CSDHI – La réalisatrice franco-iranienne Marjane Satrapi, dont le roman graphique « Persepolis » raconte l’histoire d’une jeune fille qui grandit dans l’Iran post-révolutionnaire, a reçu mardi le prestigieux prix espagnol Princesse des Asturies pour la communication et l’humanité.
Le jury du prix a salué cette femme de 54 ans comme « l’un des plus grands noms de la bande dessinée internationale, auteur de ce qui est, pour beaucoup, l’un des meilleurs romans graphiques jamais publiés ».
« Satrapi est un symbole de l’engagement civique des femmes », a déclaré le jury, qui l’a qualifiée de « voix essentielle dans la défense des droits de l’homme et de la liberté ».
Née en Iran, la réalisatrice franco-iranienne raconte dans « Persepolis » ses années d’adolescente au franc-parler qui s’irritait de la révolution islamique et des restrictions imposées aux femmes, en particulier à celles issues d’une famille progressiste comme la sienne. Elle raconte également les difficultés de la guerre Iran-Irak.
À 14 ans, ses parents l’ont envoyée dans une école à Vienne pour éviter qu’elle ne soit arrêtée en raison de sa défiance à l’égard du régime. Elle retourne ensuite à Téhéran, mais part pour la France en 1994, où elle entame une carrière d’auteur, de réalisatrice et de peintre.
L’adaptation de « Persepolis » en film d’animation lui a valu une nomination aux Oscars en 2008.
La réalisatrice franco-iranienne a déclaré que c’était un « grand honneur » de recevoir le prix espagnol, qu’elle a dédié au rappeur Toomaj Saleh, qui a été condamné à mort la semaine dernière en Iran.
Le verdict a été perçu par les activistes comme des représailles pour sa musique soutenant les manifestations nationales qui ont éclaté en 2022 à la suite de la mort en garde à vue de la jeune femme kurde Mahsa Amini.
« Je saisis cette occasion pour célébrer la lutte acharnée de mon peuple pour les droits de l’homme et la liberté. Aujourd’hui, ce sont tous les jeunes qui ont perdu la vie et ceux qui poursuivent le combat pour la liberté en Iran qui sont célébrés », a déclaré la réalisatrice franco-iranienne dans un communiqué.
Mme Amini avait été arrêtée pour avoir prétendument enfreint les règles vestimentaires strictes imposées aux femmes par la république islamique. Les mois d’agitation qui ont suivi sa mort, le 16 septembre 2022, ont vu des centaines de personnes tuées, dont des dizaines de membres des forces de sécurité, et des milliers d’autres arrêtées.
L’année dernière, la réalisatrice franco-iranienne a coordonné le roman graphique « Woman, Life, Freedom » avec un groupe d’artistes qui ont illustré les révoltes.
Le prix de 50 000 euros (54 000 dollars) est l’un des huit prix des Asturies couvrant les arts, la science et d’autres domaines décernés chaque année par une fondation nommée en l’honneur de la princesse héritière espagnole Leonor.
Les prix seront remis lors d’une cérémonie organisée par le roi d’Espagne Felipe VI en octobre.
Source : VOA