CSDHI – Les bruits de coups de feu et d’explosions apparentes ont résonné tôt lundi dans les rues d’une ville de l’ouest de l’Iran, l’un des points chauds des manifestations liées à la mort de Mahsa Amini. Selon des militants, au moins un homme aurait été tué par les forces de sécurité dans un village voisin.
Ces incidents surviennent alors que les manifestations font rage dans les villes et villages d’Iran à la suite de la mort, le 16 septembre, de Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs de Téhéran.
Le gouvernement iranien insiste sur le fait que Mahsa Amini n’a pas été maltraitée, mais sa famille affirme que son corps présentait des ecchymoses et d’autres signes de coups. D’autres vidéos ont montré les forces de sécurité en train de frapper et de bousculer des manifestantes, y compris des femmes qui avaient arraché leur foulard obligatoire, ou hijab.
De Téhéran et d’ailleurs, des vidéos en ligne ont émergé malgré le fait que les autorités aient perturbé l’Internet. Les vidéos montrent des femmes défilant dans les rues sans foulard, tandis que d’autres affrontent les autorités et allument des feux dans la rue. Les manifestations depuis quatre semaines. Les manifestations représentent l’un des plus grands défis à la théocratie iranienne depuis les protestations du Mouvement vert de 2009.
Selon un groupe kurde, l’Organisation Hengaw pour les droits de l’homme, les violences ont eu lieu tôt lundi à Sanandaj, capitale de la province iranienne du Kurdistan, ainsi que dans le village de Salas Babajani, près de la frontière avec l’Irak. Mahsa Amini était kurde. Sa mort a été particulièrement ressentie dans la région kurde d’Iran, où des manifestations ont commencé le 17 septembre lors de ses funérailles.
Hengaw a diffusé des images qu’elle a décrites comme une fumée s’élevant dans un quartier de Sanandaj, avec ce qui ressemblait à des tirs rapides de fusils résonnant dans le ciel nocturne. On pouvait entendre les cris des gens.
Aucune information n’a été donnée dans l’immédiat sur d’éventuelles victimes de ces violences. Hengaw a ensuite mis en ligne une vidéo montrant ce qui semblait être des douilles de fusils et de fusils de chasse, ainsi que des cartouches de gaz lacrymogène.
Les autorités n’ont fourni aucune explication immédiate sur les violences survenues tôt lundi à Sanandaj, à quelque 400 kilomètres (250 miles) à l’ouest de Téhéran. Esmail Zarei Kousha, gouverneur de la province du Kurdistan iranien, a affirmé sans fournir de preuves que des groupes inconnus « ont comploté pour tuer des jeunes dans les rues » samedi, a rapporté lundi l’agence de presse semi-officielle Fars.
M. Kousha a également accusé ce jour-là ces groupes anonymes d’avoir tiré sur un jeune homme à la tête et de l’avoir tué – une attaque que les militants ont largement imputée aux forces de sécurité iraniennes. Selon eux, les forces iraniennes ont ouvert le feu après que l’homme klaxonnait depuis sa voiture. Le klaxon est devenu l’un des moyens utilisés par les militants pour exprimer leur désobéissance civile – une action qui, dans d’autres vidéos, a vu la police anti-émeute briser le pare-brise des véhicules qui passaient.
Dans le village de Salas Babajani, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Sanandaj, les forces de sécurité iraniennes ont tiré à plusieurs reprises sur un homme de 22 ans qui manifestait et qui a succombé à ses blessures, a indiqué Hengaw. Il a ajouté que d’autres personnes avaient été blessées lors de la fusillade.
On ne sait toujours pas combien de personnes ont été tuées lors des manifestations et de la répression des forces de sécurité. La télévision officielle a indiqué qu’au moins 41 personnes avaient été tuées dans les manifestations à la date du 24 septembre. Au cours des deux semaines qui se sont écoulées depuis, il n’y a eu aucune mise à jour faite par le gouvernement iranien.
Un groupe basé à Oslo, Iran Human Rights, estime qu’au moins 185 personnes ont été tuées. Parmi celles-ci, on estime que 90 personnes ont été tuées lors de violences dans la ville de Zahedan, dans l’est de l’Iran.
Amnesty International, organisation basée à Londres, a déclaré que les forces de sécurité ont tué 66 personnes, dont des enfants, lors d’une répression sanglante le 30 septembre, et que d’autres personnes ont été tuées dans la région lors d’incidents ultérieurs. Les autorités iraniennes ont décrit les violences de Zahedan comme impliquant des séparatistes anonymes, sans fournir de détails ni de preuves.
Entre-temps, une émeute dans une prison a frappé la ville de Rasht, tuant plusieurs détenus, selon un procureur. Il n’a pas été précisé dans l’immédiat si l’émeute à la prison de Lakan était liée aux protestations en cours, bien que Rasht ait connu d’importantes manifestations ces dernières semaines depuis la mort d’Amini.
L’agence de presse semi-officielle Mehr a cité le procureur de la province de Gilan, Mehdi Fallah Miri, qui a déclaré que « certains prisonniers sont morts des suites de leurs blessures, l’électricité ayant été coupée (à la prison) en raison des dégâts subis ». Il a également affirmé que les prisonniers ont refusé de laisser les autorités accéder aux blessés.
Selon le procureur Miri, l’émeute a éclaté dans une aile d’une prison abritant des condamnés à mort.
Source : VOA