CSDHI – Ayant embrassé les arts dès son plus jeune âge, grâce aux encouragements de sa famille, Marzieh s’est imposée dans le monde de la musique persane à une époque où les voix féminines étaient souvent réduites au silence. Malgré les contraintes sociétales, elle a très tôt défendu l’importance d’une formation musicale formelle, passant des années à étudier la théorie classique avant de lancer son illustre carrière au début des années 1940.
Avec un répertoire qui, selon la rumeur, comprendrait un millier de chansons, Marzieh a collaboré avec certains des auteurs et compositeurs persans les plus emblématiques du XXe siècle. Sa renommée l’a même amenée à se produire devant des dignitaires du monde entier, notamment la reine Élisabeth II, Charles de Gaulle et Richard Nixon.
Cependant, le vent du changement politique en 1979 l’a balayée de la scène. Avec la transformation de l’Iran en un État théocratique, Marzieh, en tant que femme artiste, s’est trouvée doublement marginalisée. Ne pouvant se produire en public, elle a cherché le réconfort dans la nature, ne partageant sa voix qu’avec les oiseaux, les rivières et les arbres environnants. Pourtant, son esprit est resté intact, comme en témoignent ses paroles : « J’ai chanté pour les oiseaux, la rivière, les arbres et les fleurs, mais pas pour les mollahs ».
L’année 1994 marque un tournant. Alors qu’elle se trouve à Paris, Marzieh choisit de faire défection et de se rallier au Conseil national de la résistance iranienne, en particulier aux Moudjahidines du peuple d’Iran (OMPI/MEK), une organisation réputée pour sa défense de la démocratie et des droits de la femme.
Interrogée sur sa transition politique, Marzieh s’est tournée vers les mots intemporels de Rumi, poète persan vénéré du XIIIe siècle : « Je cherche ce qui est introuvable, car j’en ai assez des bêtes et des ogres, et j’aspire à un être humain.
Le talent et le militantisme de Marzieh ont été salués dans le monde entier. France 3 a comparé sa voix à celles de légendes comme Édith Piaf et Maria Callas. Le New York Times l’a saluée comme la « voix de la dissidence » et la « grande diva de la chanson traditionnelle persane ».
Cependant, l’héritage de Marzieh ne réside pas seulement dans son art, mais aussi dans sa lutte inlassable pour les droits de l’homme et l’égalité. Malgré sa renommée mondiale, Marzieh était attachée à des valeurs qui défendaient les droits intrinsèques de l’humanité, ce qui fait d’elle une source d’inspiration éternelle pour d’innombrables Iraniens et fans dans le monde entier.
Au cours de ses dernières années, elle a lutté contre le cancer et s’est éteinte à Paris en 2010. Pourtant, l’esprit de Marzieh, sa voix et sa quête incessante de justice et d’égalité restent gravés dans l’histoire, servant de phare d’espoir et de résilience pour les générations à venir.
Source : Stop Fundamentalism