CSDHI – Le régime iranien a violé ses obligations basées sur les pactes internationaux sur le droit à la vie et sur la santé des prisonniers. Il a exercé une pression énorme sur les prisonniers. Les prisonniers d’opinion et les prisonniers politiques ont subi des pressions croissantes l’année dernière. Et il les a harcelés, maltraités et torturés dans les prisons.
Violation du principe de la séparation des catégories de crimes
Pour faire pression sur les prisonniers politiques et les prisonniers d’opinion et les punir, les autorités judiciaires les ont transférés dans les quartiers des prisonniers de droit commun ayant commis des crimes dangereux.
Dans la prison centrale de Karaj, par exemple, l’un des principaux problèmes des prisonniers politiques est la violation du principe de séparation des catégories de crimes.
Les autorités de la prison Sepidar d’Ahwaz ont utilisé le mélange de prisonniers de différentes catégories comme un outil de torture et de pression supplémentaire sur les prisonniers politiques.
Il existe de nombreuses informations sur la violation de ce principe dans la prison de Qarchak à Varamin, le Pénitencier du Grand Téhéran, et de nombreuses autres prisons. La vie des prisonniers politiques est en danger dans celles-ci.
Plusieurs détenus engagés par le directeur de la prison ont attaqué les prisonniers Parastoo Mo’ini et Forough Taghipour, dans la prison de Qarchak, le 14 septembre 2020.
Les mercenaires ont attaqué les deux prisonniers politiques du quartier 6 de la prison de Qarchak en utilisant de l’eau bouillie dans des flacons. D’autres détenus se sont précipités pour aider Parastoo Mo’ini et Forough Taghipour, empêchant les assaillants de leur verser de l’eau bouillie sur le visage et la tête. Mais l’eau bouillie se déversait sur les pieds des autres prisonniers et les brûlait.
Avant cela, le 13 juin 2020, des prisonnières engagées par le directeur de la prison de Qarchak ont menacé de mort la prisonnière politique Zahra Safaei. Mme Safaei est la mère de Parastoo Mo’ini. Elle est également emprisonnée à la prison de Qarchak.
Le 26 juillet 2020, le militant syndical Jafar Azimzadeh est attaqué à deux reprises, une fois le matin et une fois l’après-midi, par deux détenus. Il ne connaissait aucun des assaillants. Dans les deux cas, les autorités de la prison n’ont pas pris de mesures pour arrêter les attaques ou pour enquêter sur celles-ci. Et lorsque M. Azimzadeh a continué à déposer un rapport sur les attaques, les autorités se n’y ont pas donné suite.
Le 30 juillet 2020, deux criminels de droit commun ont attaqué et brutalisé les prisonniers politiques Behnam Mousivand et Behnam Mahjoubi dans le quartier 8 de la prison d’Evine. Les autorités avaient transféré les deux prisonniers dans ce quartier en guise de punition.
L’isolement cellulaire illimité
Le recours généralisé à l’isolement cellulaire et pour de longues périodes est l’une des méthodes utilisées par le pouvoir judiciaire du régime clérical pour torturer les prisonniers en Iran. Le pouvoir judiciaire utilise l’isolement cellulaire comme une forme de pression sur les prisonniers, par exemple pour briser leur grève de la faim.
Les autorités ont détenu en isolement les manifestants arrêtés lors du soulèvement de novembre 2019 pendant de longues périodes. Ils les ont également privés de soins médicaux pour les blessures qu’ils ont subies pendant la manifestation ou sous la torture.
Les forces du régime ont également détenu les dissidents emprisonnés pendant des semaines et des mois en isolement sans avoir accès à un avocat, ni pouvoir appeler leur famille.
Après l’exécution du champion de lutte de 27 ans Navid Afkari, arrêté lors d’une des manifestations populaires, le régime a placé ses deux frères en cellule d’isolement dans un quartier de haute sécurité au sous-sol de la prison d’Adelabad à Chiraz. La famille Afkari a demandé à plusieurs reprises des renseignements sur leurs enfants, mais aucune autorité pénitentiaire ou judiciaire n’a répondu à ces demandes.
Le prisonnier politique Arjang Davoudi, 67 ans, est détenu en isolement dans la prison de Zabol sans disposer des installations minimales. Il est emprisonné depuis 17 ans. Il est en isolement depuis 4 ans dans les prisons de Zabol et de Zahedan, dans la province du Sistan-Baloutchistan, dans le sud-est de l’Iran. Il n’a eu aucun contact avec un prisonnier pendant cette période. Même les prisonniers détenus dans les cellules voisines n’ont pas eu le droit de lui parler.
Les agents du régime ont cassé les deux jambes de M. Davoudi pendant les tortures. Ils ont déplacé ses deux épaules. Deux de ses disques lombaires ont été endommagés et il ne pourra plus marcher jusqu’à la fin de sa vie.
Des agents des services du renseignement ont violemment arrêté Ali Younesi, étudiant en ingénierie informatique, et Amir Hossein Moradi, étudiant en physique, à l’Université de technologie de Sharif, le 10 avril 2020. Ils les ont détenus et interrogés en isolement pendant deux mois. Pendant cette période, ils n’ont pas eu accès à leurs avocats. Les deux étudiants subissent des pressions pour faire des aveux forcés contre eux-mêmes.
Refus de traitement
Le régime a continué à augmenter la pression sur les prisonniers au cours de l’année dernière en les privant d’accès aux traitements médicaux. Les autorités judiciaires ont notamment utilisé le Coronavirus et la maladie COVID-19 comme outil de torture des prisonniers.
Des dizaines de comptes-rendus ont été rédigés sur le refus de l’accès aux soins médicaux et sanitaires aux prisonniers, et en particulier aux prisonniers politiques.
Le régime clérical a commis un autre crime à la suite du soulèvement national de novembre 2019. Et il l’a poursuivi tout au long de l’année 2020 contre les manifestants arrêtés.
Les autorités iraniennes ont détenu les manifestants, blessés par balles, en prison sans les soigner. Dans de nombreux cas, elles n’ont pas signalé ces cas.
Elles ont emmené Saber Rezaei, l’un des manifestants, blessé lors des manifestations de novembre 2019, au pénitencier du Grand Téhéran sans avoir terminé son traitement à l’hôpital. Les SSF l’ont blessé dans la ville de Qods à Téhéran le 16 novembre 2019. Puis elles l’ont arrêté sur un lit d’hôpital. Ensuite, elles l’ont interrogé jusqu’au 26 novembre, puis envoyé au pénitencier du Grand Téhéran où il est resté pendant des mois sans avoir accès à un traitement médical.
Le prisonnier politique Changiz Ghadam Khairi souffre d’une infection et d’un dysfonctionnement des reins depuis deux ans. KLes autorités se sont opposées à son opétation, malgré les prescriptions et les recommandations des médecins. Des agents du ministère du renseignement lui ont dit qu’il ne serait envoyé à l’hôpital et traité que s’il acceptait de coopérer avec eux. En fait, le ministère du renseignement profite de sa maladie et de sa douleur pour le forcer à coopérer avec eux.
Le militant civil Saeed Eghbali est incarcéré dans la prison d’Evine. Malgré les ordres du médecin de l’envoyer à l’hôpital, il est privé d’accès aux soins médicaux. Son tympan droit a été rompu à 70 %, ce qui lui a causé de fortes douleurs et une infection de l’oreille.
Mohammad Reza Saifzadeh Pezeshkan a fait une attaque cardiaque l’année dernière. Depuis lors, il a besoin de recevoir des soins et des traitements médicaux. Cependant, il est privé d’un congé médical ou d’une hospitalisation. Ce sont deux droits fondamentaux de tous les prisonniers. En outre, il est très dangereux pour une personne comme lui qui a fait une attaque cardiaque de contracter le coronavirus. Mais la surpopulation des salles, le manque d’hygiène et une mauvaise alimentation facilitent la transmission de ce virus dans les prisons.
Fabriquer de nouvelles affaires contre les prisonniers
Le 23 décembre, le prisonnier politique Soheil Arabi, détenu à la prison Rajaishahr de Karaj, est mis en examen avec de nouvelles accusations portées contre lui dans une nouvelle affaire.
Les autorités ont condamné la prisonnière politique Nejat Anvar Hamidi à 15 ans de prison sur la base d’une nouvelle affaire déposée contre elle. Pourtant elle était en détention. Elles ont transféré Mme Anvar Hamidi à la prison Sepidar d’Ahwaz en mars 2018 pour y purger une peine de 5 ans pour « appartenance à des groupes d’opposition sur internet » et « propagande contre l’Etat. »
Niloufar Bayani est détenue à la prison d’Evine en raison d’une plainte déposée contre les écologistes. Le tribunal l’a convoqué en octobre pour une nouvelle affaire. Puis il l’a accusée de nouvelles charges. La nouvelle affaire a été déposée contre Niloufar Bayani. Pourtant, elle a écrit une lettre ouverte dans laquelle elle révèle que les interrogateurs des services de renseignement des pasdarans lui ont fait subir « des tortures psychologiques les plus vicieuses pendant au moins 1 200 heures d’interrogatoire. Ils lui ont fait des menaces sexuelles et l’ont menacée de torture physique pour lui extorquer des aveux fabriqués de toutes pièces.
Avec l’intervention du ministère du renseignement, la section 6 du tribunal d’Evine a ouvert une nouvelle affaire contre trois prisonniers politiques Majid Assadi, Mohammad Bannazadeh Amirkhizi et Payam Shakiba. Puis, le tribunal les a envoyés au pavillon 209 de la prison d’Evine le 22 juillet 2020, pour y être interrogés.
Battre et attaquer les prisonniers
Les 30 et 31 mars 2020, les forces de sécurité ont eu recours à de graves violences pour réprimer les protestations des prisonniers dans les prisons de Sepidar et de Shaiban à Ahwaz, capitale de la province du Khouzistan, dans le sud-ouest de l’Iran. Les détenus demandaient à jouir de leur droit à la santé, mais les forces de sécurité ont ouvert le feu sur eux.
Les autorités pénitentiaires ont assassiné au moins 36 prisonniers. Celles-ci et les agents des services de renseignement ont fait disparaître par la force, maltraité et torturé plus de 80 des militants politiques emprisonnés pendant un certain temps.
Le 13 décembre 2020, les autorités de la prison de Qarchak à Varamin, ainsi que 20 gardes anti-émeutes, hommes et femmes, ont fait irruption dans le quartier 8 de la prison de Qarchak. Ils ont brutalisé les prisonnières politiques détenues dans ce quartier avec des pistolets paralysants et des matraques. Finalement, les gardes ont retiré de force Golrokh Iraee du quartier et l’ont envoyée dans le quartier 2A des services du renseignement des pasdarans à la prison d’Evine.
Depuis son entrée en fonction, Soghra Khodadadi, la nouvelle directrice de Qarchak, a multiplié les pressions et les restrictions de toutes sortes sur les prisonnières politiques. L’une des dernières mesures prises par Khodadadi est l’achat de tchadors pour toutes les détenues, qu’elles seront obligées de porter dans la prison.
Le système judiciaire iranien s’efforce systématiquement de rendre les manifestants détenus dépendants
Les gardiens de prison et les agents de renseignement sont impliqués dans la contrebande de drogues dans la prison. Les autorités pénitentiaires font délibérément entrer de grandes quantités de stupéfiants pour encourager les détenus à consommer de la drogue.
Il est bien connu que les stupéfiants sont disponibles en abondance dans les prisons iraniennes. En effet, les autorités pénitentiaires sont elles-mêmes responsables des gangs de trafiquants de drogue à l’intérieur des prisons.
La toxicomanie des jeunes manifestants qui s’élèvent contre l’oppression et l’injustice est une méthode systématiquement utilisée par le pouvoir judiciaire iranien par l’intermédiaire d’une mafia expérimentée.
Selon une source bien informée, des centaines de jeunes manifestants arrêtés lors des manifestations de novembre 2019 en Iran sont délibérément emprisonnés dans les quartiers du GTP dirigés par des voleurs et des trafiquants de drogue engagés par les autorités carcérales.
Les autorités ont fait la même chose aux manifestants arrêtés en 2017 et 2018. Ils sont emprisonnés dans le quartier 1 du GTP et elles les rendent dépendants.
Il est plus facile d’avoir accès à toutes sortes de drogues et d’hallucinogènes que de trouver un livre ou un journal dans le GTP.
Un certain nombre de prisonniers politiques ont écrit des lettres et ont même demandé en personne à recevoir des livres et des journaux, mais les autorités pénitentiaires leur ont répondu : « Le département général n’a pas de quota pour le GTP ». Au lieu de cela, on trouve en abondance du crack, de l’héroïne, de l’opium, des pilules B2, etc. et les détenus les utilisent sans avoir à craindre personne.
Source : Iran HRM