CSDHI – Un dissident iranien a contracté le coronavirus dans une prison du nord de l’Iran.
Le coronavirus tue les prisonniers en Iran
La source ayant révélé cette information a souligné ce que les États-Unis et les responsables de l’ONU disent être une menace pandémique qui s’aggrave pour les prisonniers d’opinion iraniens.
Une source proche de la famille du dissident Farhad Meysami -détenu à Rajaï Chahr (Karaj) – a confirmé que celui-ci était positif au virus. Les autorités l’ont placé ce matin dans une « section de sécurité » de la prison. Il sera isolé. La source n’a pas d’autres détails sur les conditions de détention de M. Meysami.
Emprisonné car il a défendu le droit des femmes à ne pas porter le hijab
Ce médecin de 50 ans et militant des droits des femmes est en prison en Iran depuis son arrestation le 31 juillet 2018. Les agents de sécurité l’ont arrêté à son domicile de Téhéran. Là, elles l’ont trouvé en possession de badges portant le slogan « Je suis contre le hijab obligatoire. »
Meysami a soutenu pacifiquement une campagne menée par des femmes iraniennes en 2018. Ces femmes ont retiré leur hijab en public pour protester contre les réglementations islamistes exigeant le port du foulard. La justice l’a condamné en janvier 2019 à cinq ans de prison pour « diffusion de propagande contre le système » et « rassemblement et collusion en vue de porter atteinte à la sécurité nationale. » La cour d’appel a confirmé cette sentence, en août de la même année.
Les autorités ont d’abord incarcéré M.Meysami à la prison d’Evine de Téhéran avant de le transférer à Rajaï Chahr en novembre dernier.
Testé positif au coronavirus
C’est un ancien prisonnier politique iranien qui a d’abord signalé l’infection par le coronavirus de M. Meysami dans une série de tweets, lundi.
Zia Nabavi, depuis l’Iran, a tweeté que M. Meysami l’avait informé du diagnostic lors d’un appel téléphonique depuis la prison ce jour-là. Zia Nabavi a dit que M. Meysami a déclaré se sentir bien après avoir été malade la semaine dernière.
L’ancien prisonnier politique a ensuite envoyé un tweet mardi. Il a dit que les autorités avaient transféré M. Meysami dans une section sécurisée de la prison ce matin-là. Nabavi a décrit la section de sécurité comme une cellule individuelle sans installations médicales et autres disponibles.
L’avocat de Meysami, Mohammad Moghimi, a également tweeté sur le diagnostic de son client lundi.
« Mon client devrait être en congé médical », a écrit Moghimi. « J’insiste à nouveau : les prisonniers politiques doivent être libérés sans condition, et la santé des prisonniers ordinaires doit être garantie. Sinon, ils doivent être libérés temporairement ou sous condition. »
Les médias officiels iraniens ont également fait mention de l’infection de M. Meysami. Ensaf News a publié lundi un article citant un ami du dissident, l’éditeur de livres médicaux, Farhad Teimourzadeh. Celui-ci a déclaré avoir entendu parler du diagnostic par la mère du dissident, Sedigheh Pishnamaz.
Les prisonniers iraniens : des victimes sans défense au coronavirus
Une fois de plus, les risques sanitaires que courent les prisonniers de conscience en Iran ont suscité l’inquiétude de la communauté internationale. Pendant ce temps, la nation dirigée par les islamistes lutte pour contenir la pire épidémie de coronavirus du Moyen-Orient.
Dans un tweet publié mardi, la porte-parole du Département d’État américain, Morgan Ortagus, a appelé les autorités iraniennes à « libérer immédiatement tous les prisonniers politiques de leurs prisons surpeuplées et insalubres. »
La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits humains, Michelle Bachelet, a également publié un communiqué mardi. Elle affirme que les mauvaises conditions dans les prisons iraniennes ont « conduit à la propagation du virus parmi les détenus. Et c’est cela qui aurait entraîné un certain nombre de décès. »
« Je demande la libération inconditionnelle des défenseurs des droits humains, des avocats, des prisonniers politiques, des manifestants pacifiques et de toutes les autres personnes privées de liberté pour avoir exprimé leurs opinions ou exercé leurs droits », a déclaré Mme Bachelet. « Il est particulièrement important de rectifier de telles injustices au moment où la COVID-19 circule dans les prisons iraniennes. »
Source : VOA