CSDHI – À l’occasion de la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture, nous demandons que les responsables de la torture et des mauvais traitements infligés aux prisonniers en Iran rendent des comptes et que justice soit rendue aux victimes.
La Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture est une journée mondiale parrainée par les Nations unies visant à honorer et à soutenir les victimes de la torture dans le monde entier.
Cette année, la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture coïncide avec la présidence d’Ebrahim Raïssi. Il s’agit d’un meurtrier de masse qui a joué un rôle direct et prépondérant dans les exécutions extrajudiciaires massives de 1988 en Iran.
Depuis les quatre dernières décennies, l’implication de Raïssi est signalée dans certaines des pires formes de répression, de torture, de meurtre et de crimes contre l’humanité.
Après le massacre de prisonniers de 1988 (dont la plupart étaient membres de l’OMPI/MEK), il a été procureur révolutionnaire de Téhéran, chef de l’Inspection nationale, premier adjoint du pouvoir judiciaire, procureur spécial pour le clergé, président du Conseil de surveillance de la télévision d’État, procureur général, gardien d’Astan Quds Razavi et chef du pouvoir judiciaire.
La secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, a demandé que Raïssi fasse l’objet d’une enquête pour crimes contre l’humanité.
« Le fait qu’Ebrahim Raïssi se soit hissé à la présidence au lieu de faire l’objet d’une enquête pour les crimes contre l’humanité que sont les meurtres, les disparitions forcées et les actes de torture, rappelle de manière sinistre que l’impunité règne en maître en Iran. »
Torture systématique pour supprimer la dissidence en Iran
La torture et les mauvais traitements infligés aux prisonniers sont une pratique courante dans les prisons iraniennes.
Depuis la nomination de Raïssi comme chef du pouvoir judiciaire par le Guide suprême Ali Khamenei en mars 2019, les atteintes aux droits humains et la torture des prisonniers se sont non seulement poursuivies sans relâche, mais elles se sont également intensifiées.
Le système judiciaire iranien est responsable en dernier ressort de la sécurité de tous les prisonniers. Notamment du traitement illégal et inhumain des prisonniers politiques et des dissidents, des nombreux actes de torture physique et psychologique qu’ils ont subis en détention, et de leur isolement prolongé.
Il s’agit des nombreux actes de torture physique et psychologique subis par les prisonniers, en particulier les dissidents et les militants emprisonnés, du fait de leur isolement prolongé, du refus de leur accorder un traitement médical et du transfert illégal des prisonniers politiques dans des hôpitaux psychiatriques.
Le décès du prisonnier d’opinion Behnam Mahjoubi, le 21 février 2021, à la suite de graves problèmes médicaux neurologiques non traités, témoigne de la torture continue que subissent les prisonniers en détention.
Mahjoubi, membre de l’ordre soufi Gonabadi, gravement persécuté en Iran, a subi des mois de torture. Bien que le médecin légiste ait conclu que Behnam ne pouvait pas supporter l’incarcération, le procureur l’a rejeté.
Les forces du régime l’avaient emmené de force à de multiples reprises dans un hôpital psychiatrique. Là, on lui avait injecté des substances chimiques contre sa volonté.
Iran Human Rights Monitor a maintenant documenté plusieurs cas de détenus transférés de force dans des hôpitaux psychiatriques sans entretien ou un examen clinique.
Sasan Niknafs, un autre prisonnier d’opinion, est mort en prison début juin. Les autorités ont contribué à son décès en négligeant son état de santé. Il est mort alors qu’il purgeait une peine de cinq ans d’emprisonnement au pénitencier du Grand Téhéran.
Sasan Niknafs purgeait une peine depuis juillet 2020 pour avoir notamment diffusé de la « propagande » contre l’État et les dirigeants iraniens. Les autorités l’ont emprisonné alors qu’il présentait de multiples problèmes de santé physique et mentale, notamment des antécédents de tentatives de suicide. Il souffrait de diabète, d’épilepsie et de dépression, mais les responsables iraniens ont refusé de le libérer malgré de nombreuses demandes.
Pendant le mandat d’Ebrahim Raïssi à la tête du pouvoir judiciaire, on a signalé de nombreux cas de torture et de violence à l’encontre de prisonniers.
La situation des frères Afkari sont toujours en isolement et soumis à des tortures mentales et physiques des mois après l’exécution de leur frère Navid. Ils ne sont qu’un exemple de la torture des prisonniers.
En outre, le système judiciaire iranien a un passé documenté d’envoi illégal de détenus en « exil ». Plusieurs prisonniers politiques, y compris des militants pacifiques, des membres de minorités religieuses et des dissidents, sont envoyés dans des prisons éloignées. Celles qui manquent cruellement de ressources, à titre de sanction supplémentaire au milieu de leur peine. Dans de nombreux cas, les forces iraniennes battaient sévèrement les prisonniers lors de leur transfert.
Des prisonniers battus
Les nouvelles concernant le passage à tabac de prisonniers politiques en Iran sont quotidiennes depuis les deux dernières années.
Les autorités iraniennes ont arrêté Vahid et Habib Afkari, les frères de Navid Afkari (un champion de lutte exécuté en septembre 2020) lors des manifestations de 2018 à Chiraz.
La justice a condamné Habib à 27,3 ans de prison et Vahid à 25 ans de prison. Tous deux recevront 74 coups de fouet.
Les autorités ont imposé des pressions et des tortures aux deux frères vivants. Elles étaient si intenses que Vahid Afkari a tenté de se suicider avec l’aide des fonctionnaires de la prison d’Adelabad. En effet, ils lui ont donné une tasse en verre pour se couper la gorge.
Dans un récent message audio sorti clandestinement de prison, Vahid Afkari a déclaré que les agents iraniens l’ont torturé. D’ailleurs, il craint qu’on l’exécute à son tour. « Je ne peux compter que sur la raison et la loi », a-t-il déclaré. « Il n’y a pas d’autre moyen (de sauver ma vie). Peuple d’Iran, je suis innocent ! »
Les autorités carcérales ont battus à mort plusieurs prisonniers dans les prisons iraniennes.
En mai, un prisonnier identifié comme étant Amir Rezai, 35 ans, était battu à mort par les autorités dans la prison centrale d’Oroumieh, dans le nord-ouest de l’Iran. Les forces du régime l’ont arrêté il y a 10 ans pour des accusations liées à la drogue.Un tribunal iranien l’avait condamné à 20 ans de prison.
Dans une autre affaire, en février, un Kurde, Mehrdad Taleshi, arrêté le 1er février par les forces de sécurité à Téhéran, est mort sous la torture. Cet homme de 21 ans avait été arrêté avec un autre homme, soupçonné de transporter de la drogue. Les agents du régime l’ont d’abord emmené au 113e commissariat de police, puis transféré au 115e. Des traces de torture et de coups violents se trouvaient sur sa tête et son cou. La famille de Mehrdad a déclaré qu’il était un athlète, qu’il n’avait pas de casier judiciaire et qu’il ne prenait pas de drogues.
Auparavant, Amnesty International avait signalé la prévalence de graves actes de torture et de violence dans les centres de détention et les prisons du régime iranien.
Le rapport d’Amnesty International indique que le ministère public et les autorités judiciaires ont manqué à leurs obligations légales de procéder à des inspections indépendantes et impartiales des lieux de détention. Et notamment ceux gérés par les organes de sécurité et de renseignement, et de veiller au respect des dispositions légales interdisant le recours à la détention secrète et à la torture et autres mauvais traitements contre les détenus.
Décès de prisonniers sous la torture
Selon les recherches menées par Iran Human Rights Monitor, une trentaine de prisonniers, dont trois prisonniers politiques – Sasan Niknafs, Alireza Shirmohammad Ali et Behnam Mahjoubi – sont morts en détention. En effet, les agents iraniens les ont torturés depuis la nomination d’Ebrahim Raïssi à la tête du pouvoir judiciaire en mars 2017.
Ces décès sont survenus à la suite de passages à tabac et d’actes de torture pendant la détention, de la privation des soins médicaux nécessaires, ou de négligences ou de mauvais traitements de la part des autorités.
Dans de nombreux cas, les autorités judiciaires ont affirmé que la cause de ces décès était un suicide.
Pourtant, les familles des prisonniers ont parlé à plusieurs reprises de la torture systématique ou du refus d’accès aux traitements médicaux dans les prisons iraniennes.
A l’occasion de la Journée internationale de soutien aux victimes de la torture, Iran Human Rights Monitor appelle le Haut Commissaire aux droits de l’homme, le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme en Iran et d’autres organisations internationales à envoyer une commission d’enquête internationale pour enquêter sur la situation des prisonniers, en particulier des prisonniers politiques en Iran.
Iran Human Rights Monitor demande également à toutes les organisations internationales de tenir les responsables du régime iranien responsables de leurs actes de torture et des mauvais traitements infligés aux prisonniers.
Les gouvernements du monde entier doivent condamner le régime iranien pour le recours généralisé à la torture contre les prisonniers. Mais aussi, parce qu’ils les privent d’accès aux soins médicaux. Ebrahim Raïssi et Ali Khamenei sont responsables de la détention, du harcèlement et de la mort de prisonniers politiques et de dissidents. Nous pouvons citer notamment Behnam Mahjoubi et Sasan Niknafs. Ils doivent assumer leur responsabilité.
La communauté internationale doit accorder une plus grande attention aux informations faisant état de torture et de mort de prisonniers en Iran.
Source : Iran HRM