraniens veulent interroger les habitants de Behbahan sur les accusations de perturbation de l’ordre public, de rassemblement et de collusion contre la sécurité nationale et d’insulte du Guide suprême iranien, l’Ayatollah Ali Khamenei.
Au moins certains des habitants nommés dans la convocation avaient rejoint une rare manifestation de rue à Behbahan le 16 juillet. Les images envoyées à VOA persan à l’époque semblaient montrer des habitants scandant des slogans. Ces derniers dénonçaient les dirigeants islamistes de l’Iran pour leur gestion d’une économie chancelante.
Les personnes nommées dans la convocation de ce mois-ci comprennent des proches des personnes tuées à Behbahan lors de la répression par le gouvernement des manifestations nationales de novembre 2019.
L’une des personnes convoquées, Farzaneh Ansarifar, est la sœur de Farzad Ansarifar, un homme de 28 ans abattu par la police lors des manifestations de novembre 2019. Les autorités ont arrêté Farzaneh Ansarifar en marge de la manifestation de juillet à Behbahan. Ensuite, elles l’ont libérée sous caution. Les autorités iraniennes la détenait dans la prison d’Ahwaz, capitale de la province du Khouzistan, huit jours plus tard.
Un soulèvement en 2019 pour dénoncer une économie meurtrière
Le gouvernement iranien a déclenché les manifestations nationales le 15 novembre 2019. En effet, il avait précédemment ordonné une augmentation de 50 % du prix subventionné de l’essence. Ce fait a mis à rude épreuve les finances des Iraniens. Ils sont confrontés à un chômage élevé et à une conséquente inflation. Les forces de sécurité iraniennes ont tué des centaines de personnes. Ils en ont arrêté des milliers d’autres en écrasant les manifestations pour la plupart pacifiques. Parallèlement, certains manifestants ont endommagé des bâtiments et des entreprises.
Dans une autre action visant apparemment à supprimer toute commémoration de la répression à Behbahan, les militants des droits humains ont accusé les autorités locales de creuser une route menant au cimetière de Behesht Rezvan, à la périphérie de la ville. Dimanche, les militants ont publié sur les médias sociaux des vidéos montrant les récents dégâts causés à la route. Ensuite, ils ont présenté ces dégâts comme une tentative des autorités d’empêcher les gens de se rendre au cimetière pour pleurer les personnes tuées lors des manifestations.
Certains membres des familles des manifestants tués ont posté des messages sur les médias sociaux ces derniers jours. Ils ont déclaré avoir l’intention de se rassembler au cimetière pour marquer l’anniversaire de la manifestation.
VOA n’a pas pu vérifier indépendamment la vidéo de la route du cimetière endommagée ou qui était responsable des dommages. En réalité, elle n’a pas le droit d’enquêter à l’intérieur de l’Iran.
Les autorités iraniennes n’ont fait aucun commentaire dans les médias officiels concernant les dommages causés à la route de Behbahan. Elles n’ont rien dit non plus au sujet de la convocation des habitants accusés d’infractions à la sécurité nationale.
Source : VOA