TEHERAN, 6 août 2007 (AFP) – L'avocate iranienne et prix Nobel de la paix, Shirin Ebadi, a interpellé lundi par courrier la Commission des droits de l'Homme de l'ONU sur la "détention arbitraire" en Iran de l'universitaire irano-américaine, Haleh Esfandiari, réclamant à nouveau sa libération.
"Je demande que des mesures soient prises pour que ma cliente soit libérée le plus tôt possible et obtienne un procès juste et équitable", déclare Mme Ebadi dans une lettre à l'ONU dont l'AFP a reçu copie.
Elle a qualifié la détention depuis trois mois de Mme Esfandiari, sous l'accusation de porter atteinte à la sécurité nationale, d'"exemple clair d'arrestations arbitraires".
"Ma cliente est maintenue en isolement depuis le 8 mai et est privée des visites et des droits des prisonniers prévus par la loi iranienne", ajoute Mme Ebadi, avocate des droits de l'Homme et prix Nobel de la paix en 2003.
"J'ai demandé à plusieurs reprises à rencontrer ma cliente, mais ceci a été refusé et je n'ai même pas été autorisée à étudier le dossier", dit-elle.
L'universitaire gée de 68 ans, qui réside aux Etats-Unis, s'était rendue en Iran en décembre pour rendre visite à sa mère malade. Elle a été arrêtée début mai, et est détenue depuis dans la prison d'Evine, au nord-ouest de Téhéran.
Le 25 juin, dans un précédent courrier, Shirin Ebadi avait demandé au chef du pouvoir judiciaire la libération d'Haleh Esfandiari.
Outre Mme Esfandiari, les autorités iraniennes ont également arrêté en mai, sous les mêmes accusations, deux autres Irano-américains, l'homme d'affaires Ali Shakeri et Kian Tajbakhsh.
La presse conservatrice iranienne affirme que les trois détenus font partie d'une opération menée à l'instigation des services secrets américains afin de mener une "révolution de velours" dans la République islamique.
Lors de deux émissions TV diffusées le mois dernier, Haleh Esfandiari et Kian Tajbaksh ont reconnu être impliqués dans une tentative de renversement du pouvoir.
Washington, qui a qualifié de "ridicules" ces accusations, a néanmoins évoqué des déclarations "obtenues sous la contrainte".