Taghi Rahmani dans les locaux d’Amnesty International France
03/04/2013 – Chercheur, opposant politique et défenseur des droits humains, Taghi Rahmani est l’époux de Narges Mohammadi, cofondatrice du Centre pour les défenseurs des droits humains(CDDH). Il vit aujourd’hui en exil en France, loin de sa famille après avoir lui-même vécu la répression et l’emprisonnement. Il répond aux questions d’Amnesty International France sur les activités du CDDH et le contexte actuel iranien. En toute pudeur, il nous livre également quelques nouvelles de Narges Mohammadi.
Mr Rahmani, quelles sont les activités du CDDH aujourd’hui ?
Actuellement l’activité du centre est arrêtée. Tous ses membres sont sous le coup d’une peine de prison. La responsable, Mme Shirin Ebadi est actuellement hors du pays et ne peut pas rentrer en Iran. Mr Saifzadeh, Mr Soltani, membres du centre, sont en prison. Mme Mohammadi et Mr Dadkah ne sont pas en prison mais sont condamnés. Mr Esmaeel Zadeh, avocat, a été renvoyé de son emploi, il était professeur d’université et ne peut plus enseigner. La politique de la République islamique est de stopper toutes les institutions civiques.
Quelles étaient les missions de ce centre ? A quoi se consacraient Narges Mohammadi et ses collègues ?
Le centre avait plusieurs missions, par exemple fournir des avocats pour des accusés, réaliser des conférences de presse pour promouvoir les droits civiques. Ils promouvaient également des dialogues entre les intellectuels et le clergé dans les centres d’éducation religieux, afin d’approfondir la question du droit des femmes et des droits de l’homme en général. Ils ont créé un prix des droits de l’homme, le prix Cyrus (du nom du fondateur de l’empire perse et symbole des droits de l’homme en Iran). La première année, ce prix a consacré Mr Amir Entezam un des plus anciens prisonniers politiques iraniens, la deuxième année, moi-même, puis l’Ayatollah Montazeri pour sa défense des droits de l’homme. Montazari, était le premier expert religieux (Faghih) en Iran à défendre le droit des Bahaïs.
Ils organisaient également des ateliers de travail et d’échange entre femmes.
Une autre mission du centre était de travailler pour la tenue d’élections libres et justes. Narges Mohammadi, Abdolfattah Soltani et Shirin Ebadi avaient un rôle central dans l’activité du CDDH.
Un autre aspect très important du travail du centre était la parution de rapports trimestriels sur les droits de l’homme. Ces rapports étaient utilisés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU et par d’autres institutions de défense des droits de l’homme. C’était très important pour le gouvernement iranien. Ces rapports le rendaient très nerveux.