CSDHI – Le prisonnier politique Ali Shariati se voit refuser un traitement médical spécialisé par le responsable médical de la prison d’Evine, Abbas Khani, malgré de graves problèmes dentaires.
« Ali souffre de douleur dans les dents et il a de graves inflammations gingivales », a déclaré une source proche de la famille de Shariati au Centre pour les droits de l’homme en Iran (CDHI) le 20 décembre 2017.
La source a poursuivi : « Il prend des analgésiques toutes les deux heures pour soulager sa douleur mais il continue de souffrir. Il y a deux semaines, son médecin personnel a déterminé qu’il devait être opéré mais malheureusement, le responsable médical de la prison s’oppose à son transfert hors de la prison pour qu’il soit soigné », a ajouté la source, qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité.
Les prisonniers politiques en Iran sont les victimes de traitements sévères, qui incluent souvent le refus de soins médicaux. En août 2017, le journaliste, Alireza Rajaee, a perdu son œil droit et une partie de sa mâchoire en raison d’un cancer des sinus qui, selon lui, n’a pas été traité alors qu’il était détenu dans la prison d’Evine pendant quatre ans en tant que prisonnier politique.
Un militante des droits civiques qui a travaillé pour la première campagne électorale du président Hassan Rohani en 2013, Shariati a été arrêté par des agents du ministère du renseignement, le 18 février 2015.
Le 11 septembre 2015, le juge Salavati, de la 15ème chambre du tribunal révolutionnaire a condamné Shariati à 12 ans et 9 mois de prison pour « propagande contre l’Etat », « activités allant à l’encontre de la sécurité nationale », « insulte envers le président » et « possession d’une antenne parabolique à la maison ».
Une cour d’appel a confirmé la condamnation pour « agissements contre la sécurité nationale » en participant à une manifestation contre les attaques à l’acide devant le parlement iranien et a réduit sa peine à cinq ans de prison, qu’il purge depuis octobre 2016.
Dans une lettre conjointe, de novembre 2015, avec le prisonnier d’opinion, Majid Azarpey, Shariati s’est adressé au président Rohani et a déclaré : « Vous êtes l’exécuteur de la Constitution. Nous voulons que vous mettiez fin à votre inaction et preniez position contre ces chasses aux sorcières. Ne laissez pas ces forces extrémistes aider les ennemis de notre pays avec leurs injustices ».
L’épouse de Shariati, Motahare Parsi, a tweeté le 17 décembre 2017 : « Pendant tout le temps où j’ai rendu visite à Ali aujourd’hui, il avait mal aux dents et ne pouvait rien manger. Son visage était enflé. Nous avons suivi son cas de près et obtenu la permission qu’il soit opéré des gencives dans un centre dentaire, mais nous sommes bloqués par le responsable médical de la prison d’Evine, M. Khani, qui s’oppose à l’opération ».
Shariati a été arrêté pour la première fois le 14 février 2010, pour avoir participé aux protestations généralisées contre le résultat contesté de l’élection présidentielle de 2009 et il a été condamné à deux ans de prison et à 74 coups de fouet. Sa peine a été réduite en appel à un an de prison, qu’il a purgée.
Le 13 juin 2014, Shariati a été de nouveau arrêté et placé en détention pendant une semaine avant d’être relâché mais il a été fréquemment convoqué au ministère du renseignements pour être interrogé jusqu’au 18 février 2015, jour de l’arrestation qui a conduit à son dernier emprisonnement.
La mère de Shariati, Shayesteh-ol-Sadat Shahidi, a écrit sur Instagram le 7 décembre que la douleur de son fils se propage dans d’autres parties de son visage.
« La douleur des dents de mon cher fils s’étend maintenant à ses yeux », a-t-elle dit. « Qui va répondre pour ceci ? Un médecin n’a-t-il pas prescrit qu’il devait subir une intervention chirurgicale en dehors d’Evine ? Combien de tyrannie et d’oppression doit-il endurer ?
Source : Centre pour les droits de l’homme en Iran