CSDHI – Les manifestations nationales, qui ont éclaté en réponse à des décennies de répression des femmes et de marginalisation dans les sphères politique, sociale et économique, ont marqué un tournant important dans l’histoire de l’Iran.
La participation des femmes à ces soulèvements a été sensiblement différente de celle des manifestations précédentes. Au lieu d’être de simples participantes, les Iraniennes se sont activement engagées dans l’organisation et la direction des manifestations. L’agence de presse Fars, un organe associé aux pasdarans (Les Gardiens de la Révolution ou IRGC), a publié des images de vidéosurveillance datant de novembre 2019, montrant des femmes dirigeant des manifestants à divers endroits de Téhéran. Le communiqué de l’agence indique que « la présence dynamique des femmes a été un facteur important pour susciter les émotions, les sentiments et le zèle de la société ».
Javan, un autre journal affilié aux pasdarans, est allé plus loin, reconnaissant l’inspiration que les Iraniennes ont tirée des Moudjahidines du peuple d’Iran (OMPI). Il rapporte que « la manière dont les femmes ont participé ressemble beaucoup aux tactiques employées par l’organisation des moudjahidines ».
La bravoure de ces femmes était évidente dans leur volonté de faire face au danger. Abdolreza Rahmani Fazli, alors ministre de l’intérieur, a décrit la façon dont les femmes opéraient en petits groupes, jouant souvent le rôle d’incitatrices et d’invitantes à rejoindre les manifestations. Cependant, leur courage a coûté cher. Tout au long du soulèvement de novembre 2019, des dizaines, voire des centaines de femmes ont perdu la vie, devenant des martyrs de leur cause.
Les villes de Téhéran, Karaj, Tabriz, Baharestan, Ahwaz et d’autres ont été témoins de ce remarquable sacrifice. Ahvaz, en particulier, s’est distinguée avec 14 martyrs, dont Masoumeh Darabpour et Maryam Eydani, soulignant l’ampleur de la participation des femmes, même dans les régions où elles sont confrontées à de graves privations et restrictions.
Malgré la répression brutale du régime, qui a coûté la vie à plus de 1 500 personnes, l’esprit de résistance a continué à briller. Les femmes et les jeunes filles, qui ont subi toute leur vie l’oppression du régime clérical, sont devenues les chefs de file et les pionnières de cette résistance. Leurs actions ont fermement contredit la croyance du régime selon laquelle la nation avait oublié ses racines et les sacrifices de ceux qui s’étaient opposés à la tyrannie par le passé.
Ce mouvement n’est pas passé inaperçu aux yeux du régime. Les événements des soulèvements, en particulier le rôle prépondérant des femmes, ont dû faire écho à une prédiction faite par la présidente élue de l’opposition iranienne, Maryam Radjavi, du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), en 1996. Elle avait prévenu le régime en déclarant : « Vous avez fait tout votre possible pour humilier, supprimer, torturer et massacrer les femmes iraniennes, mais soyez assurés que vous recevrez le coup de la force même que vous avez escomptée ».
Aujourd’hui, alors que l’Iran est confronté à des défis internes permanents, l’héritage de ces femmes courageuses continue d’inspirer et de façonner le cours de la quête de liberté et d’égalité du pays.
Source : Stop au Fondamentalisme