CSDHI – Dans le cadre des 16 journées d’activisme contre la violence sexiste, le rapport mensuel de novembre fait état d’une tendance troublante en Iran, qui met en lumière l’application généralisée du hijab obligatoire comme forme prédominante de violence à l’encontre des femmes et des jeunes filles iraniennes.
Cette application touche indistinctement les femmes de tous âges, de toutes origines et de toutes régions, la violence sanctionnée par l’État étant profondément institutionnalisée par la loi.
Le voile obligatoire, une question controversée de longue date en Iran, a fait l’objet d’une brutalité croissante de la part des agents du régime, en particulier à l’encontre de celles qui s’opposent à son imposition. La mort de Zhina (Mahsa) Amini l’année dernière, à la suite d’une arrestation violente par la police de la moralité, et le récent meurtre d’une étudiante de 17 ans, Armita Geravand, par des surveillants du port du hijab, mettent en lumière la répression impitoyable du régime.
En réponse à ces incidents, les forces de sécurité et de renseignement du régime sont rapidement intervenues pour mettre un terme à d’éventuelles manifestations à l’échelle nationale, ce qui témoigne de leur crainte d’une dissidence généralisée.
Ce paradoxe de la répression et de l’opposition constitue une toile de fond essentielle pour la nouvelle loi du régime sur le hijab et la chasteté qui, si elle est intensifiée, pourrait déclencher d’importants soulèvements.
Le dernier rapport de la commission des femmes du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) examine les implications de cette nouvelle loi. Notamment, la récente directive du gouvernorat de Qom, qui oblige les employées du gouvernement à porter le tchador noir et interdit le maquillage, marque une application stricte de la loi (rapportée par le journal d’État didbaniran.ir le 2 décembre 2023).
Le projet de loi sur la « protection du hijab et de la chasteté », initialement proposé par le pouvoir judiciaire iranien, a connu plusieurs itérations avant de prendre sa forme actuelle. Rebaptisé « Soutien au hijab et à la chasteté », le projet de loi, qui comprend 70 articles, a d’abord été critiqué parce qu’il mettait l’accent uniquement sur les sanctions. Après des révisions parlementaires et un vote en séance publique le 20 septembre 2023, il a été adopté pour une période d’essai de trois ans, sous réserve de l’approbation du Conseil des gardiens.
Les principaux éléments du projet de loi comprennent des mandats éducatifs pour les agences gouvernementales sur le mode de vie islamique et la promotion du hijab, ainsi que des obligations étendues pour plus de 30 ministères et organisations gouvernementales.
Il prévoit également des sanctions et des amendes sévères en cas de non-respect, qui s’étendent au cyberespace et aux médias sociaux. Il est alarmant de constater que le régime a déjà mis en œuvre des règles strictes issues du projet de loi, comme en témoigne le déploiement de 2 850 contrôleurs de hijab dans les stations de métro de Téhéran, ainsi que l’a rapporté le quotidien Etemad le 26 novembre 2023.
L’application de la loi s’étend aux universités, avec des restrictions et une surveillance accrues, ce qui a entraîné des manifestations et des grèves d’étudiants. Les mesures punitives pour non-respect de la loi ont été sévères, y compris des licenciements et des peines extrêmes.
Le projet de loi a été vivement condamné par la communauté internationale. Les experts du Conseil des droits de l’homme des Nations unies l’ont qualifiée de potentiellement constitutive de l' »apartheid des sexes », exhortant l’Iran à reconsidérer la législation conformément aux normes internationales en matière de droits de l’homme.
Amnesty International a également demandé l’abolition des lois sur le port obligatoire du voile et la libération des personnes détenues pour non-respect de ces lois.
En conclusion, la nouvelle loi iranienne sur le hijab et la chasteté ne met pas seulement en évidence la position paradoxale du régime à l’égard des droits des femmes, mais soulève également d’importantes préoccupations en matière de droits de l’homme. La censure de la communauté internationale et la résistance continue des femmes iraniennes sont essentielles pour façonner le discours futur sur cette question cruciale.
Source : Stop Fundamentalism